Le diable en gris - Free

Street Est jusqu’au Raven Bar, qui était l’un des bars
préférés de Decker. La décoration de la salle évoquait une
bibliothèque au tournant du siècle, avec des lambris de
chêne, des lampes Tiffany et de moelleuses banquettes en
cuir. Decker pilota le capitaine Morello vers un box d’angle,
sous une gravure encadrée d’Edgar Allan Poe, au front
semblable à la pleine lune.
—Une bière, s’il vous plaît, Sandie, demanda-t-il à la
serveuse, qui portait un bonnet s’attachant sous le menton
et un grand tablier tombant jusqu’à terre. Et pour vous,
qu’est-ce que ce sera, capitaine ?
— Un old-fashioned, avec beaucoup de glaçons.
— Je n’aurais jamais pensé que vous buviez du whisky.
— Ce qui prouve que même des policiers de premier
ordre peuvent parfois se tromper sur le compte des gens.
Il posa son coude sur la table et la considéra
attentivement pendant trente secondes. Elle soutint son
examen avec une audace impassible, ses yeux le mettant
au défi de lui dire quel genre de femme elle était.
— Papa était un officier de grade élevé. Maman était
danseuse.
— À côté de la plaque, encore une fois. Papa travaillait
dans les produits de papier recyclé. Maman était avoué.
— Alors pourquoi vous êtes-vous engagée dans l’armée
?
— Ma meilleure amie, Marcia Halperin, avait envie de
s’engager, alors je l’ai fait, moi aussi. Au bout de trois
semaines, elle a décidé qu’elle détestait cela, et elle a
donné sa démission. Pour ma part, j’ai adoré chaque