Le diable en gris - Free

alcool, fruits de mer et tomates.
« Chez lui » était un appartement situé au premier étage,
qu’il partageait avec sa mère, veuve, dans un immeuble de
briques marron horrible et trapu qui avait été construit sur
May Street dans les années 1900 pour servir de foyer pour
enfants attardés. John pénétra dans le vestibule et gravit
lentement l’escalier raide et sombre. Il était obligé de
chercher son chemin à tâtons parce que l’ampoule
électrique sur le palier avait de nouveau sauté. Le
concierge de l’immeuble était un homme tout ratatiné qui
ressemblait à un singe, et probablement la personne la
plus chamailleuse que John ait jamais connue. Il avait sans
doute refusé de changer l’ampoule parce que le soleil allait
se lever dans quelques heures seulement, et qu’ils
n’auraient plus besoin de lumière.
John ouvrit la porte de l’appartement de sa mère. Le
séjour était sombre et sentait l’eau croupie de fleurs
fanées. La porte de la cuisine était légèrement entrouverte
et, comme d’habitude, la mère de John avait laissé le
téléviseur portatif allumé, le son coupé. Il ôta ses
chaussures trempées et les laissa sur le paillasson près de
la porte d’entrée. Puis il s’avança sur la pointe des pieds
sur la moquette et alla dans la cuisine. Sa mère avait laissé
sur la table une assiette de cookies avec des pépites de
chocolat et un petit mot : « S’il te plaît, porte ma robe jaune
chez le teinturier demain. »
Sur l’écran du téléviseur, Vincent Price essayait
désespérément d’échapper à l’incendie dans L’Homme au