Le diable en gris - Free

trois profondes inspirations.
—Cette odeur… Je crois que je ne m’y habituerai
jamais.
Decker lui donna une tape dans le dos.
— Le jour où vous vous y serez habitué, ce sera le jour
où vous serez prêt à donner votre démission.
Sur le trajet du retour, Decker fit un crochet pour aller voir
Eunice et Sandra Plummer. Elles habitaient dans la 27 e
Rue, dans le centre-ville, en haut d’un vieil immeuble en
briques marron délabré qui devait être réhabilité. Dans le
vestibule, il y avait une forte odeur d’encaustique et de
fleurs fanées. L’ascenseur cliquetait et ferraillait comme un
instrument de torture du Moyen Âge.
Eunice lui ouvrit la porte.
— Merci d’être venu, lieutenant, dit-elle d’une voix ferme,
bien qu’il fût clair qu’elle n’était pas du tout ravie de le voir.
Sandra est en train de dîner.
Elle le conduisit dans le séjour, lequel était encombré de
meubles d’époque. Le papier peint couleur moutarde était
flétri, et les tapis étaient usés jusqu’à la trame, mais
l’appartement avait de hauts plafonds et des cheminées en
fonte d’origine, et on apercevait depuis la fenêtre, au-delà
des toits des immeubles voisins, les lumières scintillantes
le long des quais. La fenêtre était entrouverte et Decker
entendait la circulation et le souffle asthmatique d’un
remorqueur sur la rivière.