Le diable en gris - Free

ouvrit le sachet, laissant apparaître un petit poisson aux
écailles argentées. Elle sortit un autre flacon et répandit un
liquide clair, gluant, sur le poisson.
— Du sirop de canne de sucre, expliqua-t-elle.
Puis elle laissa tomber sept pièces d’un cent sur le
poisson.
— Yenya orisha obinrin dudukueke re maye avaya mi
re oyu…, psalmodia-t-elle en fermant les yeux et en faisant
osciller sa tête d’un côté et de l’autre.
Hicks lança un regard inquiet à Decker.
— J’espère que nous ne nous impliquons pas dans
quelque chose dont nous ne pourrons pas nous dépêtrer.
— Comme je l’ai dit, mon vieux, nous n’avons pas le
choix.
Le téléphone cellulaire de Hicks sonna de nouveau,
mais, lorsqu’il le sortit de sa poche, Decker lui dit :
— Ne répondez pas. C’est Cab qui approche du point
d’ébullition.
— … lojun oyina ni reta gbogbo okin nibe iwo ni re
elewo nitosi re omo teiba modupue iya mi.
Reine Aché cessa de se balancer et ouvrit les yeux. Elle
rejeta sa tête en arrière et contempla le plafond un
moment. Puis elle dit d’une voix terne :
— Yemaya est avec moi.
Decker la regarda, puis il ôta ses lunettes et la regarda
encore plus attentivement, parce que, incontestablement,
quelque chose avait pris possession d’elle. C’était difficile
de dire précisément ce que c’était. Mais elle semblait