Le diable en gris - Free

pantalon étaient trop courtes de cinq ou six centimètres,
mais cela ne se verrait pas une fois qu’il aurait mis les
bottes. Il prit une chemise grise unie dans sa penderie,
puis il enfila la lourde redingote et la boutonna jusqu’au
cou. Elle sentait le nettoyage à sec et les années.
Les bottes étaient trop petites d’une pointure, mais il
parvint à les mettre en cognant ses talons sur le sol à
plusieurs reprises. Il ne savait pas comment il ferait pour
les retirer, mais il s’occuperait de ce détail plus tard.
Finalement, il alla dans la salle de bains et enduisit son
menton et sa lèvre supérieure de la gomme arabique que
le gnome du Stage Struck lui avait vendue. Il sortit sa barbe
blanche raide du sachet en polystyrène et l’appliqua
précautionneusement. En l’espace de quelques minutes, il
paraissait vingt ans de plus. Une version légèrement plus
anguleuse du général Lee, mais une ressemblance tout à
fait convaincante, à part ses lunettes design italiennes. Il
ajusta son chapeau à large bord, accrocha son sabre à
son ceinturon, puis il se tint devant le grand miroir et prit la
pose.
Il sortit de la chambre, s’avança d’un pas majestueux
jusqu’à l’endroit où Hicks était assis, et se tint devant lui.
D’une voix grave et solennelle, il dit :
— Après quatre années de service pénible, se signalant
par une force d’âme et un courage incomparables, l’armée
de la Virginie du Nord a été contrainte de s’incliner devant
un ennemi supérieur par le nombre et l’armement.
—Nom de Dieu ! s’exclama Hicks en se levant d’un
bond.