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Lire le livre - Bibliothèque

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patrouil<strong>le</strong>. Qui plus est, il est diffici<strong>le</strong> de voyager avec un otage ligoté sur la banquette<br />

arrière. Les gens sont curieux et finissent par se poser des questions, non ?<br />

Oui, plus j’y pensais, plus l’hacienda me semblait <strong>le</strong> seul refuge possib<strong>le</strong>. Tapi au<br />

fond d’une grotte, d’une ga<strong>le</strong>rie de mine, Vaughan pourrait y attendre à loisir que <strong>le</strong>s<br />

choses se tassent. Après tout, Willa aurait bientôt d’autres chats à fouetter, et il était<br />

fort possib<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> décide de rayer de sa mémoire la propriété de son père, théâtre<br />

des pires années de son existence. Le domaine, abandonné, se changerait en cité<br />

fantôme, comme il y en a tant dans <strong>le</strong> désert. Les robots finiraient par tomber en<br />

panne <strong>le</strong>s uns après <strong>le</strong>s autres et cesseraient de patrouil<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> domaine. Vince<br />

Vaughan et sa prisonnière deviendraient alors <strong>le</strong>s seuls habitants de cette enclave<br />

fantasmatique, et personne ne songerait à <strong>le</strong>s en chasser, pas même <strong>le</strong>s coyotes.<br />

J’ai titubé jusqu’à la sal<strong>le</strong> de bains pour me passer de l’eau sur <strong>le</strong> visage. J’étais<br />

poisseuse. Je me suis ruée sous la douche. Mes neurones surchauffaient. Ma<br />

cervel<strong>le</strong> menaçait d’atteindre <strong>le</strong> point de fusion et de me cou<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s talons.<br />

Enveloppée dans un peignoir, j’ai arpenté la moquette devant <strong>le</strong> téléphone.<br />

Fallait-il appe<strong>le</strong>r Dogson pour lui communiquer mes déductions ? Il allait me<br />

raccrocher au nez, sûr et certain. Les flics ont horreur des civils qui veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>ur en<br />

remontrer. Stan<strong>le</strong>y-Mitchell, alors ? Non, il s’en foutait. Il tenait Willa, l’héritière<br />

majeure, cel<strong>le</strong> qui pouvait léga<strong>le</strong>ment signer <strong>le</strong>s documents nécessaires à la bonne<br />

marche de l’entreprise. « Sarah Jane » une ado ! Ne l’intéressait pas plus que ça.<br />

En désespoir de cause, j’ai composé <strong>le</strong> numéro d’Evita. À ma grande surprise,<br />

el<strong>le</strong> a paru heureuse de m’entendre.<br />

- Excuse-moi, a-t-el<strong>le</strong> fini par lâcher. J’ai été conne. J’étais à cran, je me croyais<br />

défigurée, tout ça… Fina<strong>le</strong>ment, ce n’est rien, une légère cicatrice qui disparaîtra<br />

d’un coup de laser. Tu sais comment je suis, je m’emporte, c’est mon côté salope. Tu<br />

es chez toi ? Ne bouge pas, j’apporte la tequila nécessaire à tout traité de paix.<br />

El<strong>le</strong> a débarqué une heure plus tard, sa bouteil<strong>le</strong> enveloppée dans un sac en<br />

papier kraft. Nous nous sommes fait la bise, en vraies copines. Sur son front, la<br />

cicatrice dessinait une sorte de peinture de guerre indienne. Cela pouvait passer<br />

pour une excentricité de maquillage. À L.A., ça n’aurait surpris personne. Ça pouvait<br />

même être à l’origine d’une nouvel<strong>le</strong> mode. À mon avis, el<strong>le</strong> aurait dû faire breveter<br />

<strong>le</strong> truc. Je <strong>le</strong> lui ai dit. El<strong>le</strong> a ri. Je lui ai raconté <strong>le</strong> fiasco du LAPD dans la montagne.<br />

Puis, par petites touches, j’ai exposé ma théorie. À ce moment-là, nous étions l’une<br />

et l’autre bien imbibées. Ça aidait aux spéculations.<br />

- C’est pas si con que ça en a l’air…, a-t-el<strong>le</strong> admis d’une voix mal assurée.<br />

- Il faut al<strong>le</strong>r vérifier, ai-je insisté. On ne peut pas abandonner Sarah Jane<br />

comme ça. Merde ! Ce n’est qu’une gamine ! Tu l’imagines dans <strong>le</strong>s pattes de ce<br />

dingue ? Tu as vu ce qui est arrivé à Willa ?<br />

Assez remontée, Evita a décidé que nous prendrions <strong>le</strong> chemin de l’hacienda<br />

dès <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, lorsque nous serions dessaoulées, et à condition d’avoir encore<br />

assez de neurones pour se rappe<strong>le</strong>r comment conduire une voiture. Puis el<strong>le</strong> s’est<br />

effondrée sur <strong>le</strong> canapé, foudroyée par l’alcool. Je n’étais pas loin de l’imiter, mais<br />

l’excitation m’a permis de résister plus longtemps.<br />

Bref, au matin, aux trois quarts décérébrées par la gueu<strong>le</strong> de bois, nous sommes<br />

montées dans sa Mustang pour prendre la direction du désert, la clim à fond, un<br />

flacon d’aspirine sur <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au de bord, à portée de la main.<br />

- C’est quoi, <strong>le</strong> plan ? a grommelé Evita au bout d’une demi-heure.<br />

- Taper l’incruste au ranch, ai-je répondu. On attend de voir. On dort <strong>le</strong> jour et on<br />

monte la garde pendant la nuit. Si Vaughan se cache là-bas, il sortira forcément

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