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efaisant sa vie incognito dans un autre État. Ces fantasmes l’aident à supporter son<br />
existence au fond de la crevasse, au milieu des serpents. Hélas, manque de chance,<br />
Burton finit par tuer Vaughan et l’emmure dans l’un des bâtiments de l’aérodrome<br />
pour éviter <strong>le</strong>s ennuis. Il s’en vante néanmoins auprès de sa femme, pousse des cris<br />
de triomphe. Willa est catastrophée, el<strong>le</strong> voit s’évanouir sa dernière chance<br />
d’échapper à l’enfer de la colline… Là, je ne sais pas ce qui s’est passé au juste. Il<br />
est possib<strong>le</strong>, comme tu <strong>le</strong> suggérais, que Burt soit rentré b<strong>le</strong>sser de son expédition,<br />
et soit mort d’hémorragie. On peut éga<strong>le</strong>ment envisager que Willa, profitant de l’état<br />
de faib<strong>le</strong>sse de MacGraw, l’ait achevé au moyen d’une overdose de morphine.<br />
Faci<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s trousses de secours militaires contiennent des seringues toutes prêtes.<br />
Burt mort, el<strong>le</strong> se débarrasse du corps dans une crevasse quelconque, c’est un<br />
détail. El<strong>le</strong> connaît <strong>le</strong> terrain dans ses moindres recoins. Ni <strong>le</strong>s crevasses ni <strong>le</strong>s<br />
cailloux ne manquent. Une fois seu<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> commence à réfléchir. El<strong>le</strong> sait qu’el<strong>le</strong> ne<br />
peut plus retourner au ranch, son père ne lui pardonnerait pas d’avoir laissé mourir<br />
Burt. El<strong>le</strong> a peur de lui et de ses réactions. El<strong>le</strong> n’ignore pas qu’el<strong>le</strong> devrait s’attendre<br />
au pire. El<strong>le</strong> ne peut pas non plus quitter la colline et traverser <strong>le</strong> désert à pied pour<br />
gagner L.A. El<strong>le</strong> n’a pas d’argent, pas de métier, aucun point de chute, el<strong>le</strong> ne<br />
connaît personne… C’est alors qu’el<strong>le</strong> envisage un plan de secours. Une combine<br />
qui lui permettrait de retomber sur ses pieds en beauté ; mais pour cela, el<strong>le</strong> a besoin<br />
d’une complice…<br />
J’ai hoché la tête. Depuis une minute, mes pulsations cardiaques s’étaient<br />
accélérées. Je voyais où Evita comptait m’emmener. J’aurais voulu protester, crier à<br />
la foutaise, mais quelque chose m’en empêchait. L’intuition qu’el<strong>le</strong> pourrait bien avoir<br />
raison.<br />
- À force de rôder autour du ranch pour espionner sa famil<strong>le</strong>, ai-je continué à la<br />
place de mon interlocutrice, Willa a deviné que Sarah Jane n’avait aucune envie<br />
d’être cédée à un inconnu lors de la prochaine remise des diplômes.<br />
- Exactement ! a renchéri Evita. Probab<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> s’est glissée dans la chambre<br />
de la gamine pour lire son journal intime, ou ce genre de truc.<br />
- Je crois savoir quand el<strong>le</strong> a compris que Sarah Jane constituait une alliée<br />
potentiel<strong>le</strong>, ai-je corrigé. Lorsqu’el<strong>le</strong> l’a surprise en train d’échafauder la mauvaise<br />
blague du colonel fantôme pour terrifier son père ! Tu sais bien, <strong>le</strong> mannequin de cire<br />
ficelé sur <strong>le</strong> dos du cheval.<br />
- Possib<strong>le</strong>. Quoi qu’il en soit, Sarah Jane déteste Tobbey, et sa mère, et ses<br />
sœurs, et toutes <strong>le</strong>s croyances de la famil<strong>le</strong> Zufrau-Clarkson. El<strong>le</strong> n’a aucune<br />
intention de finir ses jours enterrée dans <strong>le</strong> bunker, el<strong>le</strong> ne rêve que de prendre la<br />
fuite, tout en sachant que c’est impossib<strong>le</strong>, son père est tout-puissant, il la<br />
retrouverait où qu’el<strong>le</strong> ail<strong>le</strong> et la punirait. El<strong>le</strong> a peur de lui. Une nuit, Willa prend<br />
contact avec Sarah Jane. Afin de balayer <strong>le</strong>s dernières hésitations de la gosse, el<strong>le</strong><br />
lui raconte sa vie en compagnie de Burton, <strong>le</strong> bébé dévoré par <strong>le</strong>s coyotes… el<strong>le</strong> lui<br />
dit : « C’est ce qui t’attend, ma petite. Tu ne vas pas rigo<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s jours ! » Puis el<strong>le</strong><br />
lui expose son plan. L’astuce, c’est de se débarrasser de cette famil<strong>le</strong> de cinglés en<br />
exploitant la célèbre rivalité opposant Burton et Vince. Vaughan fera un coupab<strong>le</strong><br />
idéal. Tout <strong>le</strong> monde ignore sa mort, il faut que ça continue. On lui col<strong>le</strong>ra <strong>le</strong><br />
massacre et <strong>le</strong> kidnapping sur <strong>le</strong> dos. Sarah Jane racontera à qui veut l’entendre qu’il<br />
vit embusqué dans <strong>le</strong>s ruines de l’aérodrome et que sa haine envers Tobbey est<br />
intacte. La rumeur fera <strong>le</strong> reste. En prévision de ce qui va se passer, Sarah Jane<br />
devra s’appliquer à se présenter comme une fervente adepte des théories<br />
paternel<strong>le</strong>s, et prétendre avoir hâte d’être offerte en prime lors de la prochaine<br />
promotion. El<strong>le</strong> réécrira son journal intime dans ce sens, sachant que <strong>le</strong>s flics