Le diable en gris - Free

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25.06.2013 Views

et il l’agita d’un côté et de l’autre d’un air de défi. — Vous voulez me couper en petits morceaux ? Très bien, espèce d’anachronisme ambulant, voyons si vous en êtes capable ! Le major Shroud porta une botte. Son épée heurta et tinta contre le sabre de Decker, et faillit le faire voler de sa main. Decker balança son bras et parvint à détourner une autre botte, mais le major Shroud exécuta ensuite une série de mouvements rapides et la pointe de son sabre s’enfonça profondément dans l’épaule gauche de Decker. Decker ne ressentit qu’une douleur minime, mais à présent il était sérieusement inquiet. Le major Shroud commença à le presser de plus en plus durement. Son sabre traçait des motifs entrecroisés que Decker voyait à peine. Il balançait continuellement son sabre de gauche à droite et, s’il parvenait à parer la plupart des bottes portées par le major Shroud, il savait qu’il ne serait pas à même de le tenir à distance indéfiniment. Il recula et tomba à la renverse par-dessus l’accoudoir du canapé. Le major Shroud leva son sabre au-dessus de sa tête et l’abattit violemment sur les coussins au moment où Decker roulait sur le côté et se laissait tomber par terre. De la bourre multicolore vola en l’air comme une tempête de neige. Decker essaya de s’éloigner en rampant, mais le major Shroud le tenait à sa merci maintenant. Il lui donna un coup de sabre dans la face interne de sa cuisse droite, puis dans son épaule droite, puis il le chevaucha et le maintint entre ses genoux.

Les Neuf Morts, McKenna, grogna-t-il. Il empestait la sueur rance, la poudre, les vêtements crasseux et les plantes. Ses cheveux grouillaient de poux, que les vétérans de la guerre de Sécession avaient coutume d’appeler des «pelures grises» et, tandis qu’il se démenait pour immobiliser Decker sur le parquet, les poux tombaient de sa barbe comme des pellicules. Decker se contorsionna et essaya de saisir le poignet du major Shroud, mais celui-ci lui taillada la paume, une entaille profonde d’au moins un centimètre, et du sang suinta entre ses doigts et coula sur sa manche. — Maintenant la Première Mort, lui dit le major Shroud, et il saisit le bras gauche de Decker. Je vais t’accorder un petit répit, McKenna, et commencer par trancher les doigts de ta main gauche. Il leva son sabre… Mais à ce moment-là, Decker entendit un gloussement de fureur. Hicks s’approchait. Il tenait par les pattes le coq qui battait des ailes violemment. —Chango ! cria Hicks. Viens vers moi, Chango ! Voici ton offrande ! Ce sang est pour toi ! Viens manger ! Viens boire ! Kabio, kabio, sile ! Sois le bienvenu dans notre maison ! Le major Shroud tourna la tête et vociféra : — Qu’est-ce que tu fais, nègre stupide ? Fiche le camp ! Va-t’en ! Par Dieu, je prendrai ta tête ensuite ! —Chango ! Montre-toi à nous ! Chango, maître du feu ! Chango, maître du tonnerre et de la foudre ! Chango… Estu le maître de ta destinée ? Sur ce, Hicks trancha le cou du coq avec le couteau à

— <strong>Le</strong>s Neuf Morts, McK<strong>en</strong>na, grogna-t-il.<br />

Il empestait la sueur rance, la poudre, les vêtem<strong>en</strong>ts<br />

crasseux et les plantes. Ses cheveux grouillai<strong>en</strong>t de poux,<br />

que les vétérans de la guerre de Sécession avai<strong>en</strong>t<br />

coutume d’appeler des «pelures <strong>gris</strong>es» et, tandis qu’il se<br />

dém<strong>en</strong>ait pour immobiliser Decker sur le parquet, les poux<br />

tombai<strong>en</strong>t de sa barbe comme des pellicules.<br />

Decker se contorsionna et essaya de saisir le poignet<br />

du major Shroud, mais celui-ci lui taillada la paume, une<br />

<strong>en</strong>taille profonde d’au moins un c<strong>en</strong>timètre, et du sang<br />

suinta <strong>en</strong>tre ses doigts et coula sur sa manche.<br />

— Maint<strong>en</strong>ant la Première Mort, lui dit le major Shroud,<br />

et il saisit le bras gauche de Decker. Je vais t’accorder un<br />

petit répit, McK<strong>en</strong>na, et comm<strong>en</strong>cer par trancher les doigts<br />

de ta main gauche.<br />

Il leva son sabre… Mais à ce mom<strong>en</strong>t-là, Decker<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit un gloussem<strong>en</strong>t de fureur. Hicks s’approchait. Il<br />

t<strong>en</strong>ait par les pattes le coq qui battait des ailes violemm<strong>en</strong>t.<br />

—Chango ! cria Hicks. Vi<strong>en</strong>s vers moi, Chango ! Voici<br />

ton offrande ! Ce sang est pour toi ! Vi<strong>en</strong>s manger ! Vi<strong>en</strong>s<br />

boire ! Kabio, kabio, sile ! Sois le bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u dans notre<br />

maison !<br />

<strong>Le</strong> major Shroud tourna la tête et vociféra :<br />

— Qu’est-ce que tu fais, nègre stupide ? Fiche le camp !<br />

Va-t’<strong>en</strong> ! Par Dieu, je pr<strong>en</strong>drai ta tête <strong>en</strong>suite !<br />

—Chango ! Montre-toi à nous ! Chango, maître du feu !<br />

Chango, maître du tonnerre et de la foudre ! Chango… Estu<br />

le maître de ta destinée ?<br />

Sur ce, Hicks trancha le cou du coq avec le couteau à

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