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trousse à pharmacie contenant des somnifères surpuissants, des vaporisateurs de
gaz incapacitant. Le parfait attirail du ninja en mission.
- J’ai tout arrangé pour l’hélico, a-t-il annoncé. Il décollera au premier appel, avec
deux tireurs d’élite à bord. Ils m’ont assuré qu’ils pourraient dégommer les drones
sans problème. Vous serez hélitreuillées au moyen d’un harnais. Le pilote a travaillé
pour le sauvetage en mer, il connaît son boulot.
Je n’ai rien dit. Ce serait le moment le plus dangereux. Si les drones abattaient
l’hélicoptère en vol, nous n’aurions aucune chance de nous en sortir. Notre survie
dépendrait de l’habileté des tireurs.
J’espérais que les drones n’auraient pas la mauvaise idée de se présenter par
l’arrière, en angle mort, échappant à la vigilance des flingueurs.
- La police a levé le camp et la nuit va tomber, a lancé Stanley-Mitchell avec une
pointe d’impatience. C’est le moment ou jamais d’y aller.
Mon estomac s’est rétréci d’un cran ; Evita m’a jeté un regard hésitant.
- D’accord, ai-je lâché. Vous nous déposerez au ranch. Une fois là, nous
attendrons minuit. C’est l’heure à laquelle les robots rentrent au garage pour
recharger leurs batteries. Nous disposerons alors de quatre ou cinq heures pour
progresser à travers la forêt sans courir le risque de prendre une balle entre les
omoplates.
J’avais conscience de jouer un rôle, mais cela m’aidait à surmonter l’angoisse
qui s’insinuait en moi à la vitesse d’un cheval au galop. Un cheval poursuivi par un
essaim de guêpes folles furieuses, qui plus est.
Le paquetage contenait pas mal de nourriture déshydratée, style « joyeuse
randonnée dans les Rocheuses ». Remorquant ce fourbi, nous avons gagné les
voitures. Le soleil plongeait à l’horizon, le désert virait au rouge. Dans ma tête, une
voix répétait : Tu es dingue ! À quoi joues-tu ? Tu crois que ton père te regarde ?
Le trajet jusqu’au ranch s’est effectué dans le plus parfait silence. Stanley-
Mitchell semblait tendu. À ses côtés, une jeune avocate du staff ne cessait de se
racler la gorge.
Nous avons enfin atteint l’aérodrome désaffecté dont le crépuscule accentuait
l’aspect sinistre. Il n’y avait plus trace des forces de police.
Au moment de nous lâcher devant l’hacienda, Stanley-Mitchell a retrouvé sa
langue pour nous dire, sur un ton paternaliste :
- Deux femmes, ça décontenancera Burton… Il ne vous fera aucun mal. Vous
jouez sur du velours.
Il avait l’air convaincu ; si je ne l’avais pas su avocat, je l’aurais cru.
Le barda déchargé, il s’est dépêché de plonger derrière son volant et de faire
demi-tour. Evita et moi nous sommes retrouvées seules, plantées à l’entrée du ranch
que barraient les banderoles jaunes de la police. Crime scene. Do not cross. Tout le
monde connaît ça. Le vent les faisait claquer comme des rubans dans une parade.
Les cadavres avaient beau avoir été enlevés, je n’avais aucune envie de mettre
les pieds dans la salle à manger où les flaques de sang avaient viré au noir. À
travers les vitres, les mouches s’en donnaient à cœur joie, il me semblait les
entendre vrombir.
- Bon, a gémi Evita, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Je lui ai proposé d’attendre minuit dans le musée, loin de la scène du crime.
- N’allumons pas les lumières. Inutile de signaler notre présence.
- Tu n’as pas peur de tomber sur des pillards ?
- Non, les soldats respectaient trop Tobbey pour mettre la maison à sac. Et puis
ils sont probablement tous partis à l’heure qu’il est. Ce n’étaient pas des soudards.