Le diable en gris - Free

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Peu après qu’ils eurent regagné le commissariat, le
sergent Novick entra dans le bureau de Decker avec une
volumineuse enveloppe jaune. Novick était très grand, avait
des cheveux châtains qui rebiquaient et de grosses
lunettes que l’on aurait pu utiliser pour allumer un feu de
camp. Il avait du mal à trouver ses mots, mais c’était l’un
des meilleurs spécialistes en photographie du
département.
— J’ai eu un coup de veine avec celle-ci, lieutenant,
annonça-t-il en sortant de l’enveloppe une épreuve glacée
en noir et blanc.
— Merde, je ne dirais pas non à un coup de veine !
Racontez-moi.
Novick posa l’épreuve sur le bureau devant lui. C’était un
détail agrandi de la photographie que Decker avait trouvée
chez les Maitland : un soldat de la Confédération portant un
chapeau à large bord orné de chiffons noirs et un long
manteau de cavalerie gris. Le cliché était étonnamment net
et clair, et Decker distinguait que l’homme avait une figure
allongée à l’air sévère, avec des pommettes anguleuses et
des yeux enfoncés. Son nez était crochu comme s’il avait