Le diable en gris - Free

et de vertèbres noueuses.
— Peux pas respirer ! cria-t-il. Peux pas respirer !
Il se contorsionna et s’aperçut qu’il était dans son lit, le
drap ramené sur son visage, et qu’il se débattait des mains
et des pieds.
Haletant, couvert de sueur, il s’assit sur son lit. Il alluma la
veilleuse et il se vit dans le miroir qui faisait face au pied du
lit, le visage blême, ses cheveux ébouriffés comme un
jeune coq. Sa gorge était sèche – presque aussi sèche
que s’il avait réellement couru pour échapper à un
incendie de forêt. Il tendit la main pour prendre le verre
d’eau qu’il laissait habituellement sur la table de nuit, mais
ce soir il avait oublié de le faire.
— Merde !
Et il s’extirpa du lit. Ce fut à ce moment-là qu’il réalisa
que ses pieds étaient lacérés. Ils étaient couverts de
dizaines de petites égratignures, jusqu’au mollet, et les
draps étaient mouchetés de sang.
Bien plus, plusieurs ronces étaient toujours plantées
dans ses chevilles.
Waouh ! se dit-il. Cela se rapproche dangereusement
de la folie ! Des ronces ne s’accrochent pas aux pieds
lorsqu’on court à travers un sous-bois dans un cauchemar,
même si ce cauchemar est très prenant.
Il mit ses lunettes et alla dans la salle de bains en
boitillant légèrement. Il alluma la lumière au-dessus du
miroir du lavabo. Son visage était également égratigné. Il
avait une vilaine petite coupure sur le côté du nez, et la