Le diable en gris - Free

l’historien en chef ».
Il trouva le capitaine Morello dans la bibliothèque,
penchée sur une table de travail, un ordinateur devant elle.
Elle était presque aussi grande que lui, avait des cheveux
noirs coupés court qui étaient coiffés en arrière et
dégageaient son front. Lorsqu’elle se retourna, Decker vit
qu’elle était également très séduisante, le genre actrice
italienne des années soixante, avec un visage en forme de
cœur et des yeux au regard ensorceleur. Son uniforme
impeccablement repassé ne faisait que souligner ses
seins fermes et pleins, et même dans une jupe mi-longue,
ses jambes semblaient interminables de façon déroutante.
— Lieutenant McKenna, annonça Decker en présentant
sa plaque. Mais, vous savez, inutile de faire des
cérémonies. Tous mes amis m’appellent Decker.
— Capitaine Morello, répondit Toni Morello avec un petit
sourire crispé. Tous mes amis m’appellent « monsieur ».
Decker parcourut du regard les rayonnages qui allaient
du sol au plafond. Chaque rayonnage était rempli de
centaines de dossiers au dos gris, et chaque dossier
comportait une étiquette blanche à l’écriture soignée ‒
«Manœuvres des divisions blindées en Italie, printemps
1945 », « Troupes d’assaut aéroportées au Cambodge,
1971 », «Opérations logistiques en Bosnie-Herzégovine,
1994 ». La bibliothèque faisait plus de quarante-cinq
mètres de longueur et avait une verrière teintée en jaune
pour filtrer la lumière du soleil.
— Une sacrée bibliothèque, fit remarquer Decker.
Même s’il pensait en réalité : une sacrée bibliothécaire.