Le diable en gris - Free

Il ôta ses lunettes, mais le mur était toujours étrangement
incurvé. Il se leva. Cab posa sa main sur le micro du
combiné et dit :
— Lieutenant… Je n’en ai pas encore fini avec vous !
Mais Decker l’ignora et sortit du bureau.
À mi-distance dans le couloir, il aperçut une forme
transparente, enchevêtrée. Elle le fit penser à une énorme
méduse qu’il avait vue un jour dans le goulet de Cumtuck –
une perturbation luisante et mortelle qui était visible
uniquement pour ce qu’elle n’était pas, plutôt que pour ce
qu’elle était. Il ne savait pas s’il devait s’approcher ou non.
Si c’était Chango, dissimulé par un sort santeria, alors il
courait peut-être un danger tout à fait effroyable.
Il sortit son pistolet de son étui, l’arma et le tint à deux
mains. Puis il s’avança lentement et prudemment vers la
transparence, en essayant de discerner un genre de
contour, un genre de traits distinctifs. Mais cela continuait à
s’enrouler et à se dérouler, à se nouer et à se dénouer et,
chaque fois qu’il avait l’impression de distinguer un visage,
ou un bras, ou une épaule, cela se défaisait pour revêtir
une autre forme complètement différente.
— C’est vous, major Shroud ? dit-il, la gorge nouée.
La distorsion s’éloigna de lui. Puis elle devint plus
géométrique, si bien que le mur derrière elle semblait être
fragmenté en des dessins en losanges irréguliers. Il
commença à réaliser qu’il était témoin d’un truc optique,
une façon de détourner son attention de ce qu’il voyait
réellement, comme un mirage ou une disposition
compliquée de miroirs.