Le diable en gris - Free

imprégnée de l’odeur âcre d’épices et de poulet frit, et les
murs étaient couverts de photographies sépia de cabanes
d’esclaves et de champs de coton, et de dizaines de
photographies encadrées de personnes de couleur
célèbres, absolument tout le monde, depuis Maggie L.
Walker, la première femme en Amérique à avoir fondé une
banque, jusqu’à Denzel Washington et Arthur Ashe, Jr.
Cab et Hicks parlaient à des témoins. Decker alla les
rejoindre. Des plantes grimpantes en plastique pendaient
du plafond en une telle profusion qu’il était obligé de les
écarter de son visage tandis qu’il traversait la salle.
— Merde, c’est une vraie jungle ici ! fit-il.
— Et comment ! dit Cab. Venez jeter un coup d’œil.
Decker le suivit vers un box au fond de la salle, fermé en
partie par une cloison en acajou sculptée. Dans le coin
était accroché un masque vaudou africain aux yeux en
amande avec une ampoule électrique qui brillait à travers
ses yeux. Sous le masque était assis un homme très
maigre portant une chemise en satin d’un noir luisant, un
pantalon en satin d’un noir luisant, et des mocassins en
croco noirs, sans chaussettes. Au-dessus du col de
chemise de l’homme, il ne restait plus que la mâchoire
inférieure, tel un moulage en plâtre de dentiste. Le reste de
sa tête était étalé sur le mur et formait un éventail de sang
rouge foncé et de morceaux d’un rose luisant qui continuait
à s’élargir. Alors que Decker examinait l’homme, l’un des
morceaux commença à glisser subrepticement vers le bas
du papier peint, semblable à une limace de jardin.
— Beurk… Il était en train de manger ! fit Hicks d’un air