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equises pour lui permettre de se réinsérer dans <strong>le</strong> monde réel. J’avais déjà assez de<br />

mal à y trouver ma place !<br />

Evita m’a rejointe. El<strong>le</strong> s’est plantée dans un coin sans m’adresser la paro<strong>le</strong>,<br />

fumant clope sur clope.<br />

Dix minutes plus tard, l’hélicoptère atterrissait, à la grande joie de la population<br />

loca<strong>le</strong>. Massés autour du parking, <strong>le</strong>s touristes nous photographiaient, croyant<br />

reconnaître en nous des célébrités du show-biz. J’ai entendu une matrone en<br />

bermuda vio<strong>le</strong>t crier à son mari : « Puisque j’te dis que c’est Jennifer Lopez et Julia<br />

Roberts ! »<br />

Bah ! C’était mieux que d’être confondues avec Nancy Reagan.<br />

Plus tard, l’appareil s’est posé sur <strong>le</strong> toit d’une clinique privée. Stan<strong>le</strong>y-Mitchell<br />

nous y attendait en compagnie d’une équipe de gardes du corps. J’ai tout de suite<br />

été séparée d’Evita et plus entourée qu’une First lady.<br />

- Willa est en soins intensifs, m’a expliqué Stan<strong>le</strong>y-Mitchell. Son état est stab<strong>le</strong>.<br />

En dépit de ce que pourrait laisser croire son apparence physique, el<strong>le</strong> est en bonne<br />

forme. De toute évidence, el<strong>le</strong> a besoin de se raccrocher à quelqu’un. Et ce<br />

quelqu’un, c’est vous. Ne me demandez pas pourquoi. Vous al<strong>le</strong>z l’aider à vivre cette<br />

transition. Vous resterez à son chevet <strong>le</strong> temps qu’il faudra. Ce service vous sera<br />

rétribué. J’ai déjà fait établir un contrat d’embauche.<br />

Je n’ai pas eu <strong>le</strong> temps d’exprimer mes réticences ; déjà, on m’avait enveloppée<br />

dans une blouse stéri<strong>le</strong>, posé un masque sur <strong>le</strong> bas du visage et empaqueté <strong>le</strong>s<br />

pieds dans des chaussons de papier.<br />

- Ne la fatiguez pas ! m’a ordonné un médecin d’un air sévère. El<strong>le</strong> est encore<br />

faib<strong>le</strong>.<br />

Willa était couchée dans une sorte d’aquarium, encerclée par une multitude<br />

d’appareils de contrô<strong>le</strong> qui clignotaient autant que <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au de bord d’une navette<br />

spatia<strong>le</strong> en phase de décollage. El<strong>le</strong> a ouvert <strong>le</strong>s yeux quand je me suis assise à son<br />

chevet. Puis el<strong>le</strong> m’a pris la main, l’a conservée dans la sienne, et refermé <strong>le</strong>s<br />

paupières. J’ai dissimulé un frisson. Je n’aime pas avoir de contact physique avec<br />

<strong>le</strong>s femmes. J’ai eu l’impression d’être devenue un ours en peluche dont on ne peut<br />

se passer pour s’endormir. Ça ne m’emballait guère. Je ne <strong>le</strong> cache pas, j’ai eu la<br />

trouil<strong>le</strong> de devenir l’esclave d’une jeune femme richissime, incapab<strong>le</strong> de se réadapter<br />

à la vie quotidienne. Une sorte de « secrétaire particulière » préposée aux crises<br />

d’angoisse, aux phobies de toutes sortes. L’assistante d’une milliardaire dérangée<br />

dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> d’un célèbre avionneur prénommé Howard.<br />

Brusquement, Willa a murmuré :<br />

- Ne retournez pas là-bas… C’est un endroit maudit… C’est là que mon bébé est<br />

mort et que <strong>le</strong>s coyotes l’ont mangé. Il vous arrivera malheur. Partez, loin… très loin.<br />

Oubliez tout ça. Profitez de la vie. Quand je serai guérie, je ferai raser <strong>le</strong> ranch et<br />

l’aérodrome. Je ferai cou<strong>le</strong>r du béton sur toute la zone. Ce sera comme une<br />

immense pierre tomba<strong>le</strong> qu’on verra du ciel… J’y ferai inscrire <strong>le</strong> nom de mon bébé,<br />

en <strong>le</strong>ttres énormes. Comme ça tout <strong>le</strong> monde saura qu’il est là… quelque part… Ne<br />

vous inquiétez pas… vous ne serez pas lésée, j’ai ordonné à Stan<strong>le</strong>y-Mitchell de<br />

vous rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s sommes promises par mon père.<br />

El<strong>le</strong> s’est rendormie.<br />

Je suis restée comme ça une bonne demi-heure, puis <strong>le</strong>s infirmières m’ont fait<br />

sortir et j’ai retrouvé Stan<strong>le</strong>y-Mitchell dans <strong>le</strong> couloir.<br />

- On a reconduit Evita chez el<strong>le</strong>, m’a-t-il expliqué. Sa présence n’était pas<br />

nécessaire. Willa n’a pas fait allusion à el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> n’a mentionné que vous. Je devine

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