Le diable en gris - Free

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25.06.2013 Views

l’association des mères de famille sur Clay Street. Elles vous donneront même des recettes pour le chili aux haricots noirs, en plus. — Pas ce genre de potins. Je m’intéresse surtout à Reine Aché. Jonah lança un regard à ses amis. Finalement, le type obèse haussa les épaules, comme pour dire que tout ce qui était une mauvaise nouvelle pour Reine Aché était une bonne nouvelle pour lui. Decker ne le connaissait pas, mais il reconnut le type au béret. Celui-ci faisait partie des Strutters, un petit dealer de seconde zone qui se faisait appeler Docteur Bienvenu. Les Strutters et les Eguns se détestaient cordialement, aussi supposait-il que Docteur Bienvenu ne ferait aucune objection, lui non plus, si Jonah répondait à quelques questions. — Bon, d’accord, dit Jonah. Cinq minutes, montre en main. Mais je sais rien, mec. Rien de rien. Ils allèrent s’asseoir à une table d’angle sous un masque vert grimaçant dont la bouche était enduite d’un vernis rouge luisant, censé représenter du sang. — Il faut que je parle à un santero, déclara Decker. — Écoutez, Decker, l’interrompit Jonah, se penchant en avant et parlant dans un chuchotement rauque. Je vous ai à la bonne et vous m’avez à la bonne. Vous m’avez fait des fleurs. Mais vous ne pouvez pas débarquer ici et vous comporter comme si on était les meilleurs amis au monde. Ces deux frères, ils sont cool, mais j’ai pas besoin que tout Jackson Ward apprenne que j’échange des civilités avec les flics.

— C’est très sérieux, Jonah. Il faut que je parle à un santero et il faut que je lui parle maintenant. — Cela me rapportera quoi ? — Ma reconnaissance éternelle, bien sûr. — Que diriez-vous de votre reconnaissance éternelle et de deux cents tickets ? Decker prit son portefeuille et sortit cent dollars. — Je te donnerai le reste lorsque tu auras fait le boulot. Jonah fit disparaître le billet comme s’il effectuait un tour de prestidigitation. — La plupart des santeros sont en affaires avec Reine Aché, dit-il. Vous n’avez certainement pas envie d’aller parler à ces types, parce que, en un rien de temps, ils vous jetteraient un sort et votre queue tomberait, ou un truc de ce genre. Mais il y en a un qui pourrait vous aider, si vous le lui demandez très respectueusement. Il s’appelle Moses Adebolu. C’était un ami intime de Junior Abraham, et je sais qu’il est très chagriné que Junior se soit fait buter. — Tu peux m’emmener chez lui ? — Okay, mais nous devons d’abord aller au marché afro. — Pour quelle raison ? — Vous devez apporter à Moses un coq vivant, des cigares, et peut-être une bouteille de rhum. Ainsi que des racines de rompe zaraguey si vous pouvez en trouver, ou bien des okra. — J’effectue une enquête sur un homicide, je ne fais pas du shopping. — Vous devez lui apporter ces trucs, Decker. Ils font partie de l’ebbo, le sacrifice. Autrement, Moses refusera

l’association des mères de famille sur Clay Street. Elles<br />

vous donneront même des recettes pour le chili aux<br />

haricots noirs, <strong>en</strong> plus.<br />

— Pas ce g<strong>en</strong>re de potins. Je m’intéresse surtout à<br />

Reine Aché.<br />

Jonah lança un regard à ses amis. Finalem<strong>en</strong>t, le type<br />

obèse haussa les épaules, comme pour dire que tout ce<br />

qui était une mauvaise nouvelle pour Reine Aché était une<br />

bonne nouvelle pour lui. Decker ne le connaissait pas, mais<br />

il reconnut le type au béret. Celui-ci faisait partie des<br />

Strutters, un petit dealer de seconde zone qui se faisait<br />

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Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u ne ferait aucune objection, lui non plus, si Jonah<br />

répondait à quelques questions.<br />

— Bon, d’accord, dit Jonah. Cinq minutes, montre <strong>en</strong><br />

main. Mais je sais ri<strong>en</strong>, mec. Ri<strong>en</strong> de ri<strong>en</strong>.<br />

Ils allèr<strong>en</strong>t s’asseoir à une table d’angle sous un masque<br />

vert grimaçant dont la bouche était <strong>en</strong>duite d’un vernis<br />

rouge luisant, c<strong>en</strong>sé représ<strong>en</strong>ter du sang.<br />

— Il faut que je parle à un santero, déclara Decker.<br />

— Écoutez, Decker, l’interrompit Jonah, se p<strong>en</strong>chant <strong>en</strong><br />

avant et parlant dans un chuchotem<strong>en</strong>t rauque. Je vous ai à<br />

la bonne et vous m’avez à la bonne. Vous m’avez fait des<br />

fleurs. Mais vous ne pouvez pas débarquer ici et vous<br />

comporter comme si on était les meilleurs amis au monde.<br />

Ces deux frères, ils sont cool, mais j’ai pas besoin que tout<br />

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