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Lire le livre - Bibliothèque

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- Au moins, a-t-el<strong>le</strong> gémi en se comprimant <strong>le</strong>s tempes, on n’aura pas de mal à<br />

se dégotter des flingues. À condition toutefois que ces vieux tromblons ne nous<br />

explosent pas à la gueu<strong>le</strong> !<br />

À tout hasard, j’ai exploré <strong>le</strong>s tiroirs des meub<strong>le</strong>s environnants. J’ai trouvé des<br />

cartouches ; ne restait plus qu’à mettre la main sur un revolver du même calibre. Ça<br />

n’avait rien d’évident, car <strong>le</strong>s pisto<strong>le</strong>ts qui m’entouraient appartenaient tous à la race<br />

des pièces de musée qu’on charge par <strong>le</strong> canon.<br />

Evita m’observait, <strong>le</strong>s yeux ronds.<br />

- T’as l’air de t’y connaître, dis donc ! A-t-el<strong>le</strong> sifflé.<br />

Je n’ai pas jugé uti<strong>le</strong> de lui par<strong>le</strong>r de mon père, <strong>le</strong> terroriste en fuite, armurier et<br />

plastiqueur clandestin en guerre contre la terre entière.<br />

Les vitrines en verre blindé étaient fermées à c<strong>le</strong>f. Aucun espoir de <strong>le</strong>s forcer ou<br />

de <strong>le</strong>s briser. J’aurais dû m’y attendre. J’ai décidé d’al<strong>le</strong>r perquisitionner <strong>le</strong> bureau de<br />

Tobbey. Toutefois, <strong>le</strong> LAPD était passé avant moi, ses gars avaient dû saisir à titre<br />

de pièces à conviction <strong>le</strong>s armes qui s’y trouvaient au moment du meurtre.<br />

J’ai éprouvé un sentiment étrange à parcourir cette immense maison vide où <strong>le</strong><br />

moindre bruit prenait un relief disproportionné.<br />

Dans <strong>le</strong> bureau, la présence de Tobbey était encore palpab<strong>le</strong>. L’odeur de cigare,<br />

d’eau de toi<strong>le</strong>tte. Le cuir de ses bottes… La police avait tout laissé en désordre. Le<br />

vandalisme ordinaire de la criminel<strong>le</strong>. C’est tout juste s’ils n’avaient pas lacéré <strong>le</strong>s<br />

fauteuils au cutter. Evita m’avait prévenue à juste titre : tiroirs et placards étaient<br />

blindés comme des coffres-forts. Impossib<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s ouvrir sans combinaison. Seuls<br />

quelques classeurs étaient accessib<strong>le</strong>s, ainsi que la bibliothèque, et <strong>le</strong>s flics s’en<br />

étaient donné à cœur joie, balançant <strong>le</strong>s <strong>livre</strong>s aux quatre coins de la pièce.<br />

Pensaient-ils que Vince Vaughan se cachait derrière l’un des volumes de l’Histoire<br />

de la guerre civi<strong>le</strong> en douze tomes ?<br />

Me sentant idiote, j’ai abandonné ma boîte de cartouches sur <strong>le</strong> bureau, près de<br />

l’encrier.<br />

À présent, il ne restait plus qu’à attendre <strong>le</strong> coucher du so<strong>le</strong>il. Tout se jouerait<br />

après minuit, si Vaughan venait se ravitail<strong>le</strong>r. Que faire alors ? Le prendre en filature<br />

pour localiser sa cachette ? C’était bien sûr la meil<strong>le</strong>ure solution, à condition de ne<br />

pas se faire repérer. Diffici<strong>le</strong> lorsqu’on a affaire à un pisteur professionnel.<br />

J’ai jugé plus uti<strong>le</strong> de visiter la chambre de Sarah Jane et de noter sur un ca<strong>le</strong>pin<br />

l’inventaire exact et la disposition des objets entassés dans la pièce et la sal<strong>le</strong> de<br />

bains attenante. Je me suis surtout concentrée sur <strong>le</strong>s <strong>livre</strong>s, et <strong>le</strong>s objets de toi<strong>le</strong>tte.<br />

Puis je suis passée aux placards à vêtements. Tee-shirts, chaussures, culottes…<br />

C’était important. Sarah Jane aurait besoin de rechange, et c’est ici que Vince<br />

Vaughan viendrait faire son marché. S’il emportait quelque chose, je m’en<br />

apercevrais.<br />

Quand je suis redescendue, Evita dormait sur <strong>le</strong> canapé. El<strong>le</strong> tenait à la main<br />

une sorte de fétiche indien, sans doute pour éloigner <strong>le</strong> mauvais sort ou <strong>le</strong>s fantômes<br />

de la famil<strong>le</strong> Zufrau-Clarkson. J’ai compris qu’el<strong>le</strong> avait dû beaucoup prendre sur el<strong>le</strong><br />

pour m’accompagner ici. Je me suis demandé si nous pourrions devenir amies.<br />

Incapab<strong>le</strong> de répondre, j’ai pris la direction de l’office pour y pré<strong>le</strong>ver des provisions.<br />

Le crime était trop récent pour que la nourriture soit déjà périmée. L’énorme armoire<br />

frigorifique fonctionnait toujours, et el<strong>le</strong> était p<strong>le</strong>ine à craquer. J’ai choisi de quoi faire<br />

des sandwiches au cas où la gueu<strong>le</strong> de bois s’atténuant, l’appétit nous reviendrait.<br />

Le point délicat consistait à déterminer à quel endroit de la maison nous<br />

prendrions l’affût. Pas question de s’instal<strong>le</strong>r à l’étage réservé aux chambres, trop<br />

dangereux !

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