Le diable en gris - Free

— Personne ne dit l’avoir reconnu. Qu’est-ce que vous
croyez ? Ils veulent garder leur tête en un seul morceau.
— Donc c’était un contrat. Qu’est-ce qui le fait
ressembler aux deux autres meurtres ?
— Le serveur était ici, dans la salle, pas de problème.
Mais — et c’est le truc bizarre — il n’a jamais été dans la
cuisine.
Decker battit des paupières.
— Comment ça, il n’a jamais été dans la cuisine ?
Hicks intervint :
— Tous les témoins oculaires disent qu’il est sorti de la
cuisine mais les cuisiniers affirment qu’il n’est jamais entré
ou sorti de la cuisine. Il est, disons, apparu.
—Oh, allons ! Les cuisiniers n’ont pas fait attention, c’est
tout. Ils cuisinaient, préparaient les commandes, empilaient
des assiettes. Ils avaient autre chose à faire que de
remarquer un type avec un tablier de serveur.
— Je vous assure, lieutenant. Ils jurent tous leurs grands
dieux qu’il n’y avait personne d’autre dans la cuisine. Ils
sont catégoriques.
— Plutôt aveugles, oui ! Bon, je parlerai aux cuisiniers
dans une minute, mais je veux d’abord dire deux mots à
Trésor. Il est toujours ici ?
— Là-bas, dans le coin, répondit Hicks. Mais j’ai déjà
pris sa déposition… Il sait que dalle.
Decker se dirigea vers un jeune homme trapu avec des
dreadlocks et un tee-shirt Michael Jordan taché de sueur. Il
n’arrêtait pas de renifler, de cligner des yeux et de secouer
la tête, comme s’il avait besoin de sniffer quelque chose.