Le diable en gris - Free
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c’est vous qui avez abattu Junior Abraham. — Et vous ? — Moi ? J’essaierai d’accepter le fait qu’au moins une bonne chose a résulté de la mort de Cathy. Reine Aché toucha son visage du bout des doigts comme pour s’assurer que, dans la vie après la mort, elle se souviendrait pour toujours de la sensation qu’il donnait. Decker releva le chien de l’Anaconda. — Vous ne comptez pas ? demanda Reine Aché. — Vous voulez que je compte ? D’accord. Cinq. — La peine de mort est quasi automatique en Virginie. — Je sais. Mais au moins mes ancêtres me reconnaîtront. Si vous n’avez pas de tête, comment Roi Spécial saura-t-il que c’est vous ? — Ne vous moquez pas de ma religion, lieutenant. — Quatre. Reine Aché se tint très droite et ses narines se dilatèrent. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir en face d’elle des gens qui n’avaient pas peur d’elle, et Decker sentait son incertitude grandir. — Trois. Elle continuait à le regarder fixement, comme si elle essayait de l’hypnotiser, mais Decker savait sans l’ombre d’un doute que, si elle ne lui demandait pas d’arrêter de compter, il serait obligé de tirer. L’Homme Très Effrayant finirait par l’avoir, de toute façon, et il subirait les Neuf Morts, alors quelle importance cela avait-il ? Depuis les limbes, quoi que ce fût, où son esprit continuait de vivre, Cathy avait fait tout son possible pour le sauver. Mais si
elle avait échoué, elle méritait d’être vengée, à tout le moins. — Deux. À ce moment-là, la porte de l’autre côté de la salle du trône fut brusquement ouverte, et Hicks apparut. — Lieutenant…, dit-il en brandissant son téléphone cellulaire. Le capitaine veut vous parler. Vous savez, immédiatement. — Un, dit Decker, sans ciller. — Lieutenant ? Le capitaine dit que… Lieutenant ? Lieutenant ? Merde, qu’est-ce que vous faites, lieutenant ? Lieutenant ! Hicks fit le geste de sortir son arme de service de son étui, mais Decker cria : — Ne bougez pas ! — Que se passe-t-il ? demanda Hicks d’une voix paniquée. Vous ne pouvez pas… — Vous voulez dire une prière ? demanda Decker à Reine Aché. Reine Aché inspira, exhala, inspira. Puis elle répondit : — Je dirai une seule chose. Yenya orisha obinrin dudukueke re maye avaya mi re oyu ayaba ano rigba iki mi iya mayele. Une invocation à Yemaya, pour qu’elle me donne sa force, lorsque je me trouverai en présence de Chango. Decker abaissa son pistolet, rabattit le chien, puis le remit dans son étui. — Où est cet homme qui est possédé par Chango ?
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— Vous voulez que je compte ? D’accord. Cinq.<br />
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— Ne vous moquez pas de ma religion, lieut<strong>en</strong>ant.<br />
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Cathy avait fait tout son possible pour le sauver. Mais si