Le diable en gris - Free

les avait appelées avec beaucoup d’esprit le « mont
Postérieur ».
Hicks, pour sa part, était de petite taille, très beau, jeune,
en forme et dynamique, semblable à un ballon de basket
humain. Il avait été muté au département de police de
Richmond seulement trois mois auparavant. Il venait de
Fredericksburg, à l’intérieur de l’État, et travailler dans la
capitale continuait à le surexciter. «Nous sommes l’élite »,
répétait-il continuellement lorsqu’ils parcouraient la ville, en
tapant de la main sur la portière de leur voiture. Decker
n’avait pas eu le cœur de lui dire que sa mutation était
probablement attribuable à la nécessité urgente pour le
chef par intérim d’avoir son quota d’inspecteurs de couleur
et beaucoup moins à ses états de service, au demeurant
excellents.
— Bon, quel est le topo ? demanda Decker. Un quartier
plutôt chic, pour un meurtre à coups de couteau.
— Vous feriez mieux d’entrer et de voir par vous-même.
Decker suivit le postérieur de Cab en haut des marches
du perron et franchit la porte d’entrée à la peinture noire
lustrée. Il nota que le chambranle était brisé, là où les
ambulanciers avaient enfoncé la porte à coups de pied.
— Je n’ai jamais vu un truc pareil, fit Hicks d’une voix
surexcitée. Je veux dire, le sang, lieutenant. On dirait qu’il y
en a partout !
— Eh bien, souvenez-vous que l’on peut repeindre tout
un séjour avec le sang du système circulatoire d’une seule
personne. Deux couches, si on utilise un rouleau.
Alison gisait toujours dans le vestibule, une chaussure à