Le diable en gris - Free
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— Tout cet exercice sera ma mort, tu le sais ? — Le docteur Gassman a dit que tu devais te maintenir en forme. — Je sais, mais il n’a pas précisé quelle forme. Après tout, en forme de poire, c’est une forme, non ? George entra lentement dans le vestibule, suivi de Jean. Âgé de soixante-deux ans, il avait une figure allongée, des bajoues tremblotantes, et de très grosses oreilles, tel un chien mélancolique. Il alla dans la cuisine, ouvrit le réfrigérateur et sortit une grande bouteille d’eau minérale. — Je prépare une salade César ? demanda Jean en l’observant boire à grandes gorgées. — Et si tu faisais du poulet frit avec de la sauce au jus de viande ? — Tu sais ce que le docteur Gassman a dit pour tes artères. — Le docteur Gassman est un salopard qui fait tout son possible pour me rendre aussi malheureux que lui. Pourquoi ne puis-je pas profiter de la vie de temps en temps ? — À quoi bon profiter de la vie si tu es mort ? George reposa la bouteille d’eau et s’essuya la bouche du dos de la main. — Entendu, une salade César, mais ne sois pas pingre avec le jambon. Il remonta le couloir vers la salle de bains. Les murs étaient couverts de souvenirs militaires – des photographies encadrées de la brigade de Wofford pendant la guerre de Sécession, des gravures de
Stonewall Jackson et Robert E. Lee, ainsi que trois fusils, des fanions et des écussons du Tradoc – le centre de formation et de documentation historique à Fort Monroe. Militaire dès l’âge de dix-neuf ans, George avait terminé sa carrière avec le grade de major aux services historiques de l’armée, lesquels conservaient des archives qui remontaient jusqu’aux milices de l’époque coloniale. Luimême avait écrit un précis d’histoire – Les Garçons en gris – sur les réguliers qui avaient combattu les Anglais à Chippewa et à Lundy’s Lane. Dans la salle de bains, il ôta son bandana, son tee-shirt, son pantalon de jogging et son volumineux caleçon Bugs Bunny. Bon Dieu, toutes ces galopades dans le quartier ne servaient qu’à le faire ressembler à un connard de première ! Il était toujours dans un état lamentable lorsqu’il rentrait après son jogging, et il n’avait même pas le droit de se taper une bière. Il se regarda dans le miroir et son visage était écarlate. — Non, mais tu t’es vu ! dit-il. Tu ne vaux plus rien pour personne. Même pour toi. Il entra dans la cabine de douche et ouvrit les robinets. Il savait que Jean s’efforçait simplement de veiller sur lui, mais ses petites attentions sans fin lui donnaient de l’urticaire ! C’était déjà moche de ne plus avoir un bureau où se rendre tous les matins, et de ne plus avoir une équipe à qui donner des ordres. Il avait toujours pensé qu’il savourerait sa retraite. Il lirait, irait pêcher, donnerait de temps en temps des conférences sur des campagnes militaires à une assistance attentive. Mais lorsqu’il avait
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Stonewall Jackson et Robert E. <strong>Le</strong>e, ainsi que trois fusils,<br />
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Militaire dès l’âge de dix-neuf ans, George avait terminé sa<br />
carrière avec le grade de major aux services historiques<br />
de l’armée, lesquels conservai<strong>en</strong>t des archives qui<br />
remontai<strong>en</strong>t jusqu’aux milices de l’époque coloniale. Luimême<br />
avait écrit un précis d’histoire – <strong>Le</strong>s Garçons <strong>en</strong><br />
<strong>gris</strong> – sur les réguliers qui avai<strong>en</strong>t combattu les Anglais à<br />
Chippewa et à Lundy’s Lane.<br />
Dans la salle de bains, il ôta son bandana, son tee-shirt,<br />
son pantalon de jogging et son volumineux caleçon Bugs<br />
Bunny. Bon Dieu, toutes ces galopades dans le quartier ne<br />
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