Le diable en gris - Free

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25.06.2013 Views

sombres et indistinctes, puis des veines et des artères commencèrent à sinuer d’une masse à l’autre, des os prirent forme. En moins d’une minute, le major Shroud s’était matérialisé, avec son chapeau orné de plumes de corbeau, son long manteau gris, et ses bottes. — À vos ordres, général, déclara-t-il. Decker lui adressa un sourire solennel, plein de dignité. Il prit la main du major Shroud. Malgré ses gants en daim, elle donna la sensation d’être seulement des jointures et des os. —Major Joseph Shroud, je vous nomme sur-le-champ colonel de l’armée de la Virginie du Nord. Vous avez l’admiration sans bornes et les remerciements de votre pays, et le nom de Shroud entrera dans les annales de ce conflit majeur comme un nom associé pour toujours à la bravoure et au devoir loyalement accompli. Ce fut à ce moment, pendant qu’il serrait toujours la main du major Shroud, qu’il dit, très doucement : — Maintenant, Hicks. Hicks sortit de la cuisine en secouant le sac en papier kraft. —Chango ! Chango, écoute-moi ! Je t’apporte une offrande ! Je t’apporte des fruits et des épices ! Je t’apporte du rhum ! — Qu’est-ce que c’est ? s’exclama le major Shroud. Qui est ce nègre ? Il tenta de dégager sa main, mais Decker la tenait fermement. — Chango ! Quitte cet hôte et restaure-toi ! Kabio,

kabio, sile ! — Général Lee ! Lâchez-moi ! cria le major Shroud. Il était vigoureux, et sa main décharnée était difficile à agripper, mais Decker tint bon. — Je t’honore, Chango ! Je t’apporte tout ce que tu aimes ! Hicks déchira le sac en papier et répandit par terre les fruits et les plantes. — Kabio, kabio, sile ! Sois le bienvenu, Chango ! Oh merde, ça ne va pas marcher, pensa Decker. Chango ne va pas le quitter. Soudain, d’une torsion brutale qui faillit lui faire une entorse au poignet, le major Shroud dégagea sa main de la prise de Decker et saisit immédiatement son sabre. Il le sortit de son fourreau dans un tintement métallique qui fit grincer des dents à Decker. —Chango ! Je te souhaite la bienvenue ! Chango ! Decker cria à Sandra et Eunice Plummer : — Partez… Toutes les deux ! Allez dans la chambre ! Le major Shroud s’avança vers lui. Ses yeux étincelaient et ses dents découvertes par un rictus de rage brillaient au sein de sa barbe noire. — Vous n’êtes pas plus Robert E. Lee que moi, hein ? Vous êtes ce satané McKenna ! Eh bien, McKenna, vous allez voir maintenant à quoi conduit une perfidie éhontée ! Decker savait qu’il ne pouvait pas tirer sur lui, tant que Chango continuait à le protéger. La colère de Chango, s’il était attaqué, serait cent fois pire. Il dégaina néanmoins son propre sabre, le « briseur de poignets » de Billy-Joe,

kabio, sile !<br />

— Général <strong>Le</strong>e ! Lâchez-moi ! cria le major Shroud.<br />

Il était vigoureux, et sa main décharnée était difficile à<br />

agripper, mais Decker tint bon.<br />

— Je t’honore, Chango ! Je t’apporte tout ce que tu<br />

aimes !<br />

Hicks déchira le sac <strong>en</strong> papier et répandit par terre les<br />

fruits et les plantes.<br />

— Kabio, kabio, sile ! Sois le bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u, Chango !<br />

Oh merde, ça ne va pas marcher, p<strong>en</strong>sa Decker.<br />

Chango ne va pas le quitter. Soudain, d’une torsion<br />

brutale qui faillit lui faire une <strong>en</strong>torse au poignet, le major<br />

Shroud dégagea sa main de la prise de Decker et saisit<br />

immédiatem<strong>en</strong>t son sabre. Il le sortit de son fourreau dans<br />

un tintem<strong>en</strong>t métallique qui fit grincer des d<strong>en</strong>ts à Decker.<br />

—Chango ! Je te souhaite la bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue ! Chango !<br />

Decker cria à Sandra et Eunice Plummer :<br />

— Partez… Toutes les deux ! Allez dans la chambre !<br />

<strong>Le</strong> major Shroud s’avança vers lui. Ses yeux étincelai<strong>en</strong>t<br />

et ses d<strong>en</strong>ts découvertes par un rictus de rage brillai<strong>en</strong>t au<br />

sein de sa barbe noire.<br />

— Vous n’êtes pas plus Robert E. <strong>Le</strong>e que moi, hein ?<br />

Vous êtes ce satané McK<strong>en</strong>na ! Eh bi<strong>en</strong>, McK<strong>en</strong>na, vous<br />

allez voir maint<strong>en</strong>ant à quoi conduit une perfidie éhontée !<br />

Decker savait qu’il ne pouvait pas tirer sur lui, tant que<br />

Chango continuait à le protéger. La colère de Chango, s’il<br />

était attaqué, serait c<strong>en</strong>t fois pire. Il dégaina néanmoins<br />

son propre sabre, le « briseur de poignets » de Billy-Joe,

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