AVEC DU SENS - Vallée de l'Ubaye

Pontis, un nom chantant pour une toute petite commune trait d’union
entre Provence et Dauphiné, une commune dont la dénivelée part de
782, aux rives du lac de Serre-Ponçon, à 2 386 mètres (le sommet du
Morgon). Ici, les flores méditerranéenne et alpine voisinent : lavandes
et carlines, sumacs et mélèzes, les sentiers alentour fourmillent de
diversité. Mais, réputée pour son haut niveau d’alphabétisation et
de culture, c’est l’Ubaye d’antan qui est mise en avant et à l’honneur
sur la place du village. Un petit musée sur le thème de l’école
rappelle la présence de trois établissements scolaires sur la commune
dans les années 50. Réminiscences de ce passé studieux, de petits
bancs de bois et des ardoises évoquent, dans une remarquable salle
voûtée, l’écriture à la plume et les heures de discipline et de morale.
Monsieur Louison, ancien maire du village, est fier de ce musée de
« l’instruction publique en montagne » : « Elle a joué un rôle primordial
pour la vallée. » Il peut l’être aussi de la belle église qui jouxte le petit
musée : sa façade arbore une esquisse du Morgon tout proche et de
son cadran solaire qui nous appelle à la fraternité avec sa devise :
« Les sourires donnés nous reviennent toujours ». Une idée de celui
qui fut maire pendant près de trois décennies : « Nous, êtres humains,
ne représentons rien dans l’immensité et la durée de l’univers. Se
sourire, s’aider, s’entraider, nous permet de servir à quelque chose. »
Bien à l’honneur aussi sur la place du village, le monument aux
morts. Point de marbre ici. Un simple mais imposant bloc naturel en
guise de montagne salue la mémoire d’Étienne, Maurice, René, Émile,
Jules, Désiré et les autres. Toujours, autour de la place centrale, des
jeux d’enfants, des machines agricoles, la mairie. Toute la vie du
village résumée ici, en somme. Une atmosphère paisible, une douceur
de vivre qu’on savoure assis sur un banc, les montagnes d’un côté,
le lac de l’autre. Depuis cette année, la commune n’a plus qu’un code
postal (elle en avait deux jusqu’alors). « Avant que le barrage n’existe,
et avant que le village Ubaye ne soit démoli, ce village détruit
touchait Pontis. Nous sommes au carrefour de toutes les montagnes,
de tous les panoramas les plus beaux : quand on est sur la Coquille,
on domine la vallée de la Durance comme celle de l’Ubaye. » Mais ce
charmant coin secret ubayen ne se limite pas à sa jolie place centrale,
si agréable qu’elle soit : le village se compose de multiples hameaux
qu’on peut aller découvrir à pied. On peut aussi s’aventurer sur le
chemin de la fontaine des Miracles, qui part du hameau des Sartres :
« Mais attention, on dit que les jeunes amoureux partaient s’y
promener à deux et revenaient… à trois » plaisante Monsieur Louison,
passionné par son village qui sait séduire ses visiteurs de passage
aussi fort que ses habitants de longue date.
Producteurs
DE PAYS
© Bertrand Bodin
PROdUcTEURS dE PAyS 17