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calibre, des gars assez rapides pour abattre les drones avant que l’hélico ne se fasse
pulvériser.
En dépit de la climatisation, j’ai vu une pellicule de sueur se former sur son front.
Il commençait à prendre conscience qu’il était en train de monter une opération de
commando. Au dos d’une carte professionnelle, il a griffonné un chiffre. J’ai empoché
le bout de carton coquille d’œuf, à la typo super élégante.
Le plantant là, j’ai rejoint Evita qui se morfondait en vidant des piñas coladas à la
chaîne aux frais du cabinet juridique. Je lui ai rapporté la proposition de Stanley-
Mitchell. Elle a juste dit : « Combien ? » J’ai posé la carte sur la table. Evita a
soulevé les sourcils en découvrant le chiffre.
- D’accord, a-t-elle soufflé. À ce prix-là, ça vaut bien une balle dans la fesse
gauche.
Une demi-heure après, un jeune gars cravaté, vêtu d’une impeccable chemisette
blanche, nous a apporté les contrats et deux chèques tirés sur une banque d’affaires
hyper connue. Evita a hésité trois secondes avant de signer en soupirant :
- Carajo ! J’aurai vraiment tout fait dans ma vie !
J’ai éprouvé pour elle une brusque bouffée de sympathie. Finalement, sous ses
airs bravaches, elle était comme moi, le dos au mur, à la recherche d’un moyen de
s’en sortir.
- Tu sais ce que tu fais ? A-t-elle insisté. Tu nous crois assez fortes pour réussir
là où le SWAT s’est planté ?
- Le SWAT, comme toujours, a débarqué avec ses grosses rangers, ai-je
rétorqué. Ils ont voulu pratiquer la politique du ça passe ou ça casse, à nous d’être
plus malignes, et de la jouer en finesse.
- Si tu le dis !
En réalité, je ne savais pas où je mettais les pieds. Je savais seulement ne pas
avoir le choix. La déco du bunker étant désormais tombée à l’eau, je risquais fort
d’être congédiée par l’Agence 13. La prime offerte par Stanley-Mitchell me
permettrait de survivre pendant un an, voire deux en freinant sur le chocolat. C’était
toujours ça de gagné.
D’un seul coup, j’ai réalisé que j’essayais de me comporter comme mon père
aurait souhaité que je me comporte… si j’avais été un garçon. Avec un certain
malaise, je me suis dit que, comme Tobbey, il avait dû éprouver une vive déception
en se découvrant affligé d’une progéniture féminine. Au final, ma position n’était pas
si différente de celle de Sarah Jane. Quelle ironie ! En y réfléchissant, je me rendais
compte que, au cours des années passées, je m’étais toujours évertuée à jouer au
petit mec, au garçon manqué. Cette obstination était en grande partie responsable
de l’échec de ma vie amoureuse. Même dans le sexe, je voulais avoir le dessus…
dans tous les sens du terme.
J’ai décidé d’aller dormir en prévision des épreuves à venir. J’ai conseillé à Evita
d’en faire autant. J’ai rêvé de Burton MacGraw. Un rêve ridicule où il apparaissait
sous l’aspect d’un être hybride, mi-Rambo mi-Terminator. Il me massacrait, sans
l’ombre d’une hésitation.
Je me suis réveillée, poisseuse malgré la clim. J’ai pris une douche et deux
comprimés d’Anacin. Le téléphone a sonné. Silas Stanley-Mitchell nous demandait
de le rejoindre dans sa chambre.
Il avait bien travaillé. D’un grand carton, il a sorti le bazar que j’avais exigé :
jumelles militaires à vision de nuit, radiotéléphone de campagne, lance-fusées, ainsi
qu’un pistolet à air comprimé tirant des dards anesthésiants. Il y avait également une