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vos réticences, elles sont légitimes, mais ne vous emballez pas. Tout est temporaire.
Dès que Willa sera sur pied, elle rencontrera les meilleurs psychologues de L.A.
Pour le moment, elle a besoin d’un objet transitionnel, comme les gosses. Vous
serez cet objet.
Super ! J’étais élevée au rang de doudou. Quelle promotion !
Il m’a tendu une fine chemise de carton jaune.
- Votre nouveau contrat. Vous verrez que mes assistants y ont ajouté une clause
de confidentialité. Désormais, vous n’avez plus le droit de parler à la presse.
- Je n’en avais nullement l’intention.
- Je n’en doute pas, mais je dois respecter la procédure et protéger les intérêts
de ma cliente. Afin de rassurer les marchés financiers, nous allons tenter une
opération psychologique.
- Psychologique ?
- Oui, un coup médiatique, si vous préférez. Willa n’est pas en mesure de
s’exhiber en public, vous en avez conscience. Son apparence physique et son
équilibre nerveux laissent à désirer. Si les actionnaires la découvraient dans cet état,
ils céderaient à la panique. Nous allons donc utiliser une doublure.
J’ai écarquillé les yeux.
- Mais oui, réfléchissez ! S’est impatienté Stanley-Mitchell. Tobbey avait veillé à
ce qu’aucune photographie de ses filles ne soit diffusée dans la presse, si bien qu’à
l’heure actuelle, personne ne sait à quoi ressemble Willa Zufrau-Clarkson. Nous
avons engagé une jeune comédienne. Elle subit depuis trois jours un briefing intensif
afin de faire illusion devant les journalistes. L’objectif est de la présenter comme
l’héritière de l’empire. Une femme d’acier, formée par Tobbey lui-même. Un prodige
de la finance. C’est un coup de poker, soit, mais nous ne pouvons attendre que Willa
soit de nouveau présentable. Il faut enrayer l’effondrement des marchés. Cette
reprise en main de Zufrau-Clarkson Industries par une princesse du sang fera l’effet
d’un électrochoc. La présentation officielle aura lieu cet après-midi.
Je me suis fait la réflexion qu’il craignait peut-être que Willa, devant les
journalistes, n’évoque soudain l’histoire de son bébé dévoré par les coyotes. Cela
pouvait créer un certain malaise, c’est vrai.
J’ai signé tout ce qu’il voulait. Ses magouilles me laissaient froide. Je lui ai
toutefois conseillé de faire la paix avec Evita s’il ne voulait pas voir sa combine
éventée.
On m’avait réservé une chambre à l’intérieur de la clinique, non loin de celle de
Willa. Je devais camper là jusqu’à nouvel ordre.
- Si tout marche comme je l’espère, m’a assuré Stanley-Mitchell avant de
prendre congé, je puis vous garantir que le contrat de remise en état du bunker sera
honoré. L’intégralité de la somme sera versée à l’Agence 13, et cela sans que vous
ayez à entreprendre de travaux. Votre employeur sera content et vous n’aurez pas à
craindre d’être licenciée.
Il est parti et je me suis allongée sur mon lit, pour fixer le plafond. J’ai fini par
m’assoupir.
Quand je me suis réveillée, j’ai pointé le nez dans le couloir. Des gorilles en
costume noir et oreillette arpentaient le linoléum. J’ai réalisé que l’étage avait été
réservé à Willa. Les gardes du corps veillaient sur les ascenseurs, vérifiant les
badges du personnel soignant. Stanley-Mitchell ne tenait pas à ce qu’un quelconque
photographe de la presse à scandale vienne prendre un cliché de la riche orpheline
sur son lit de souffrance, son plan de secours en aurait été ruiné. Pour passer le