Le diable en gris - Free
Le diable en gris - Free Le diable en gris - Free
déjeuner. Assise seule sur un banc près du canal Kanawha, elle mangeait un sandwich ciabatta à la salade et lisait un livre. Il lui avait trouvé un air tellement innocent. Elle avait des cheveux blonds bouclés, de grands yeux bleus à la Doris Day, et elle portait des corsages sans manches à col relevé et des jeans bleus moulants, si bien qu’elle ressemblait à la jeune fille d’à côté d’une série télévisée des années soixante. Mais elle n’était pas stupide. Le livre qu’elle lisait près du canal était Ulysse, de James Joyce. Jerry s’était assis à côté d’elle et avait penché la tête de côté afin de lire le titre. « Hé, Ulysse ! J’ai vu le film, avec Kirk Douglas. » Elle avait ri, et ils avaient commencé à parler. Elle ne s’était jamais rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie. Il avait trouvé le livre au début de l’année dernière et l’avait ouvert, avait lu les mots « L’histoire, dit Stephen, est un cauchemar dont j’essaie de me réveiller», et avait secoué la tête en un aveu silencieux de désarroi. Alison appela, depuis le bas de l’escalier : — Jerry, trésor, ton sandwich au poulet est prêt. Tu veux une bière avec ? — Bien sûr. Je descends dans une minute, d’accord ? Je suis en train de… Juché en équilibre en haut de l’escabeau, il appliqua le papier peint sur le mur et raccorda le bord avec la bande précédente. Il plissa le haut de la bande contre le plafond avec le manche de son couteau de menuisier et entreprit de le découper.
À ce moment-là, du sang suinta de sous sa main gauche et commença à couler au bas du mur. — Merde ! s’exclama-t-il. La coupure n’était pas douloureuse mais il ne voulait pas salir le papier peint. Il tint le couteau entre ses dents et prit le chiffon humide qui pendait de la poche arrière de son jean. Lorsqu’il écarta sa main du mur pour essuyer le sang, il vit qu’il s’était fait d’une façon ou d’une autre une estafilade qui allait à la verticale de son poignet jusqu’au coude – et qu’elle était profonde. Il y avait une empreinte de main sanglante sur le papier peint, et du sang commençait à couler le long de son bras et à dégoutter rapidement de son coude. Au lieu de tenter d’essuyer le gâchis sur le mur, il enroula le chiffon autour de son bras et cria : — Alison ! Alison ! Il y eut un silence, puis : — Qu’y a-t-il ? Tu veux un coup de main pour le papier peint ? — Je me suis coupé. Tu peux m’apporter une serviette ? Il descendit prudemment de l’escabeau, en gardant son bras levé afin de diminuer l’afflux du sang. Néanmoins le chiffon était déjà imbibé d’un écarlate foncé et des gouttes de sang crépitaient sur le plancher nu. La bande de papier peint glissa brusquement de côté puis tomba près de ses pieds. — Alison ! — J’arrive ! répondit-elle d’une voix essoufflée. Elle arriva en haut de l’escalier et traversa le palier. Elle
- Page 3 and 4: Couverture Principale Page de titre
- Page 5 and 6: Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29
- Page 7: associé à part entière à l’ag
- Page 11 and 12: de l’agripper par sa chemise pour
- Page 13 and 14: comme si quelque chose l’avait su
- Page 15 and 16: usquement de se souvenir de quelque
- Page 17 and 18: front. Il n’était pas du tout la
- Page 19 and 20: obligé de faire un détour par Osh
- Page 21 and 22: Decker ne savait jamais ce que la p
- Page 23 and 24: un pied, l’autre à côté d’el
- Page 25 and 26: l’impression qu’il essayait de
- Page 27 and 28: gouttes de sang dessus, ce n’éta
- Page 29 and 30: — Je ne sais pas… il y a deux o
- Page 31 and 32: céréales, les paquets de spaghett
- Page 33 and 34: enceinte. — Ah. Enceinte. (Il mar
- Page 35 and 36: Surtout lorsqu’elles sont tristes
- Page 37 and 38: — Vous ne croyez pas sérieusemen
- Page 39 and 40: dans le couloir, occupé à lire la
- Page 41 and 42: Hicks secoua la tête. — Nous n
- Page 43 and 44: — Entendu, désolé, mademoiselle
- Page 45 and 46: — Vous ne notez pas cela ? demand
- Page 47 and 48: — Une jeune personne très gentil
- Page 49 and 50: jusqu’au bar à la porte vitrée,
- Page 51 and 52: et aux longs cheveux très fins. De
- Page 53 and 54: le cimetière était silencieux-à
- Page 55 and 56: J’ai pensé que c’était tellem
- Page 57 and 58: Il retourna dans la cuisine. Il con
À ce mom<strong>en</strong>t-là, du sang suinta de sous sa main gauche<br />
et comm<strong>en</strong>ça à couler au bas du mur.<br />
— Merde ! s’exclama-t-il.<br />
La coupure n’était pas douloureuse mais il ne voulait pas<br />
salir le papier peint. Il tint le couteau <strong>en</strong>tre ses d<strong>en</strong>ts et prit<br />
le chiffon humide qui p<strong>en</strong>dait de la poche arrière de son<br />
jean.<br />
Lorsqu’il écarta sa main du mur pour essuyer le sang, il<br />
vit qu’il s’était fait d’une façon ou d’une autre une estafilade<br />
qui allait à la verticale de son poignet jusqu’au coude – et<br />
qu’elle était profonde. Il y avait une empreinte de main<br />
sanglante sur le papier peint, et du sang comm<strong>en</strong>çait à<br />
couler le long de son bras et à dégoutter rapidem<strong>en</strong>t de<br />
son coude. Au lieu de t<strong>en</strong>ter d’essuyer le gâchis sur le mur,<br />
il <strong>en</strong>roula le chiffon autour de son bras et cria :<br />
— Alison ! Alison !<br />
Il y eut un sil<strong>en</strong>ce, puis :<br />
— Qu’y a-t-il ? Tu veux un coup de main pour le papier<br />
peint ?<br />
— Je me suis coupé. Tu peux m’apporter une serviette ?<br />
Il desc<strong>en</strong>dit prudemm<strong>en</strong>t de l’escabeau, <strong>en</strong> gardant son<br />
bras levé afin de diminuer l’afflux du sang. Néanmoins le<br />
chiffon était déjà imbibé d’un écarlate foncé et des gouttes<br />
de sang crépitai<strong>en</strong>t sur le plancher nu. La bande de papier<br />
peint glissa brusquem<strong>en</strong>t de côté puis tomba près de ses<br />
pieds.<br />
— Alison !<br />
— J’arrive ! répondit-elle d’une voix essoufflée.<br />
Elle arriva <strong>en</strong> haut de l’escalier et traversa le palier. Elle