Le diable en gris - Free

— Vous arrivez à lire ceci ? demanda-t-il.
— On s’y habitue. L’astuce, c’est d’incliner le feuillet de
biais.
— Hmmm, fit Decker en essayant. J’arrive tout juste à
comprendre un mot sur dix. C’est quoi, « paffage » ?
— « Passage. » Ses deux s ressemblent toujours à des
f. Tenez… J’ai fait une transcription pour vous.
Decker prit la liasse épaisse des tirages papier à
double interligne.
— Merci. Mais vous pourriez peut-être me résumer
l’essentiel ? Vous avez le temps, n’est-ce pas ?
— Bon, entendu… Je n’ai pas besoin d’être au Berkeley
Hotel avant 20 heures.
— Vous êtes vraiment obligée d’y aller ? Je n’ai pas
souvent l’occasion de sortir avec une femme aussi bien
habillée que vous.
— C’est une collecte de fonds pour l’American Legion,
et oui, je dois y assister. Mais merci tout de même pour le
compliment.
Elle ouvrit son sac à main et en sortit des lunettes demilune
à la monture dorée. Elle feuilleta rapidement la
transcription du journal du général Longstreet, puis :
—Ah, voilà ! « Le 11 avril, j’ai reçu l’ordre à Bristol
émanant de l’inspecteur général de rejoindre, avec la
partie d’origine du premier corps (les divisions Kershaw et
Field et le bataillon d’artillerie Alexander), le général R.E.
Lee, commandant l’armée de la Virginie du Nord. Le 22, je
suis arrivé avec mes hommes à Mechanicsville, et j’ai fait