Le diable en gris - Free

Finalement, Reine Aché descendit l’escalier. Ce n’était
plus un fantôme en robe de mousseline au visage blanc et
aux yeux rouge sang, mais une Noire de haute taille à
l’allure athlétique en pantalon de cuir noir moulant et
débardeur sans manches en satin marron foncé, avec six
ou sept bracelets en argent à chaque bras. Sa tête était
prise dans un foulard en soie marron foncé, étroitement
noué, avec un médaillon en argent qui oscillait sur son front.
Elle portait en bandoulière un grand sac en cuir, orné de
franges et de perles.
L’un de ses acolytes, couvert de bijoux, l’accompagnait,
un homme au crâne rasé avec des lunettes de soleil aux
verres-miroir et un cou aussi épais qu’un tronc d’arbre.
— Écoutez-moi bien, monsieur le policier. C’est Reine
Aché, et Reine Aché est la reine de tout ce qu’elle contrôle.
Si jamais il lui arrive une super-merde, une super-merde
cent fois pire vous arrivera.
— Je veillerai sur elle, lui affirma Decker.
Même s’il savait que, en réalité, Reine Aché
l’accompagnait pour veiller sur lui.
Dans la voiture, avec les deux voitures de patrouille qui
les suivaient de près, Decker donna à Reine Aché un
aperçu général de celui qu’ils pensaient traquer, et pour
quel motif. Il lui raconta tout sur la Brigade du diable, le
major Shroud, et ses cauchemars. Elle écouta, hocha la
tête une ou deux fois, mais ne dit rien.
— Vous ne semblez pas particulièrement surprise par
toute cette histoire, lui dit-il lorsqu’il eut terminé.
— Rien ne me surprend à propos de la santeria,