Le diable en gris - Free
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Decker ôta les bras de Maggie de son cou et se leva. Il passa son étui d’épaule avec son colt Anaconda calibre 45 nickelé d’une grosseur absurde. Il sortit le pistolet de l’étui et éjecta toutes les cartouches. Puis il embrassa la pointe des cartouches, une par une, et les remit dans la chambre. — Tu ne m’as jamais dit pourquoi tu faisais ça, déclara Maggie. — Hein ? Oh… une superstition, c’est tout. Dans un hurlement de pneus théâtral, Decker s’arrêta devant le 4140 Davis Street et descendit de sa Mercury Grand Marquis noire et luisante. C’était un quartier très chic pour gens friqués, avec des trottoirs en brique rouge, des arbres donnant de l’ombre, et des maisons du XIX e siècle avec des porches aux colonnes blanches. Habituellement, à cette heure de la journée, le quartier était léthargique et presque complètement désert, sans aucun signe de vie à part des chats qui somnolaient et des drapeaux américains qui s’agitaient paresseusement au gré du léger vent. Mais cet après-midi-là, il y avait quatre voitures de patrouille garées en diagonale sur la chaussée, leurs gyrophares allumés, une ambulance, une fourgonnette des services du coroner de Richmond, deux équipes télé, une foultitude de policiers en uniforme, d’enquêteurs scientifiques, de journalistes, et de tous ces gens qui sont présents sur des scènes de crime, qui crient dans des téléphones cellulaires et qui ont l’air tracassé, même si
Decker ne savait jamais ce que la plupart d’entre eux faisaient au juste. Il aperçut même Honey Blackwell, du bureau du maire, ses 105 kg engoncés dans un tailleur jonquille avec un ruban assorti dans les cheveux. — Bonjour, Mme Blackwell. — Bonjour, lieutenant. Une affaire tragique. — Ça l’est certainement, si elle vous a obligée à quitter le Ma-Musu. Il faisait allusion à son restaurant préféré, spécialisé en cuisine d’Afrique de l’Ouest, sur Broad Street. — Vous avez une langue acérée, lieutenant. Un de ces jours, vous allez vous trancher la gorge avec. — Ce n’est pas une remarque de très bon goût à faire, Mme Blackwell, vu les circonstances. Le capitaine Cab Jackson descendit les marches du perron du 4140, suivi de près par le sergent Tim Hicks. — Vous êtes venu par la route touristique, Decker ? demanda Cab d’un ton brusque en jetant un regard à sa montre. Cab était immense, plus de deux mètres cinq, avec un crâne chauve bosselé qui ressemblait à l’une des bites d’amarrage où les bateaux à aubes sont amarrés sur la James River. Toutefois, il avait un visage potelé et une voix grêle, aussi se laissait-il pousser une petite moustache à la Little Richard dans l’espoir d’acquérir une maturité supplémentaire. Il portait une chemise à rayures rouges et jaunes avec des rangées de stylos et de crayons accrochés dans la poche, et ses fesses gonflaient tellement le fond de son pantalon que l’inspecteur Rudisill
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Decker ne savait jamais ce que la plupart d’<strong>en</strong>tre eux<br />
faisai<strong>en</strong>t au juste. Il aperçut même Honey Blackwell, du<br />
bureau du maire, ses 105 kg <strong>en</strong>goncés dans un tailleur<br />
jonquille avec un ruban assorti dans les cheveux.<br />
— Bonjour, Mme Blackwell.<br />
— Bonjour, lieut<strong>en</strong>ant. Une affaire tragique.<br />
— Ça l’est certainem<strong>en</strong>t, si elle vous a obligée à quitter<br />
le Ma-Musu.<br />
Il faisait allusion à son restaurant préféré, spécialisé <strong>en</strong><br />
cuisine d’Afrique de l’Ouest, sur Broad Street.<br />
— Vous avez une langue acérée, lieut<strong>en</strong>ant. Un de ces<br />
jours, vous allez vous trancher la gorge avec.<br />
— Ce n’est pas une remarque de très bon goût à faire,<br />
Mme Blackwell, vu les circonstances.<br />
<strong>Le</strong> capitaine Cab Jackson desc<strong>en</strong>dit les marches du<br />
perron du 4140, suivi de près par le serg<strong>en</strong>t Tim Hicks.<br />
— Vous êtes v<strong>en</strong>u par la route touristique, Decker ?<br />
demanda Cab d’un ton brusque <strong>en</strong> jetant un regard à sa<br />
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crâne chauve bosselé qui ressemblait à l’une des bites<br />
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James River. Toutefois, il avait un visage potelé et une voix<br />
grêle, aussi se laissait-il pousser une petite moustache à la<br />
Little Richard dans l’espoir d’acquérir une maturité<br />
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jaunes avec des rangées de stylos et de crayons<br />
accrochés dans la poche, et ses fesses gonflai<strong>en</strong>t<br />
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