Le diable en gris - Free

— J’arrive ! lança Moses. Je vous entends, mon ami. Je
dois juste remonter mon pantalon.
Ils l’entendirent s’approcher de la porte d’un pas traînant.
Cependant, comme la poignée tournait, il y eut une
extraordinaire sensation de gauchissement dans l’air,
comme si toute la perception avait été déformée. Ce fut
suivi immédiatement d’un fort bruit de succion, comme un
vent violent, que Decker reconnut aussitôt – l’oxygène qui
était aspiré violemment dans l’appartement de Moses à
travers chaque fissure et interstice autour de la porte.
— On descend ! cria-t-il à Hicks.
Et il le saisit à bras-le-corps et l’éloigna sur le palier.
— Quoi ? Qu’y a-t-il ? s’exclama Hicks.
— Descendez ! On fout le camp !
Il donna à Hicks une poussée dans le dos. Celui-ci perdit
l’équilibre et dévala l’escalier en chancelant et en culbutant.
Decker saisit la rampe d’escalier et s’élança vers le bas,
sautant six marches à la fois, tel un acrobate.
Alors qu’ils atteignaient la porte d’entrée, il y eut une
explosion retentissante, et tout l’immeuble sembla faire un
bond sur le côté. De gros morceaux de plâtre tombèrent du
plafond, des barreaux de la rampe d’escalier furent
arrachés comme des rails de chemin de fer, et ce qui
restait du vitrail de saint Jean-Baptiste explosa en un millier
de fragments étincelants.
Hicks lança un regard stupéfait à Decker. Son visage
était blanc de poussière de plâtre et sous l’effet du choc.
—C’était une bombe ou quoi ?
Decker était occupé à pianoter le numéro des sapeurs-