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Fugitifs<br />

Stan<strong>le</strong>y-Mitchell est arrivé à bord d’un hélicoptère des services médicaux de L.A.<br />

Uniquement préoccupé de l’état de Willa, il ne nous a pas accordé un regard. En<br />

moins de trois minutes, l’équipe de secours avait chargé la b<strong>le</strong>ssée et repris son vol.<br />

Deux avocats du staff nous ont rapatriées, Evita et moi, à Mount Sierra où <strong>le</strong><br />

toubib local nous a examinées. Je n’avais que des contusions sans gravité. Evita a<br />

écopé de trois agrafes au milieu du front.<br />

- Carajo ! a-t-el<strong>le</strong> rugi, furieuse. Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> chèque de Stan<strong>le</strong>y-Mitchell ne<br />

servira qu’à payer <strong>le</strong>s frais de chirurgie esthétique ! Tout ça pour rien ! Toi et tes<br />

idées de merde !<br />

J’ai cru qu’el<strong>le</strong> allait m’arracher <strong>le</strong>s yeux.<br />

De retour à l’hôtel, j’ai demandé à l’assistante de Stan<strong>le</strong>y-Mitchell si on avait des<br />

nouvel<strong>le</strong>s de Willa.<br />

El<strong>le</strong> a haussé <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s avant de chuchoter :<br />

- Silas dit qu’el<strong>le</strong> est dans <strong>le</strong> coma. El<strong>le</strong> a perdu beaucoup de sang. Une<br />

hémorragie interne causée par la bal<strong>le</strong> qui a ricoché sur la clavicu<strong>le</strong>. Heureusement<br />

que c’était du petit calibre, sinon el<strong>le</strong> serait déjà morte. Pour <strong>le</strong> moment, <strong>le</strong>s<br />

médecins réservent <strong>le</strong>ur diagnostic.<br />

Je me suis rendue au bar où j’ai pris une vodka-tonic. Toujours furieuse, Evita<br />

s’est assise à l’autre bout de la sal<strong>le</strong> devant une tequila. Toutes <strong>le</strong>s trente secondes,<br />

el<strong>le</strong> touchait <strong>le</strong> pansement collé sur son front.<br />

Avec amertume, j’ai pensé au chèque de Stan<strong>le</strong>y-Mitchell. Aurais-je seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong> temps de <strong>le</strong> toucher ? Si Willa mourait, l’entreprise de Tobbey ne lui survivrait pas.<br />

L’empire des Zufrau-Clarkson fondrait tel un sucre dans une tasse de café bouillant,<br />

et avec lui ses avoirs bancaires. Mon joli petit chèque risquait donc de se révé<strong>le</strong>r en<br />

bois lorsque je me présenterais au guichet pour réclamer mon dû. Décidément, la<br />

déveine s’acharnait sur moi.<br />

Épuisée, j’ai gagné ma chambre et pris une douche avant de m’effondrer sur<br />

mon lit. Comb<strong>le</strong> de malchance, la clim était en panne. Il y a des jours comme ça.<br />

Trois heures plus tard, <strong>le</strong> téléphone a sonné. C’était Stan<strong>le</strong>y-Mitchell.<br />

- Willa a repris conscience, a-t-il expliqué d’une voix pressée. El<strong>le</strong> vous réclame.<br />

El<strong>le</strong> ne veut par<strong>le</strong>r qu’à vous seu<strong>le</strong>. Il semb<strong>le</strong>rait que vous ayez établi un lien<br />

privilégié avec el<strong>le</strong>. C’est important. J’envoie l’hélico vous chercher.<br />

À son ton pincé, j’ai compris qu’il était vexé d’avoir été repoussé par sa cliente.<br />

Qu’on lui préfère une décoratrice au chômage lui restait sur l’estomac.<br />

Je n’ai pas discuté. Avais-je <strong>le</strong> choix ? En outre, je m’ennuyais à mourir à Mount<br />

Sierra. J’ai passé un coup de fil à Evita pour l’avertir de l’arrivée de l’appareil. Si el<strong>le</strong><br />

voulait en profiter pour rentrer à L.A., c’était <strong>le</strong> moment.<br />

Mon sac rapidement bouclé, j’ai gagné <strong>le</strong> parking désert où l’hélico allait se<br />

poser. J’espérais que Willa n’allait pas faire sur moi un transfert psychanalytique. Je<br />

me voyais assez mal en demoisel<strong>le</strong> de compagnie, vivant dans son ombre, lui tenant<br />

la main lorsqu’el<strong>le</strong> serait submergée par ses angoisses. Je la plaignais, certes. El<strong>le</strong><br />

avait de toute évidence vécu un calvaire, mais je n’avais pas <strong>le</strong>s compétences

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