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tueur clandestin ? Tout cela avait dû lui sembler follement romantique. Gothique en
diable.
Un problème toutefois : elle n’avait pas su prévoir la tournure des événements.
Le réveil avait dû être brutal quand Vince avait fusillé toute la famille pour kidnapper
sa dulcinée.
Au sommet de la colline, j’ai lancé un nouvel appel. Avec succès, cette fois.
Stanley-Mitchell m’a assurée que l’hélicoptère décollait séance tenante et qu’il aurait
atteint le ranch d’ici un quart d’heure. Dès que je l’entendrais, il me faudrait marquer
la position au moyen d’un fumigène. L’opération devrait se dérouler rapidement, à
cause des drones. Puis il a tenté de m’interroger à propos de Willa, mais j’ai coupé la
communication.
Nous avons levé la tête vers le ciel. Quatre robots bourdonnaient à deux cents
mètres. Ils nous avaient repérées ; toutefois il leur était difficile de s’approcher en
raison de la configuration du terrain. Tobbey m’avait assuré qu’ils étaient
programmés pour n’ouvrir le feu qu’à cent mètres d’une cible potentielle. J’espérais
de toutes mes forces que c’était vrai, parce qu’une fois suspendues dans les airs,
nous formerions à nous trois un sacré gibier !
Malgré tout, les machines s’obstinaient. Leur train chenillé s’épuisait à vaincre
les obstacles. Mètre après mètre, elles se rapprochaient.
- Nous aurions mieux fait de nous replier dans le fortin, a fait observer Evita.
- C’est trop tard maintenant, ai-je soupiré. Ces saloperies nous barrent la route.
Elles manœuvrent pour nous encercler.
Je me suis demandé si nous ne pourrions pas essayer de déclencher une
avalanche pour les balayer, mais c’était idiot, aucune de nous n’aurait été en mesure
de bouger les blocs de pierre qui nous entouraient.
- Il y avait des grenades dans la caverne, a dit Willa. Je regrette, je n’y ai pas
pensé.
Aucune de nous n’y avait pensé. Ce sont là des trucs de mec qui ne nous
viennent pas à l’esprit. Lara Croft aurait eu honte de nous.
Enfin, alors que nous commencions à transpirer, un bourdonnement s’est fait
entendre et un point noir s’est matérialisé dans le ciel, grossissant rapidement. J’ai
plongé la main dans mon sac à la recherche d’une cartouche fumigène. Quand
l’hélicoptère a survolé le ranch, j’ai arraché la goupille de la boîte métallique et jeté le
tube à cinq mètres. Une fumée verte s’en est échappée, s’élevant en volutes
épaisses vers les nuages. L’hélico nous a localisés sans difficulté et manœuvrés
pour se positionner en vol stationnaire à la verticale du point de récupération. Je le
distinguais mal, à cause de la fumée. J’ai entraperçu un type, debout près de la porte
latérale, un gros fusil à la main. Le vacarme du rotor était assourdissant. Le treuil
s’est mis en marche et le câble soutenant les harnais a commencé à descendre.
L’arrivée de l’hélicoptère avait rendu les robots fous de convoitise. Ils luttaient,
moteur emballé, pour se rapprocher au plus vite de cette cible alléchante. Ils
n’étaient plus qu’à deux cents mètres. L’un d’eux avait perdu l’équilibre en tentant de
franchir un obstacle et gisait sur le flanc, ses chenillettes brassant inutilement le vide.
Les harnais sont enfin arrivés à notre hauteur. Abandonnant nos sacs à dos,
nous nous sommes sanglées aussi vite que possible, puis, nous empoignant bras
dessus bras dessous, nous avons formé une masse compacte, chacune soutenant
sa voisine. Le câble a vibré, nous arrachant de terre. La traction m’a scié les reins et
l’entrecuisse.