Le diable en gris - Free

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25.06.2013 Views

équivaudrait à admettre que nous n’avions pas la force ou le courage moral de vaincre notre adversaire. »Au matin, cependant, une estafette se présenta à mes quartiers pour m’informer que les troupes de l’Union avaient traversé la Rapidan River. Les généraux Hill et Ewell avaient été mis à mal et battaient en retraite dans la plus grande confusion. Je compris alors que le Sud était sur le point d’être envahi, et que la ville de Richmond ellemême était directement menacée. » J’envisageai d’envoyer une lettre au général R.E. Lee, pour lui demander l’autorisation d’utiliser les forces magiques de la santeria, mais je savais qu’il n’y consentirait jamais. Même si j’avais disposé du temps nécessaire pour le localiser, et pour lui faire la démonstration des pouvoirs que le serviteur du colonel Meldrum m’avait déjà montrés, je doutais fort qu’il m’aurait donné son accord. C’était un homme d’honneur et d’une telle intégrité, et sa croyance en l’Évangile était si forte, que je pense qu’il aurait préféré se rendre avec toute notre armée sur-le-champ plutôt que de faire appel aux œuvres de n’importe quel démon. » Je priai et j’implorai le pardon si le choix que je m’apprêtais à faire était un blasphème pour ce que nous autres dans le Sud chérissions et considérions comme sacré. Puis je fis venir le colonel Meldrum et son serviteur John, et je demandai au colonel Meldrum de choisir douze de ses hommes les plus compétents, pour une mission spéciale, placée sous mes ordres. Il devait leur expliquer clairement ce qu’on attendait d’eux, et rendre parfaitement

explicite le fait que ce qu’il leur demandait de faire était un acte librement consenti. » Un seul des officiers et hommes de troupe qu’il approcha déclina cette mission, bien qu’il leur ait expliqué clairement qu’ils devraient soumettre leur esprit et leur corps à des influences non chrétiennes. Celui qui refusa, le capitaine Hartnett, était le fils d’un pasteur fondamentaliste. » Par conséquent — et dans le plus grand secret — notre brigade fut préparée pour son étrange et terrible tâche. Le colonel Meldrum annonça qu’il serait possédé par Oggun (saint Pierre). Les autres officiers et hommes de troupe étaient comme suit : Général de division M.L. Maitland, officier commandant (Yegua, celui qui apporte la mort, souvent connu dans la santeria comme saint Érasme). Lieutenant H.N. Stannard (Oya, la déesse des cimetières, souvent associée dans la santeria à sainte Anne d’Éphèse). Lieutenant R.F. Mason (Ochosi ou Osowusi, le guetteur de la nuit, sainte Cécile). Sergent W.B. Brossard (Babalu-Ayé, le dieu des maladies contagieuses, saint Lazare). Sergent L. Taylor (Orunla, le seul dieu à avoir dupé la Mort, saint François). Caporal C. Hutchinson (Allaguna, l’une des manifestations d’Obtala, un féroce guerrier à cheval, saint Luc). Lieutenant-colonel H.K. Drewry (Osain, qui terrifie les

équivaudrait à admettre que nous n’avions pas la force ou<br />

le courage moral de vaincre notre adversaire.<br />

»Au matin, cep<strong>en</strong>dant, une estafette se prés<strong>en</strong>ta à mes<br />

quartiers pour m’informer que les troupes de l’Union<br />

avai<strong>en</strong>t traversé la Rapidan River. <strong>Le</strong>s généraux Hill et<br />

Ewell avai<strong>en</strong>t été mis à mal et battai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> retraite dans la<br />

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sur le point d’être <strong>en</strong>vahi, et que la ville de Richmond ellemême<br />

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» J’<strong>en</strong>visageai d’<strong>en</strong>voyer une lettre au général R.E. <strong>Le</strong>e,<br />

pour lui demander l’autorisation d’utiliser les forces<br />

magiques de la santeria, mais je savais qu’il n’y<br />

cons<strong>en</strong>tirait jamais. Même si j’avais disposé du temps<br />

nécessaire pour le localiser, et pour lui faire la<br />

démonstration des pouvoirs que le serviteur du colonel<br />

Meldrum m’avait déjà montrés, je doutais fort qu’il m’aurait<br />

donné son accord. C’était un homme d’honneur et d’une<br />

telle intégrité, et sa croyance <strong>en</strong> l’Évangile était si forte, que<br />

je p<strong>en</strong>se qu’il aurait préféré se r<strong>en</strong>dre avec toute notre<br />

armée sur-le-champ plutôt que de faire appel aux œuvres<br />

de n’importe quel démon.<br />

» Je priai et j’implorai le pardon si le choix que je<br />

m’apprêtais à faire était un blasphème pour ce que nous<br />

autres dans le Sud chérissions et considérions comme<br />

sacré. Puis je fis v<strong>en</strong>ir le colonel Meldrum et son serviteur<br />

John, et je demandai au colonel Meldrum de choisir douze<br />

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