Le diable en gris - Free

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13 Il rêva qu’il courait de nouveau à travers les ronces, nupieds. Les feux étaient bien plus proches maintenant, et il sentait la chaleur dans son dos, comme un four ouvert. Des flammèches pleuvaient au-dessus de sa tête et tombaient sur le sous-bois devant lui, à tel point qu’il était obligé de se frayer un chemin à travers des taillis qui s’embrasaient déjà. — Regroupez-vous sur le chemin de rondins, les gars ! cria quelqu’un d’une voix rendue rauque par la fumée. Regroupez-vous sur le chemin de rondins ! Il gardait son coude gauche levé pour protéger ses yeux des épines et des branches et pour abriter sa joue de la chaleur. Une flammèche tomba sur son épaule et traversa sa chemise. Il l’ôta d’une tape, mais c’était toujours douloureux, et il sentait l’odeur du coton roussi et de la peau brûlée. Il savait vaguement que le chemin de rondins se trouvait sur sa gauche, à environ cinq cents mètres, mais les bois dans cette direction brûlaient avec violence et il entendait des hommes hurler comme ils étaient rattrapés par les flammes. Aussi se dirigea-t-il vers la droite, dans l’espoir

d’être à même de contourner les feux et de rejoindre le chemin un peu plus loin. Il essaya de courir, mais le sousbois était encore plus touffu ici, et il était obligé de jouer des pieds et des mains et de faire des bonds comme un lièvre. Ce qui était encore plus terrifiant que les flammes qui se rapprochaient, c’était le sentiment que quelqu’un le poursuivait et le rattrapait, courant à travers les fourrés, aussi noir et inconsistant qu’une ombre. Et il savait que ce quelqu’un était déterminé à le tuer – pas avec colère, mais de sang-froid, et d’une façon horrible, en lui infligeant plus de souffrances que ce que l’on pouvait imaginer. Il tourna rapidement la tête. Il aperçut une silhouette à quelques mètres seulement derrière lui. Une silhouette de haute taille, avec des ailes qui battaient. Les pans de son manteau se prenaient dans les ronces, mais cela ne semblait pas la ralentir du tout, et il entendait ses bottes écraser les fougères. Oh, merde. Il n’avait plus la force de continuer à bondir. Ses vêtements se prenaient dans les taillis et ses mains et ses pieds étaient en feu, transpercés par des épines. Il fit halte, haletant, et la silhouette se rua sur lui. Elle le heurta violemment et lui coupa le souffle. Il se retrouva au sein d’une obscurité suffocante, dans une cage d’os, se débattant éperdument pour se dégager. — Peux pas respirer ! cria-t-il. Peux pas respirer ! Il trouva le père Thomas dans le jardin derrière la

d’être à même de contourner les feux et de rejoindre le<br />

chemin un peu plus loin. Il essaya de courir, mais le sousbois<br />

était <strong>en</strong>core plus touffu ici, et il était obligé de jouer<br />

des pieds et des mains et de faire des bonds comme un<br />

lièvre.<br />

Ce qui était <strong>en</strong>core plus terrifiant que les flammes qui se<br />

rapprochai<strong>en</strong>t, c’était le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que quelqu’un le<br />

poursuivait et le rattrapait, courant à travers les fourrés,<br />

aussi noir et inconsistant qu’une ombre. Et il savait que ce<br />

quelqu’un était déterminé à le tuer – pas avec colère, mais<br />

de sang-froid, et d’une façon horrible, <strong>en</strong> lui infligeant plus<br />

de souffrances que ce que l’on pouvait imaginer.<br />

Il tourna rapidem<strong>en</strong>t la tête. Il aperçut une silhouette à<br />

quelques mètres seulem<strong>en</strong>t derrière lui. Une silhouette de<br />

haute taille, avec des ailes qui battai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s pans de son<br />

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semblait pas la ral<strong>en</strong>tir du tout, et il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait ses bottes<br />

écraser les fougères. Oh, merde. Il n’avait plus la force de<br />

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par des épines.<br />

Il fit halte, haletant, et la silhouette se rua sur lui. Elle le<br />

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— Peux pas respirer ! cria-t-il. Peux pas respirer !<br />

Il trouva le père Thomas dans le jardin derrière la

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