Le diable en gris - Free

Le diable en gris - Free Le diable en gris - Free

25.06.2013 Views

Decker réfléchit pendant une minute ou deux, la main plaquée sur sa bouche. Puis : — D’accord, supposons que cela se soit passé ainsi. Quelle est votre explication ? — Je ne sais pas. Il y avait du sang partout dans la cuisine. J’étais certain que j’allais mourir. Puis Alison est allée ouvrir la porte aux ambulanciers et brusquement elle… — Continuez. Prenez votre temps. — Je n’étais pas à côté d’elle. Elle s’est écroulée. Elle a fait une sorte de pirouette, et… elle est tombée par terre et… sa tête… Il détourna son visage et frappa ses bras enveloppés de pansements sur les couvertures. Il était seulement à même d’émettre des sanglots étranglés. — Okay, dit Decker au bout d’un moment. Je n’insiste pas, je reviendrai vous voir plus tard. Il se leva et remit la chaise à sa place contre le mur. Cela ne faisait aucun doute pour lui que Jerry avait assassiné sa femme, tout simplement parce qu’il n’y avait pas d’autre explication rationnelle. Mais cela ne servirait pas à grandchose d’essayer de l’interroger tant qu’il serait toujours en état de choc. Decker avait vu cela tellement de fois auparavant : des mères qui étaient incapables d’admettre qu’elles avaient étouffé leur bébé, des maris qui croyaient sincèrement que quelqu’un d’autre avait tué leur épouse, alors qu’ils se tenaient près du corps avec un pistolet déchargé à la main. On appelait cela de la dissociation. Il sortit de la chambre. Un policier en uniforme était assis

dans le couloir, occupé à lire la rubrique sportive. Il posa son journal et voulut se lever, mais Decker l’arrêta : — Restez assis, Greeley. Vous avez un tuyau pour Colonial Downs ? — Mister Invisible dans la 345, à 25 contre 1. — Mister Invisible, hein ? Il se retourna et jeta un regard à Jerry Maitland allongé dans son lit. «Il n’y avait pas de couteau. Il n’y avait personne là-bas. » Il se dirigea vers le bureau de l’infirmière. — Ce fut rapide, fit-elle remarquer. — Je suis connu pour ça. Vous êtes vraiment sûre pour cette invitation à dîner ? Je connais un endroit où ils font les tamales les plus aphrodisiaques du monde. — Je regrette, lieutenant. J’ai consulté une voyante récemment, et elle m’a fait bien comprendre que mon avenir ne comportait pas de repas mexicain avec un officier de police. — C’est parce qu’elle a prédit la mauvaise ligne. Elle a prédit votre ligne de tête au lieu de votre ligne de cœur. — Pas du tout. Elle a prédit votre ligne de drague minable.

Decker réfléchit p<strong>en</strong>dant une minute ou deux, la main<br />

plaquée sur sa bouche. Puis :<br />

— D’accord, supposons que cela se soit passé ainsi.<br />

Quelle est votre explication ?<br />

— Je ne sais pas. Il y avait du sang partout dans la<br />

cuisine. J’étais certain que j’allais mourir. Puis Alison est<br />

allée ouvrir la porte aux ambulanciers et brusquem<strong>en</strong>t<br />

elle…<br />

— Continuez. Pr<strong>en</strong>ez votre temps.<br />

— Je n’étais pas à côté d’elle. Elle s’est écroulée. Elle a<br />

fait une sorte de pirouette, et… elle est tombée par terre<br />

et… sa tête…<br />

Il détourna son visage et frappa ses bras <strong>en</strong>veloppés de<br />

pansem<strong>en</strong>ts sur les couvertures. Il était seulem<strong>en</strong>t à même<br />

d’émettre des sanglots étranglés.<br />

— Okay, dit Decker au bout d’un mom<strong>en</strong>t. Je n’insiste<br />

pas, je revi<strong>en</strong>drai vous voir plus tard.<br />

Il se leva et remit la chaise à sa place contre le mur. Cela<br />

ne faisait aucun doute pour lui que Jerry avait assassiné sa<br />

femme, tout simplem<strong>en</strong>t parce qu’il n’y avait pas d’autre<br />

explication rationnelle. Mais cela ne servirait pas à grandchose<br />

d’essayer de l’interroger tant qu’il serait toujours <strong>en</strong><br />

état de choc. Decker avait vu cela tellem<strong>en</strong>t de fois<br />

auparavant : des mères qui étai<strong>en</strong>t incapables d’admettre<br />

qu’elles avai<strong>en</strong>t étouffé leur bébé, des maris qui croyai<strong>en</strong>t<br />

sincèrem<strong>en</strong>t que quelqu’un d’autre avait tué leur épouse,<br />

alors qu’ils se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t près du corps avec un pistolet<br />

déchargé à la main. On appelait cela de la dissociation.<br />

Il sortit de la chambre. Un policier <strong>en</strong> uniforme était assis

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!