Le diable en gris - Free

Le matin où Pearson a atteint la station de McMurdo, la
silhouette a disparu. »
Alors qu’il regardait l’écran, Jerry fut conscient d’une
légère perturbation dans l’air, comme si la porte avait été
ouverte, bien que cela ne fût pas le cas. Il avait également
le sentiment étrange de ne plus être seul dans la chambre.
Il appuya sur la télécommande pour couper le son, puis il
écouta en fronçant les sourcils. Sur l’écran, dans un silence
total, il vit le croquis au fusain exécuté par Clement
Pearson du personnage qui était censé lui avoir sauvé la
vie. Grand et voûté, une forme indistincte entrevue à travers
un violent blizzard.
Tandis qu’il écoutait et regardait, le personnage sur
l’écran sembla enfler et se déformer, comme si le croquis
de Clement Pearson bougeait. Puis la fenêtre à côté du
téléviseur se rida et se déforma à son tour. Jerry avait
l’impression de voir sa chambre à travers une eau qui
clapotait paresseusement.
Il battit des paupières pour essayer d’éclaircir sa vision.
Il était toujours sous antibiotiques et antidouleur, et il se dit
que c’était probablement l’un des effets secondaires.
Pourtant les fleurs à côté de son lit fondirent et coulèrent
brusquement, et il eut la certitude que quelqu’un se tenait
tout près de lui, à seulement quelques centimètres. Il
entendait même une respiration — une respiration crispée,
réprimée — et un autre bruit, qu’il était incapable
d’identifier. C’était un bruissement étouffé, désagréable.
Cela lui remémora la colonie de blattes qu’il avait
découverte lorsqu’il avait sept ans, tandis qu’elles