Le diable en gris - Free

maintenant, c’est découvrir de quel genre de tour de
passe-passe il s’agit.
Sandra appela depuis la cuisine.
— Excusez-moi, lieutenant, dit Eunice en allant voir ce
qu’elle voulait.
Decker parcourut la pièce du regard, examina une
photographie dans un cadre en argent de Sandra bébé,
puis une autre photographie, d’un homme aux cheveux
châtains avec un léger strabisme à la George W. Bush qui
lui donnait un air étonné. Peut-être le père de Sandra.
Sept ou huit croquis et aquarelles de Sandra étaient
disposés de part et d’autre de la cheminée. De manière
inattendue, Decker trouva son travail très émouvant —
chaque dessin dégageait une telle atmosphère et montrait
une telle attention aux détails – et c’était d’autant plus triste
de songer qu’elle ne vivrait probablement pas au-delà de
sa vingtième année. Sa composition la plus saisissante
était un superbe dessin aux crayons de couleur de la gare
de Main Street, avec ses balcons Art déco, ses tuiles de
toiture orange et ses fenêtres en mansarde dignes d’un
conte de fées.
Bizarrement, toutefois, Sandra avait dessiné un nuage
menaçant au-dessus de la tour de l’horloge. Cela
ressemblait plus à une masse grouillante de serpents qu’à
un nuage.
— Un dessin très intéressant, fit-il remarquer comme
Eunice revenait dans le séjour.
— Oui. Pour quelque raison elle l’appelle la Maison du
Fou.