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OPINIONS 95.p65 - Nigerdiaspora

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ANDP ZAMAN LAHIYA : Succession Succession problématique problématique !<br />

!<br />

HEBDOMADAIRE NIGÉRIEN INDÉPENDANT D'ANALYSES POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIALES - N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009 - PRIX : 300 FCFA<br />

CLASSES PREFABRIQUEES :<br />

Troublant Troublant marché<br />

marché<br />

de de 7 7 milliards milliards !<br />

!<br />

SIXIEME REPUBLIQUE :<br />

LA A FORTERESSE<br />

FORTERESSE<br />

ASSIEGEE ASSIEGEE Par<br />

le Pr Bilal Tefridj<br />

Si l’on ajoute à cela le combat épique que mène l’opposition, on peut se demander honnêtement<br />

jusqu’à quand tiendront-ils le siège ? L’histoire militaire nous apprend que les forteresses, quelles<br />

qu’elles soient, lorsqu’elles sont assiégées, elles ne tiennent que le temps que durent les réserves<br />

et l’enthousiasme des chefs. La 6 e République a peu de réserves et l’enthousiasme des putschistes<br />

s’est émoussé. Malgré les clameurs de ses thuriféraires, tout le monde sait que c’est une république<br />

précaire et provisoire. Je sais que les principaux animateurs, sûrs et arrogants, ont toujours les<br />

mots et les médias publics pour vociférer et crier à tue-tête, qu’il n’y a ni crise, ni problème politique<br />

au Niger ; mais en la matière je fais confiance à ce personnage émérite qui a dit qu’il préfère « le<br />

doute des intelligents à la certitude des imbéciles». Moi aussi.<br />

AFFAIRE HADJ 2009 :<br />

Que Que s’est-il s’est-il réellement réellement passé passé ?<br />

?


Page 2<br />

Vigny et son œuvre<br />

(suite et fin)<br />

Les tournants de<br />

la quarantaine<br />

La mort de sa mère, le 21 décembre<br />

1837, acheva de plonger Vigny dans une<br />

prostration résultant à la fois du sentiment<br />

diffus d’une culpabilité et de la<br />

certitude de la fatalité. Les relations de<br />

Vigny avec Marie Dorval souffrirent dès<br />

lors d’une irrémédiable dégradation, renforcée<br />

d’ailleurs par les infidélités réciproques<br />

et dissimulées des deux amants –<br />

notamment celle, fameuse, de Marie avec<br />

George Sand. Sous le signe de deux<br />

épées croisées et haut levées, amèrement<br />

dessinées dans un carnet quotidien,<br />

la rupture fut consommée le 17 août<br />

1838.<br />

Reparti le 2 septembre 1838 pour un<br />

second séjour au Maine- Giraud, Vigny<br />

s’efforça de relever les ruines d’une propriété<br />

qui lui revenait comme un fardeau,<br />

et dans laquelle il pensait cependant<br />

pouvoir découvrir les racines de son aristocratie,<br />

tout en retrouvant les joies de la<br />

poésie qu’il avait délaissées depuis près<br />

de sept ans. La Mort du loup, dans l’élan<br />

scriptural de sa leçon sévère, portait la<br />

trace du bonheur de ces retrouvailles –<br />

notamment dans ses célèbres derniers<br />

vers, qui passent souvent pour contenir et<br />

résumer l’essentiel du testament poétique<br />

de Vigny :<br />

« Que j’ai honte de vous, débiles que<br />

nous sommes ! (…)<br />

Seul le silence est grand, tout le reste est<br />

faiblesse. (…)<br />

Gémir, pleurer, prier, est également lâche.<br />

Fais énergiquement ta longue et lourde<br />

tâche<br />

Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,<br />

Puis, comme moi, souffre et meurs sans<br />

parler ».<br />

(La Mort du loup, in les Destinées).<br />

Toutefois, le séjour charentais fut bref,<br />

interrompu en novembre par la nécessité<br />

de rejoindre Londres une seconde fois<br />

afin d’y régler désormais la succession<br />

du père – récemment décédé – de Lydia<br />

Bunbery. La démarche de Vigny, dictée<br />

par la nécessité de préserver les intérêts<br />

de sa femme face aux prétentions des<br />

enfants du second mariage de Sir Hugu<br />

Mill Bunbery, ne fut pas couronnée de<br />

succès. Mais à son retour à Paris, influencé<br />

par les visites qu’il avait pu effectuer<br />

dans les musées londoniens, Vigny<br />

rédigea dès novembre 1839 Le Mont des<br />

Oliviers, avec en arrière-plan de son imagination<br />

le célèbre tableau de Mantegna :<br />

« (Jésus) se courbe à genoux, le front<br />

contre la terre ;<br />

Puis regarde le ciel en appelant « Mon<br />

Père ! »<br />

Mais le ciel reste noir et Dieu ne répond<br />

pas ».<br />

(Le Mont des Oliviers, I, ibid.).<br />

Les relations – d’abord excellentes puis<br />

de plus en plus tendues – de Vigny avec<br />

Sainte-Beuve dégénérèrent en crise<br />

ouverte en octobre 1840 à la suite de<br />

l’article Dix après en littérature commis<br />

par le critique. Vigny devint alors de plus<br />

en plus indifférent à la réception de ses<br />

œuvres, édifiant dès cette époque cette<br />

mythification compensatrice de la « Postérité<br />

», seule susceptible de récompenser<br />

les sacrifices du poète et du penseur.<br />

Publiant alors dans la Revue des Deux<br />

Mondes les premiers textes poétiques<br />

qui furent ultérieurement réunis de manière<br />

posthume sous le titre des Destinées,<br />

Vigny confia donc au public La<br />

Flûte (novembre 1842), puis La Sauvage<br />

(janvier 1843), alors que commençaient<br />

pour lui, au milieu du tumulte des apostasies<br />

contemporaines, les combats préliminaires<br />

de son investiture académique<br />

:<br />

« Tout homme a vu le mur qui borne son<br />

esprit. »<br />

(La Flûte, III, in Les Destinées),<br />

« La Loi d’Europe est lourde, car au<br />

centre est le Juste. (…)<br />

Vous m’appelez la loi, je suis la liberté. »<br />

(La Sauvage, IV, ibid).<br />

Plusieurs présentations pour des raisons<br />

diverses demeurèrent vaines – les<br />

Immortels lui ayant notamment préféré<br />

Sainte-Beuve (1843) et Mérimée (1844).<br />

Ce n’est effectivement qu’à sa sixième<br />

candidature que Vigny fut élu, le 8 mai<br />

1845, en remplacement de Charles –<br />

Guillaume Etienne, au trente-deuxième<br />

fauteuil de l’Académie française – celui<br />

de Vaugelas puis de Scudéry. La cérémonie<br />

d’investiture, tout empreinte de la<br />

fielleuse hypocrisie du comte Molé,<br />

uniquement orientée vers la recherche<br />

d’intérêts courtisans et méprisants,<br />

blessa très profondément et durablement<br />

le comte de Vigny, lequel, soulignant<br />

d’un trait de crayon d’or tous les<br />

passages de son propre discours qui<br />

suscitaient l’approbation de l’auditoire,<br />

se drapa de plus belle dans un orgueil<br />

supérieur que beaucoup de contemporains,<br />

et de critiques ou historiens ultérieurs,<br />

prirent pour de la suffisance.<br />

Elans et retraits de<br />

la cinquantaine<br />

La Bouteille à la mer (septembre 1847) et<br />

Wanda (novembre 1847) constituèrent à<br />

cette date les marques de l’épanchement<br />

secret du poète qui instituait la<br />

littérature, et singulièrement la poésie,<br />

en énergie morale rédimante :<br />

« La France est pour chacun ce qu’y<br />

laissa son cœur (…)<br />

Le vrai Dieu, le Dieu fort est le Dieu des<br />

idées ! (…)<br />

Jetons l’œuvre à la mer, la mer des<br />

multitudes :<br />

Dieu la prendra du doigt pour la conduire<br />

au port. »<br />

(La Bouteille à la mer, X et XXVI, ibid).<br />

Soucieux de ne pas perdre le contact<br />

avec la réalité de ses contemporains,<br />

Vigny s’intéressa à la révolution de 1848<br />

en se présentant à la députation (avril<br />

1848), et solidairement, et sans réellement<br />

faire compagne autrement que par<br />

une très abstraite lettre aux électeurs de<br />

la Charente ! Sans succès bien sûr,<br />

mais aussi sans avoir fait les efforts<br />

nécessaires de démagogie – qui, au<br />

reste, lui répugnaient – pour conquérir un<br />

électorat. L’attitude était significative de<br />

la manière dont Vigny entendait faire<br />

LITTERATURE<br />

triompher ses idées de progrès social,<br />

sans souiller sa blanche hermine des<br />

boues du chemin.<br />

Le troisième séjour au Maine – Giraud fut<br />

pour lui, et pour Lydia, l’occasion de<br />

remettre en valeur l’exploitation<br />

familialement léguée comme le conservatoire<br />

d’une philosophie de l’existence,<br />

et le dépôt de valeurs à protéger : de<br />

cette époque date la signature « de Vigny,<br />

Vigneron ». Ayant achevé en août<br />

1849 le poème Les Destinées, Vigny fut<br />

obligé de revenir à Paris pour assumer la<br />

direction de l’Académie française au cours<br />

des trois derniers mois de l’année. Il ne<br />

revint en Charente qu’au mois de juin<br />

1850, et s’établit alors dans la demeure<br />

ancestrale jusqu’à l’automne 1853. Les<br />

dix dernières années de la vie du poète<br />

furent marquées par la dégradation sensible<br />

de son propre état de santé, et par<br />

l’affaiblissement continu de son épouse,<br />

qui transforma Vigny en perpétuel gardemalade,<br />

mais aussi par d’ultimes<br />

amours. Ayant entretenu, de mars 1854<br />

à décembre 1857, une liaison passionnée<br />

avec Louise Colet – à qu’il écrivait<br />

des lettres si enflammées qu’il le « ponctuait<br />

» de gouttes de sperme -, Vigny<br />

rompit définitivement avec celle qui avait<br />

été, entre 1846 et 1854, la maîtresse pus<br />

l’amie de Flaubert, pour succomber à<br />

l’amour à la fois « paternaliste » et sensuel<br />

qu’il vouait à Alexandrie – Augusta<br />

Froustey Bouvard, sa dernière passion,<br />

âgée de moins de 25 ans. La correspondance<br />

échangée avec la jeune femme<br />

montre un Vigny certes vieillissant, mais<br />

toujours attentif à offrir de lui-même le<br />

meilleur de son expérience et de ses<br />

réflexions, l’amoureux se doublant en lui<br />

d’un pédagogue soucieux de l’épanouissement<br />

personnel de l’aimée.<br />

Théorie littéraire<br />

Avec les Réflexions sur la vérité dans l’art<br />

(18277), qui servirent de Préface à la<br />

troisième édition de Cinq.-Mars (1829),<br />

Vigny tenta de préciser, dans sa conception<br />

du roman historique, les rapports de<br />

l’art et de l’Histoire : « L’étude du destin<br />

général des sociétés n’est pas moins<br />

nécessaire dans les écrits que l’analyse<br />

du cœur humain. » Le roman – un genre<br />

qu’il s’excuse presque d’utiliser – lui<br />

semble propice à l’exposé des « faits »<br />

dans l’exactitude de leur « réalité », mais<br />

selon « l’idée que chacun d’eux doit<br />

représenter aux yeux de la postérité». Il<br />

postule ainsi le droit de faire passer la<br />

«VERITE de l’Art» avant le «vrai du fait» :<br />

l’une correspond à « un ensemble idéal<br />

(des) principales formes » de l’autre, elle<br />

participe de cette «œuvre de l’imagination<br />

et de ce grand BON SENS qui est le<br />

génie lui-même». Il s’agit d’offrir «le spectacle<br />

philosophique de l’homme profondément<br />

travaillé par les passions de son<br />

caractère et de son temps », et ce « qu’il<br />

y a de vrai n’est que secondaire ». Vigny<br />

justifia ces hardiesses par la formule<br />

célèbre, à laquelle il ne peut s’empêcher<br />

de donner la forme de l’alexandrin : «L’histoire<br />

est un roman dont le peuple est<br />

l’auteur». L’imagination populaire, qui<br />

donne à la «chrysalide du fait (…) les<br />

ailes de la FICTION», lui parait meilleur<br />

juge que les «consciences littérairement<br />

timorées».<br />

Théoricien du roman historique, Vigny<br />

défendit des thèses tout aussi audacieu-<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

ses à propos du drame romantique. Dans<br />

la Lettre à Lord sur la soirée du 24<br />

octobre 1829 et sur un système dramatique,<br />

au lendemain de la première<br />

d’Othello, le More de Venise, il s’en<br />

prend au «vieux trépied des unités» «Il<br />

fallait, dans des vestibules qui ne menaient<br />

à rien, des personnages n’allant<br />

nulle part, parlant de peu de choses,<br />

avec des idées indécises et des paroles<br />

vagues, un peu agités par des sentiments<br />

mitigés, des passions paisibles,<br />

et arrivant ainsi à une mort gracieuse ou<br />

à un soupir faux. La politesse de Cour,<br />

« niveleuse (qui) efface et aplanit tout»,<br />

lui est particulièrement odieuse : il faut<br />

appeler par leur noms le «mouchoir» -<br />

c’est notamment parce que ce mot, tenu<br />

pour obscène, y avait été prononcé que<br />

sa version en vers d’Othello (1829) avait<br />

scandalisé et échoué -, le «chien » ou<br />

l’«éponge» ; parler d’ »espions et non de<br />

«ces mortels dont l’Etat gage la vigilance.»<br />

Néanmoins, Vigny se défiait de positions<br />

théoriques : « La vanité la plus vaine est<br />

peut-être celle des théories littéraires. Je<br />

ne cesse de m’étonner qu’il y ait eu des<br />

hommes qui aient pu croire de bonne foi,<br />

durant un jour entier, à la durée des<br />

règles qu’ils écrivaient (…) Il n’y a ni<br />

maître ni école en poésie (…) » (Préface<br />

à Chatteron).<br />

L’inspiration hautaine, empreinte de stoïcisme,<br />

du comte Alfred de Vigny a sculpté<br />

de l’image d’un « poète philosophe » ; il<br />

appartint pourtant, par sa sensibilité, au<br />

grand mouvement de la poésie romantique,<br />

et préfigure à certains égards la<br />

poésie symboliste. De même a-t-il joué<br />

un rôle de premier plan dans le développement<br />

du roman historique et du drame<br />

romantique.<br />

Une gloire parcimonieuse<br />

Noble privé de roi, soldat privé de guerre,<br />

époux privé d’enfant, amant privé d’amour,<br />

Vigny avait tout d’un fin de race privé<br />

d’avenir. Mais toutes ces privations furent<br />

sa chance littéraire : poète, romancier,<br />

dramaturge, l’écrivain pallia manques<br />

et absences par une double maîtrise<br />

– les vers, où le meilleur côtoie le<br />

pire, mais aussi la prose, trop nécessaire<br />

-, jointe à la constante exigence du<br />

philosophe. De son vivant, Vigny, sans<br />

atteindre la popularité de son aîné Lamartine<br />

ou de son cadet Hugo, fut ainsi<br />

un écrivain respecté, même lorsqu’aux<br />

éloges enthousiastes de Saint –Beuve<br />

succédèrent les éreintements de « Sainte<br />

– Beuve » : Balzac, Gautier, Flaubert,<br />

Baudelaire l’admiraient. Au XXème siècle,<br />

Proust – qui le plaçait au premier<br />

rang que Baudelaire parmi les poètes –<br />

Desnos – qui célébra « sa noblesse<br />

d’âne et d’attitude » -, Char – qui reconnaissait<br />

un « ascendant » en ce poète<br />

ombrageux et sombre philosophe – contribuèrent<br />

à immortaliser Vigny. Néanmoins,<br />

comme l’a montré, en 1997, la<br />

commémoration du bicentenaire de sa<br />

naissante – bien moins célébré que le<br />

centenaire de celle d’Aragon ou de Bataille<br />

-, l’auteur des Destinés reste<br />

aujourd’hui connu surtout de quelques<br />

amateurs éclairés, qui s’emploient avec<br />

ferveur à mieux diffuser une œuvre diverse<br />

mais difficile, que Vigny voulut<br />

aussi rare qu’essentielle.<br />

Ayouba Karimou


ACTUALITE<br />

ANDP ZAMAN LAHIYA :<br />

Succession problématique !<br />

Disparu le 14 juin 2009 au cour d’une<br />

manifestation de protestation contre<br />

l’hydre du tazarché, Moumouni<br />

Djermakoye Adamou, affectueusement<br />

appelé PF, laisse derrière lui<br />

un parti désormais orphelin à la recherche<br />

d’un nouveau leader pour<br />

reprendre le flambeau de la paix et<br />

du consensus qui avait animé son<br />

père fondateur sa vie durant. Comme<br />

vous le savez, toutes les successions<br />

sont difficiles à assurer, surtout<br />

les successions politiques où<br />

c’est plus souvent la personnalité du<br />

défunt qui était le ciment unificateur<br />

de la ligne idéologique et politique<br />

qu’il défendait.<br />

Créée à partir d’une scission du<br />

MNSD, l’Alliance Nigérienne pour la<br />

Démocratie et le Progrès (ANDP)<br />

est un parti né dans le défi : celui de<br />

montrer à la face des Nigériens que<br />

le Colonel Moumouni Djermakoye<br />

Adamou est un grand homme politique,<br />

un visionnaire, un avant-gardiste<br />

de la démocratie qui peut bien diriger<br />

le Niger si on le lui confie. Ainsi est né<br />

le Zaman Lahiya et qui prospérera<br />

aux premières élections sur la base<br />

de cette référence fondamentale.<br />

Nous n’avions pas attendu sa mort<br />

pour lui rendre hommage, pour le<br />

rôle ô combien important que feu<br />

Moumouni Djermakoye avait joué<br />

dans l’avènement de l’alternance<br />

démocratique au pouvoir en étant<br />

membre fondateur actif de l’AFC<br />

qui permit au candidat de la CDS de<br />

l’emporter face au candidat du<br />

MNSD Tandja Mamadou. A l’époque,<br />

beaucoup de Nigériens<br />

n’avaient pas compris le choix historique<br />

de ce visionnaire politique<br />

qui prendra sa revanche sur l’histoire<br />

avec le tazarché. Il faut dire<br />

que l’assise électorale de l’ANDP<br />

était essentiellement située dans la<br />

bande Ouest du pays (Dosso, Niamey<br />

et Tillabéri) où il puisait tout son<br />

contingent de députés ainsi que des<br />

conseillers municipaux. Il faut également<br />

qu’après avoir connu son<br />

apogée aux premières heures de la<br />

démocratie multipartisanes, l’ANDP<br />

amorça un déclin qui le confina à ne<br />

même plus pouvoir constituer son<br />

propre groupe parlementaire à l’Assemblée<br />

Nationale. Mais depuis que<br />

feu Djermakoye s’était illustré<br />

comme une des figures de proue<br />

de la croisade anti-tazarché, le parti<br />

semble avoir retrouvé ses lustres<br />

d’antan et c’est dans cette nouvelle<br />

perspective de renouveau du parti<br />

que s’annonce le congrès électif pour<br />

désigner le successeur de<br />

Djermakoye. Aux dernières nouvelles,<br />

cinq candidats sont en lice pour<br />

la présidence de l’ANDP : trois de<br />

Dosso, Ali Seyni Gado, neveu du<br />

défunt, Amadou Bagnou et l’ancien<br />

député Dan Dijé, les deux autres<br />

candidats sont tous issus de Tillabéri,<br />

à savoir Amadou Nouhou et Moussa<br />

Issa. Comme vous le voyez, la succession<br />

s’annonce âpre et à défaut<br />

d’un consensus fort, elle risque de<br />

fragiliser davantage un parti qui se<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

Page 3<br />

remettait en forme. Une chose demeure<br />

cependant sure, l’ancrage<br />

dossolais de l’ANDP est indispensable<br />

à la survie du parti. Or pour conserver<br />

cet ancrage, il serait souhaitable<br />

de porter à la tête du parti un<br />

candidat issu de cette région, ce qui<br />

permettrait aux populations de Dosso<br />

de continuer à s’identifier à l’ANDP.<br />

La méthode n’est certes pas démocratique,<br />

mais elle a l’avantage de<br />

convenir à la nature des partis politiques<br />

créés au Niger.<br />

Ayouba Karimou<br />

AFFAIRE HADJ 2009 :<br />

Que s’est-il réellement passé ?<br />

Ces derniers temps l’actualité est dominée par l’affaire dite du Hadj avec<br />

l’énorme scandale financier relatif à la main-levée de la caution de Jordania<br />

Airways. En effet, dans le cadre de l’organisation du Hadj, la compagnie<br />

aérienne Jordania Airways devait transporter 6.000 sur les neuf mille<br />

pèlerins nigériens sur les Lieux Saints de l’Islam. Pour faciliter la tâche à ces<br />

compagnies, l’Etat du Niger s’était porté garant et avait déposé à cet effet<br />

une caution dans une banque de la place. Cette caution était placée sous<br />

la tutelle du Ministère de l’Economie et des Finances via la Trésorerie<br />

Générale. Comme vous le savez, l’organisation du Hadj au Niger fait l’objet<br />

d’une commission pluridisciplinaire composée de plusieurs cadres venus<br />

des différents ministères concernés. C’est elle qui est au début et à la fin<br />

de toutes les opérations du pèlerinage. Il s’est trouvé des problèmes dans<br />

la réalisation du contrat de Jordania Airways qui ne sont point liés à la<br />

capacité de ses aéronefs comme on veut le faire croire. Lorsque la<br />

commission technique a informé pour dire à qui de droit que tout était OK<br />

du côté de Jordan Airways, l’Inspecteur des Finances Issa Labo demanda<br />

la main-levée sur la caution afin de permettre à la compagnie d’effectuer<br />

ses opérations. Malheureusement, la résiliation unilatérale du contrat par la<br />

suite par l’Etat du Niger sera à l’origine de la volatilisation des deux milliards<br />

quatre cent millions par Jordania. Voila où nous en sommes dans ce<br />

dossier et nous continuons nos investigations. Mais sachez d’ores et déjà<br />

que cette affaire est loin d’être ce que l’on entend un peu partout dans<br />

Niamey, car elle a des ramifications profondes. Affaire donc à suivre.<br />

Ousseina A.C.<br />

LA REFONDATION DE LA REPUBLIQUE<br />

La refondation de la République, c’est l’organisation d’un coup<br />

de force constitutionnel au moyen de la tenue d’un référendum<br />

constitutionnel illégal, la suppression des libertés publiques,<br />

la mise en place d’institutions vides de tous pouvoirs<br />

ayant plutôt pour vocation à exécuter la volonté d’un seul<br />

homme, la caporalisation des médias publics et enfin et surtout,<br />

faire mains basses sur les ressources minières du pays<br />

dans l’intérêt de la famille et du clan. La refondation se reflète<br />

comme la consécration d’un pouvoir personnel fondé<br />

sur la loyauté, peut-être pas sur l’ensemble des forces armées,<br />

mais à tout le moins de la hiérarchie militaire ! Voila<br />

l’alpha et l’oméga de la refondation. La refondation s’explique<br />

également par tous ces parasites qui grenouillent autour<br />

de ce banquet funeste digne du Comte de Dracula, incapables<br />

de se réaliser à partir de leurs propres ressorts, mais<br />

qui, telles des sangsues, sont bien obligées de se loger dans<br />

des pseudo organismes pour vivre et survivre ! Leur désinfectant,<br />

leur antidote est bien entendu le déroulement normal<br />

du processus démocratique qu’ils essaient d’obstruer par tous<br />

les moyens, même si cela devait passer par la cadavérisation<br />

de tous les Nigériens !


Page 4<br />

NATION<br />

CLASSES PREFABRIQUEES :<br />

Troublant marché de 7 milliards !<br />

Le (mauvais) document que nous<br />

publions est un marché de onze<br />

millions deux cent cinquante mille<br />

Euro, soit sept milliards trois cent<br />

soixante dix neuf millions cinq cent<br />

seize mille deux cent cinquante<br />

francs CFA (7.379.516.250 F), signé<br />

et approuvé le 24 novembre<br />

2008 entre l’Etat du Niger et la Société<br />

Poly Technologies Inc, société<br />

chinoise, pour la construction de sept<br />

cent vingt (720) classes préfabriquées.<br />

Le marché est actuellement<br />

en cours d’exécution, les premières<br />

cargaisons de matériaux viennent<br />

d’être acheminées au Niger la semaine<br />

dernière. Mais avant d’entrer<br />

véritablement dans les détails de ce<br />

troublant marché, il serait judicieux,<br />

afin d’en saisir les tenants et aboutissants,<br />

de faire la genèse de l’initiative<br />

des classes préfabriquées au<br />

Niger.<br />

Genèse des faits<br />

L’idée des classes préfabriquées au<br />

Niger, d’après certaines informations<br />

que nous avons recueillies, était apparue<br />

dans les années 2007, à deux<br />

ans pile de l’expiration du second et<br />

dernier mandat du Président Tandja.<br />

Or comme vous le savez, le fameux<br />

Programme Spécial, aujourd’hui<br />

remplacé par la Refondation, avait,<br />

entre autres, comme ambition de<br />

construire mille (1000) classes par<br />

an, soit dix milles classes en dix ans,<br />

afin de remplacer les classes en<br />

paillotes (12.000). Noble ambition<br />

au départ, mais entre l’intention et la<br />

réalité, il y a bien souvent une différence<br />

fondamentale. Malheureusement,<br />

dans sa phase de réalisation,<br />

le Programme Spécial fut très décevant,<br />

car l’exécution des travaux,<br />

neuf fois sur dix, avait été confiée à<br />

la camarilla politique qui, comme<br />

d’habitude, empocha les sous pour<br />

s’arrêter, bien souvent, à quarante<br />

ou trente pour cent de taux de réalisation<br />

des travaux, et cela en toute<br />

impunité. Certainement que le Président<br />

Tandja, pas encore devenu le<br />

Président de la Refondation, s’étant<br />

aperçu qu’il ne pouvait tenir le pari<br />

des dix milles classes dans les deux<br />

ans qui lui restaient au pouvoir, il<br />

recourut à cette formule ‘’shap shap’’<br />

de classes préfabriquées qui avait<br />

l’avantage, dans le principe, d’être<br />

rapidement opérationnelles. Ce raisonnement<br />

aussi cohérent puisset-il<br />

paraître, n’en prête pas moins le<br />

flanc à la critique, à la lumière de<br />

certains éléments que nous allons<br />

détailler plus tard.<br />

Les non-dits du marché<br />

Comme nous l’avions dit plus haut,<br />

ce marché a été octroyé par Entente<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009


Directe à la Société POLY TECH-<br />

NOLOGIES INC, en dehors de toute<br />

concurrence. Or, le Code des Marchés<br />

Publics (CMP), à son Article 42<br />

(nouveau), énonce rigoureusement<br />

les conditions dans lesquelles des<br />

dérogations peuvent être faites pour<br />

passer par un marché par Entente<br />

Directe. Ces conditions sont au nombre<br />

de quatre :<br />

- « les marchés de travaux<br />

publics, de fournitures ou<br />

services passés dans le<br />

cadre de la Défense Nationale<br />

ou de la Sécurité Publique<br />

et considérés<br />

comme secrets ou dont<br />

l’exécution doit s’accompagner<br />

de mesures particulières<br />

de sécurité incompatibles<br />

avec des mesures<br />

de publicité ;<br />

- En cas d’urgence impérieuse<br />

justifiée par des circonstances<br />

imprévisibles<br />

et pour satisfaire des besoins<br />

résultant d’une situation<br />

de conflit grave ou<br />

d’une catastrophe naturelle<br />

(sécheresse, famine,<br />

intempérie, incendie,<br />

séisme, accident, épidémie,<br />

invasion acridienne<br />

ou aviaire, ouvrage effondré<br />

ou menacé d’effondrement)<br />

dont les conséquences<br />

exigent une réparation<br />

immédiate ;<br />

- Les marchés de travaux,<br />

fournitures ou services<br />

destinés à répondre à des<br />

besoins qu ne peuvent être<br />

satisfaits que par un prestataire<br />

ou groupe de prestataires<br />

détenant un brevet<br />

d’invention, une licence,<br />

une marque, des<br />

droits exclusifs ou une<br />

qualification unique ;<br />

- La nécessité, pour des raisons<br />

techniques, de continuer<br />

avec le même prestataire<br />

lorsque les travaux,<br />

fournitures ou services<br />

complètent ceux ayant fait<br />

l’objet d’un premier marché<br />

entièrement exécuté<br />

avec satisfaction par le titulaire<br />

et après une procédure<br />

d’appel d’offres. »<br />

Au regard de cette disposition, on ne<br />

peut plus claire du CMP, le marché<br />

n°435/08/MEF/DGCF était entaché<br />

d’une irrégularité dans sa passation<br />

susceptible de le rendre attaquable<br />

devant les juridictions administratives<br />

aux fins d’annulation, car il était<br />

faux ! Alors, la question qu’on serait<br />

en droit de se poser pourrait être la<br />

suivante : comment l’Autorité de<br />

Régulation des Marchés Publics<br />

(ARMP), gardienne en la matière,<br />

a-t-elle pu fermer les yeux sur<br />

cette grave violation du CMP ?<br />

Mieux, lorsque votre serviteur, dans<br />

le cadre des investigations de ce<br />

dossier, s’était présenté dans les<br />

locaux de l’ARMP pour poser des<br />

questions, il n’eut pour toutes réponses<br />

que les ‘’euh euh’’ de Wassalké<br />

Boukari et ses collaborateurs qui se<br />

regardaient entre eux comme des<br />

bambins pris en flagrant délit de chapardage<br />

des bonbons sur l’étagère !<br />

Pour justifier l’injustifiable, on avait<br />

argué que le marché était une convention<br />

entre l’Etat du Niger et la<br />

République Populaire de Chine, mais<br />

en réalité ce marché était financé<br />

grâce au bonus de 123 milliards<br />

obtenu en juillet 2008 et budgétisé<br />

en 2009. Donc, il s’agissait bel et<br />

bien d’un marché financé sur le Budget<br />

national qui ne pouvait ignorer<br />

les dispositions claires et pertinentes<br />

de l’article 42 (nouveau) relatives<br />

aux conditions requises pour passer<br />

un marché par entente directe.<br />

Voyez-vous, comme nous l’avions<br />

déjà dit plus haut, l’idée des classes<br />

préfabriquées au Niger était concomitante<br />

à la survenance du bonus<br />

chinois et ne saurait donc être justifiée<br />

par une quelconque urgence<br />

apparue en 2007.<br />

A présent, il convient d’apprécier<br />

réellement ce marché pour y découvrir<br />

l’aspect mafieux de cette affaire.<br />

En effet, s’il fallait recourir à la solution<br />

des classes préfabriquées pour<br />

le remplacement des classes en<br />

paillotes, ce serait essentiellement<br />

pour deux raisons : l’urgence et,<br />

surtout, la faiblesse du coût par rapport<br />

aux classes traditionnelles. Or,<br />

dans le cas bien précis de ce marché,<br />

où se trouvait l’urgence du<br />

moment où, c’est maintenant, un<br />

trimestre après la rentrée, que commence<br />

l’exécution du marché vraiment<br />

‘’préfabriqué’’ ? Dans le même<br />

intervalle de temps, puisque l’argent<br />

étant déjà disponible depuis le début<br />

de l’année 2009, on aurait pu construire<br />

et livrer toutes ces classes<br />

pour la rentrée 2009 – 2010 ! Ensuite,<br />

s’agissant du coût, vous aurez<br />

remarqué sur le document que la<br />

classe préfabriquée a été facturée à<br />

10 millions de nos francs, alors que<br />

nous savons que dans le cadre du<br />

Programme Spécial, la classe traditionnelle<br />

tourne autour de cinq millions<br />

! Faites le calcul et vous verrez<br />

qu’avec le montant de 7 milliards et<br />

des poussières, au lieu de 720 classes<br />

préfabriquées, on aurait pu construire<br />

et livrer 1460 classes !<br />

Ces derniers temps au Niger, on a<br />

beaucoup glosé sur la souveraineté,<br />

le patriotisme, bref toutes ces grandes<br />

notions pour justifier la<br />

refondation ou le tazarché. On est<br />

allé jusqu’à plagier des concepts<br />

développés au Bénin pour maquiller<br />

la grosse escroquerie politique qui a<br />

fondé la Sixième république. Mais ce<br />

que les tazarchistes et leurs men-<br />

NATION<br />

tors ignorent ou feignent d’ignorer,<br />

c’est que la notion du patriotisme<br />

n’est pas seulement politique, elle<br />

englobe tous les domaines de la vie<br />

nationale, y compris l’économie. Où<br />

est alors le patriotisme quand on<br />

octroie un marché de cette envergure,<br />

par entente directe, à une entreprise<br />

étrangère, en toute violation<br />

des règles et procédures nationales,<br />

privant du coup les entrepreneurs<br />

locaux de cette grande bouffée<br />

d’oxygène ? A supposer que ce<br />

marché ait été attribué à des entrepreneurs<br />

nigériens, chaque classe<br />

nécessitant au moins un maçon et<br />

quatre manœuvres, c’est environ<br />

7000 jeunes nigériens qui auraient<br />

pu être employés sur ces différents<br />

chantiers sans compter les emplois<br />

indirects de Katako pour le fer et le<br />

ciment. On avait, naïvement, cru que<br />

la refondation était faite pour les jeunes<br />

nigériens et non pour les jeunes<br />

… chinois ! Toujours en termes de<br />

patriotisme, avec ce même montant,<br />

c’est environ près d’un milliard<br />

quatre d’impôts directs et indirects<br />

dont la DGI aurait pu bénéficier si ce<br />

marché avait été confié à des entreprises<br />

nigériennes.<br />

En tout état de cause, les 720 classes<br />

préfabriquées ne mettront pas<br />

fin aux classes en paillotes au Niger,<br />

puisqu’elles ne représenteront que<br />

6% de ces dernières, et c’est à ce<br />

niveau qu’on découvre le caractère<br />

fumeux de cette affaire qui est loin<br />

des impératifs de doter l’école nigérienne<br />

de meilleures infrastructures.<br />

Conclusions<br />

Nos lecteurs se seront certainement<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

Page 5<br />

aperçus que nous avons fait preuve<br />

de mansuétude vis-à-vis de l’ARMP<br />

et du MEN, le ministère émetteur du<br />

marché en question. Ce ‘’traitement<br />

de faveur’’ est essentiellement dû à<br />

la profonde conviction de votre serviteur<br />

que ni Wassalké, ni le Dr<br />

Samba ‘’ne moyen pas’’ un marché<br />

d’une telle envergure, pour parler<br />

comme l’Ivoirien Gowou ; ils n’exécutent<br />

que des instructions venues<br />

de ‘’en haut de en haut’’ !<br />

Notre curiosité nous a amené à nous<br />

interroger pour savoir si les ficelles<br />

qui tirent les affaires dans les sociétés<br />

minières chinoises présentes<br />

au Niger ne sont pas les mêmes qui<br />

seraient derrière cette affaire de<br />

classes préfabriquées et qui confortent<br />

les citoyens dans la thèse que le<br />

Niger vit, désormais, dans un régime<br />

de PAAC (Parents, Amis, Alliés<br />

et Connaissance). Ces derniers<br />

temps, bien que cela m’arrive très<br />

rarement, votre serviteur a constaté<br />

le tapage médiatique orchestré sur<br />

Télé Tazarché concernant cette histoire<br />

de classes préfabriquées qui<br />

n’est en réalité qu’une histoire préfabriquée,<br />

juste pour noyer le poisson<br />

dans l’eau ! Mais lorsque sonnera<br />

l’heure du bilan, lorsque des comptes<br />

seront demandés, qu’ils soient<br />

tapis quelque part dans les ambassades<br />

en Chine ou ailleurs, ou bien<br />

qu’ils agissent à visage découvert<br />

comme l’ont fait Hadia Toulaye<br />

Tandja avec son compère Ibrahim<br />

Hamidou pour les permis miniers,<br />

les responsables de cette forfaiture<br />

paieront. Ils paieront cash.<br />

Zak<br />

Colloque International du LASDEL à Niamey :<br />

Des intellectuelles au chevet<br />

d’une Afrique en développement<br />

Comprendre le fonctionnement réel de l’Etat à partir d’études empiriques sur deux<br />

segments, à savoir la justice et l’éducation, était l’objectif assigné au colloque international<br />

organisé par le Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur les Dynamiques<br />

Sociales et le Développement Local (LASDEL), avec l’appui de l’Université Johannes<br />

Gutenberg (Allemagne). Financé par la fondation Volkswagen, ce colloque a pour thème<br />

« Etats en chantier en Afrique au Sud du Sahara ».<br />

Ce colloque a réunis d’éminents chercheurs venus d’Afrique, d’Europe et des Etats-<br />

Unis. Ouvert ce lundi 07 décembre 2009, à la salle chinoise de la Faculté des lettres et<br />

Sciences Humaines de l’université Abdou Moumouni de Niamey, ce colloque qui clos<br />

trois années de recherches menées par des personnalités intellectuelles du Bénin,<br />

Ghana, Niger et d’Allemagne sur la construction de l’Etat en Afrique autour des thèmes<br />

de recherches comme la sociologie des professions des magistrats et d’instituteurs,<br />

à travers les questions d’éthique et des rapports aux normes, ainsi que les dynamiques<br />

d’accès qui les articulent entres autres. Ce programme selon le directeur du<br />

LASDEL, le Docteur Mohamadou Abdoulaye est centré sur des recherches Doctorales<br />

qui devraient aboutir d’ici fin 2010 à la soutenance de 19 thèses et 27 mémoires de<br />

Masters. Ainsi, ce colloque est le symbole d’un processus de coopération Nord-Sud et<br />

Sud-Sud, dans un monde profondément tourné vers une globalisation des économies<br />

et des échanges. Dans un exposé présenté par notre compatriote, le Docteur Tidjani<br />

Alou Mahaman, sur le thème « Etat et production des corps d’Etat : l’exemple de la<br />

magistrature au Niger », il a fait la genèse des corps d’Etat au Niger sur fond des<br />

théories de recherches académiques, avant d’évoquer l’historique du corps de la magistrature<br />

au Niger, son degré influence, et sa cadence dans l’ordre politique actuel et<br />

sa dynamique de construction. Durant donc trois jours plusieurs thèmes de portée<br />

scientifique seront abordés tout au long du colloque. A l’heure où le domaine de la<br />

recherche est une entreprise difficile en Afrique, ces éminents chercheurs comptent, à<br />

partir d’études empiriques proposer des schémas de développement au pays du Sud<br />

du Sahara déjà en chantier et en transition politique, économique et sociale. Raison de<br />

plus pour que les nations africaines investissent et assistent le monde académique<br />

dans le domaine de la recherche pour des études quantitatives en matière de développement.<br />

Maharou Habou O.


Page6<br />

CONTRIBUTION<br />

SIXIEME REPUBLIQUE :<br />

LA FORTERESSE ASSIEGEE<br />

Je voudrais tout d’abord présenter<br />

mes excuses pour mon absence<br />

de cette tribune pendant<br />

quelques semaines. J’étais assez<br />

pris, mais je n’ai jamais arrêté de<br />

suivre et de continuer à m’intéresser<br />

à ce qui se passait au Niger.<br />

C’est à ce niveau que je dois remercier<br />

tous les lecteurs d’OPI-<br />

NIONS et les internautes pour<br />

leurs remarques et leurs contributions<br />

par rapport aux articles que<br />

j’ai écrits et les différents mails<br />

qu’ils m’ont envoyés pour s’enquérir<br />

de mon silence. Pendant ce<br />

moment-là, j’ai compris et senti<br />

combien ma contribution était régulièrement<br />

suivie et vous permettait<br />

d’avoir des éléments complémentaires<br />

dans l’analyse de ce<br />

qui se passe dans notre pays.<br />

Il y a donc quelques semaines que<br />

j’ai déserté ces pages, mais les<br />

événements ne se sont pas arrêtés<br />

pour autant, ils se sont même<br />

accélérés avec les élections législatives,<br />

la suspension du Niger<br />

des instances de la CEDEAO et<br />

la convocation du collège électoral<br />

pour les élections municipales.<br />

Par rapport aux acteurs engagés<br />

dans cette étape de la démocratisation<br />

et par rapport aux leçons<br />

que l’on peut tirer de ce conflit, il y<br />

a bien de choses à retenir.<br />

1. Quelques leçons d’étape :<br />

Personne n’a imaginé que le combat<br />

serait facile ; personne ne pouvait<br />

imaginer que des gouvernants<br />

qui se sont délibérément<br />

mis dans une posture de coup<br />

d’Etat pouvaient se dédire et se<br />

remettre en cause aussi facilement.<br />

Il y a plein d’enjeux dans ce<br />

combat ; pour certains mêmes les<br />

enjeux sont vitaux et ils lient leur<br />

survie à la pérennisation de ce régime<br />

frauduleux.<br />

L’analyse du régime tazartché,<br />

même si elle se nourrit chaque<br />

jour des ses propres enseignements,<br />

nous rappelle quand<br />

même que les régimes autoritaires<br />

ou illégitimes ont une vielle<br />

histoire et ont marqué les évolutions<br />

de toutes les sociétés<br />

politiques…Donc Tandja n’a rien<br />

inventé, les peuples sont rôdés<br />

dans le combat contre ce genre<br />

de régimes et ils ont toujours gagné<br />

... C’est une vérité historique<br />

que de rappeler à tous que, quoique<br />

le combat paraisse rude ,ce<br />

régime ne survivra pas à l’hostilité<br />

du peuple nigérien.<br />

Pour dire les choses telles qu’elles<br />

sont, l’avenir de la démocratie<br />

en Afrique et dans la plupart<br />

des pays du Tiers-monde se joue<br />

quelque peu au Niger. La violence<br />

et la brutalité de l’attaque portée<br />

à la démocratie dans ce pays est<br />

un test à la viabilité et à la<br />

durabilité du projet démocratique<br />

dans tous les autres pays du continent.<br />

Un seul recul démocratique<br />

dans n’importe quelle partie du<br />

monde est un prétexte pour tous<br />

les putschistes et fraudeurs tapis<br />

ailleurs. On est surpris que les<br />

tazartchistes s’offusquent que le<br />

monde entier les harcèle sur cette<br />

question ; c’est à croire qu’ils ont<br />

imaginé que le Niger, était ce village<br />

gaulois de la bande dessinée<br />

qui a toujours résisté à tout et<br />

qui vivait en toute autarcie.<br />

Malheureusement pour eux, nous<br />

ne sommes pas dans une fiction,<br />

mais plutôt dans le cadre concret<br />

et réel des relations internationales<br />

portées par une multitude d’accords<br />

et traités dont le Niger est<br />

partie prenante. Qui peut croire<br />

qu’une telle remise en cause<br />

n’aura pas de répercussion dans<br />

d’autres pays d’Afrique et du<br />

monde ? Personne.<br />

Plus les jours passent, plus les<br />

choses se compliquent pour eux.<br />

Les Nigériens, qu’on pensait gagner<br />

à l’usure, ne désarment pas ;<br />

la Communauté Internationale met<br />

la pression et a les moyens de<br />

faire très mal. Les soutiens du régime<br />

perdent leurs repères et leur<br />

argumentaire parait dérisoire et<br />

ridicule. Bref, Tandja et son régime<br />

tazartché sont cernés. Totalement<br />

cernés. Ils sont dans une<br />

forteresse assiégée et n’ont guère<br />

les moyens de tenir leur siège. Ce<br />

scenario était déjà écrit. Nous<br />

l’avons dit et réécrit ici même :<br />

Tandja n’a pas les capacités de<br />

tenir tête à la résistance des nigériens<br />

et à la pression de la<br />

communauté internationale. Un<br />

régime illégitime et illégal est par<br />

nature, un régime fragile, vulnérable<br />

et agonisant.<br />

Mais, nous savons tous que l’hor-<br />

reur s’arrête rarement en chemin.<br />

Il faut toujours lui barrer la route.<br />

Et c’est cela la mission de tous les<br />

démocrates. Du Niger et<br />

d’ailleurs.<br />

2. Ironie de l’histoire…..<br />

En vérité, l’histoire est terrible et<br />

je m’en réjouis. Quoi que vous<br />

fassiez, elle vous rattrapera. En<br />

février 2005, Tandja Mamadou,<br />

Président de la CEDEAO était<br />

médiateur de la crise togolaise et<br />

en recevant, à Niamey, la Délégation<br />

de Faure, il leur avait, face<br />

aux sanctions de la CEDEAO, fermement<br />

conseillé de « ne pas<br />

perpétuer leur isolément » et de<br />

revenir au« mode constitutionnel<br />

de dévolution de pouvoir ».<br />

Comment comprendre que celui<br />

qui édictait de telles exigences<br />

soit aujourd’hui dans la même situation<br />

que Faure Eyadema au<br />

lendemain de la mort de son<br />

père??? !!!!<br />

Voyez-vous, il est intrigant de lire<br />

et d’entendre que l’implication de<br />

la CEDEAO dans le conflit politique<br />

au Niger irrite le Président et<br />

son clan. Oublie t-il donc que c’est<br />

au nom de ces accords et conventions<br />

que lui, à l’époque Président<br />

de ladite organisation, convoquait<br />

ici à Niamey tous les acteurs politiques<br />

togolais et les autres chefs<br />

d’Etat de la sous-région. Le<br />

Togo est-il moins souverain que le<br />

Niger de Tandja ?<br />

Ironie de l’histoire, encore et toujours<br />

: A l’initiative du président<br />

Nigérien Tandja Mamadou, Président<br />

en exercice de la Conférence<br />

des Chefs d’Etat des pays<br />

membres de la CEDEAO, un<br />

sommet extraordinaire a réuni, à<br />

Niamey, 9 chefs d’Etat le 9 février<br />

2005. Y avaient également pris<br />

part le Secrétaire Exécutif de la<br />

CEDEAO, le Président de la<br />

Commission de l’Union Africaine<br />

et le SG de la CENSAD.<br />

Ce sommet avait à son ordre du<br />

jour un seul et unique point : l’examen<br />

de la situation politique qui<br />

prévaut au Togo, à la suite de la<br />

prise de pouvoir par Faure Eyadema.<br />

Les discussions longues et<br />

intenses ont produit un communiqué.<br />

Le sommet avait alors qualifié<br />

cette situation de coup d’Etat<br />

et avait réaffirmé le principe de la<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

non- reconnaissance de tout gouvernement<br />

qui accéderait au pouvoir<br />

par des moyens non constitutionnels.<br />

Il y a donc de la continuité<br />

et de la cohérence dans le<br />

comportement de la CEDEAO et<br />

le Président Nigérien parait, dès<br />

lors, comme la personne la plus<br />

mal placée pour refuser une procédure<br />

et des sanctions qu’il a luimême<br />

initiées et appliquées contre<br />

un autre pays membre, il y a<br />

tout juste quatre ans. J’aime l’histoire,<br />

je vous l’avoue à nouveau.<br />

Voila ce qu’elle nous apprend encore<br />

: Commentant ce qui s’est<br />

passé au Togo, le président Wade<br />

avait dénoncé, au Palais des Congrès<br />

de Niamey « l’habillage législatif<br />

qui a entouré les triturations<br />

de la Constitution. C’est un<br />

grave recul de la démocratie en<br />

Afrique annihilant du coup les<br />

élections libres et l’alternance,<br />

seuls moyens d’accession démocratique<br />

d’accession au pouvoir.<br />

De tels procédés, si on n’y<br />

prend garde, risquent de faire<br />

HEBDOMADAIRE NIGÉRIEN<br />

INDÉPENDANT D'ANALYSES<br />

POLITIQUES, ECONOMIQUES<br />

ET SOCIALES<br />

B.P. 5005 - 20 73 30 91<br />

Niamey - Niger<br />

E-mail : opi_nions@yahoo.fr<br />

Directeur de Publication<br />

Zakari Alzouma C.<br />

CEL : 94-85-54-61<br />

96-88 -92 -13<br />

Rédacteur en Chef<br />

Ayouba Karimou<br />

CEL : 96 96 68 65<br />

Composition&Conception<br />

O.C Amadou<br />

93 92 66 64<br />

Tirage :<br />

1000 exemplaires sur les<br />

presses de la Nouvelle<br />

Imprimerie du Niger<br />

B.P. 61 Niamey


école sur le continent.»Ne suivez<br />

pas mon regard… parce qu’il va<br />

pointer sur ce qui se passe actuellement<br />

au Niger. Comme<br />

quoi, YAR Adu’A et la CEDEAO<br />

sont parfaitement dans leur rôle<br />

aujourd’hui, tout comme TANDJA<br />

et la CEDEAO l’avaient fait il y a<br />

quatre ans.<br />

L’histoire nous enseigne également<br />

beaucoup de choses et<br />

même s’il semble qu’elle ne se<br />

reproduit presque jamais à l’identique,<br />

elle produit toujours des leçons<br />

et des enseignements qui<br />

s’appliquent aux mêmes événements<br />

politiques.<br />

A partir du début des années<br />

soixante -dix, les régimes autoritaires<br />

ont connu une crise qui a<br />

entrainé, dans nombre de cas,<br />

leur effondrement. Tel fut le cas en<br />

Europe du Sud avec la révolution<br />

des œillets au Portugal (1974), la<br />

démocratisation de l’Espagne<br />

post-franquiste (1975), les transitions<br />

en Amérique du Sud, particulièrement<br />

en Argentine (1983)<br />

et au Brésil (1985) et les transitions<br />

démocratiques en Europe<br />

de l’Est.<br />

A partir des années 1990, en Afrique,<br />

beaucoup d’esprits ont envisagé<br />

(ou espéré) que la démocratisation<br />

serait une vertu universelle<br />

et que ce modèle, en ce qu’il contient<br />

comme valeurs, serait<br />

adopté et accepté par la grande<br />

majorité des peuples.<br />

C’est vrai que les occidentaux ont<br />

toujours laissé prospérer les Etats<br />

même les plus antidémocratiques<br />

pour peu qu’ils garantissent leurs<br />

intérêts ; mais, depuis le début<br />

des années 90, on les a rarement<br />

vus cautionner les retours en arrière.<br />

C’est cela qui a échappé<br />

aux tazartchistes.<br />

Abdelhak AZZOUZI, a écrit un excellent<br />

livre « autoritarisme et<br />

aléas de la transition démocratique<br />

dans les pays du Maghreb»<br />

et là- dans, j’y ai trouvé des passages<br />

intéressants, comme celuilà<br />

: « Dès l’été 1989, Francis<br />

Fukuyama, dans National<br />

Interest, s’est voulu utopique et<br />

avait annoncé, tout en empruntant<br />

son cadre conceptuel à<br />

Hegel « L’Etat universel<br />

hégémonique».<br />

Pour cet auteur, le système international<br />

qui se dessine n’est pas<br />

seulement celui de la chute du mur<br />

de Berlin, de la fin de la guerre<br />

froide ou d’une phase particulière<br />

mais la fin de l’histoire : c’est-àdire<br />

la confirmation de la démo-<br />

cratie libérale occidentale comme<br />

forme du gouvernement humain<br />

qui a atteint son universalisation<br />

comme point final de l’évolution<br />

idéologique de l’humanité. L’histoire<br />

prend fin parce que la raison<br />

a atteint son apogée et le réel<br />

de son apothéose. Au lendemain<br />

des attentats du 11 septembre,<br />

Francis Fukuyama écrira que<br />

nous sommes toujours à la fin de<br />

l’histoire, que la démocratie et le<br />

libre échange continueront de<br />

s’étendre (..). L’essayiste nordaméricain<br />

Francis Fukuyama alla<br />

même jusqu’à annoncer la « fin de<br />

l’histoire » entendue comme « la<br />

fin de l’évolution idéologique de<br />

l’humanité et l’universalisation de<br />

la démocratie libérale occidentale<br />

comme forme finale de gouvernement<br />

humain ».<br />

On se rend compte qu’il n’a pas<br />

tout à fait raison. Partout, et particulièrement<br />

en Afrique (et même<br />

en Asie ou en Amérique latine), il<br />

se trouve souvent de gouvernants<br />

pour croire qu’ils peuvent à tout<br />

moment, aller à contre-courant de<br />

l’histoire et mettre fin à des processus<br />

démocratiques. Pourtant,<br />

la plupart des sociétés humaines<br />

considèrent maintenant que la<br />

démocratie est le moins mauvais<br />

des régimes politiques pour les<br />

hommes. C’est une sorte de consensus<br />

universel.<br />

Par ailleurs, une des leçons que<br />

les pays occidentaux ont tirée de<br />

leur histoire est, en effet, que les<br />

monarques absolus ont dû être<br />

renversés lorsqu’ils empêchaient<br />

le changement, et que cela a supposé<br />

des moyens violents et des<br />

révolutions. C’est pour cela que<br />

la démocratie parait non seulement<br />

comme le moins mauvais<br />

des régimes politiques, mais<br />

aussi et surtout l’un des plus civilisés<br />

; parce qu’elle épargne aux<br />

sociétés humaines de recourir à<br />

la violence ou à la guerre pour<br />

conquérir et exercer le pouvoir.<br />

A.AZZOUZI ajoute que « Le passage<br />

d’un régime autoritaire à un<br />

régime démocratique ne suit pas<br />

une seule et même voie. La transition<br />

dépend de multiples facteurs<br />

: l’histoire nationale, la situation<br />

économique, le contexte international...<br />

»<br />

Depuis 25 ans, la démocratie a<br />

fortement progressé dans le<br />

monde. L’Europe du Sud (Portugal,<br />

Espagne, Grèce), dans les<br />

années 74-75; l’Amérique latine<br />

(tous les pays sauf Cuba et le<br />

Mexique) dès la fin des années<br />

CONTRIBUTION<br />

80; l’Europe de l’Est et, en partie,<br />

l’Asie et l’Afrique, ont été submergés<br />

par une vague de démocratisation<br />

qui a emporté les régimes<br />

autoritaires qui y avaient prospéré.<br />

Au début des années 90, la<br />

fin de la guerre froide aidant, ces<br />

évolutions politiques ont nourri un<br />

optimisme bien imprudent. L’ensemble<br />

du monde semblait enfin<br />

converger vers cet ordre démocratique<br />

que la Charte de l’Organisation<br />

des Nations unies appelait<br />

de ses vœux depuis 1945.<br />

L’économie de marché semblait<br />

de surcroît s’imposer partout, face<br />

aux modèles socialiste ou protectionniste<br />

».<br />

La conquête et la consolidation<br />

de la démocratie sont donc des<br />

exercices permanents qui exigent<br />

vigilance et fermeté. Il se trouvera<br />

toujours des imposteurs pour restaurer<br />

l’ordre autoritaire ou monarchique<br />

en le parant souvent de<br />

mots et concepts trompeurs<br />

comme « refondation » au Niger<br />

ou « rectification », il y a quelques<br />

années au, Burkina voisin.<br />

S’il avait suffi simplement de jolis<br />

concepts pour pulvériser les processus<br />

démocratiques dans les<br />

pays africains, l’entreprise aurait<br />

été facile. Heureusement, il en faut<br />

plus. Et aujourd’hui, la 6 e République<br />

du Président Tandja, malgré<br />

le concept galvaudé<br />

de « refondation » et le contrôle<br />

qu’il a sur les institutions publiques,<br />

parait tout simplement<br />

comme une armée encerclée et<br />

coupée de ses bases, une forteresse<br />

assiégée.<br />

3.Tazartché ou la forteresse<br />

assiégée :<br />

Machiavel, dans son célèbre traité<br />

de politique le Prince, a écrit que<br />

« La meilleure place forte qui soit<br />

est de ne pas être haï des peuples.<br />

» il ajoute que « Il est nécessaire<br />

à un prince d’avoir l’amitié<br />

de son peuple ; faute de quoi, il<br />

sera sans remède dans l’adversité.<br />

». Et il avait raison, Machiavel,<br />

sur ce point.<br />

Ces vérités sont intangibles et relèvent<br />

tout simplement du bon<br />

sens. Mais comme la 6 e République<br />

n’est pas une République de<br />

bon sens, il apparaît clairement<br />

aujourd’hui que le régime de<br />

Tandja a ignoré ou, pire, a méprisé<br />

ces vérités.<br />

Malgré tout ce qui a été dit et écrit,<br />

je suis convaincu que le projet<br />

Tazartché a ignoré la capacité de<br />

résistance des Nigériens et les<br />

répercussions que cette situation<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

Page7<br />

pouvait avoir sur la communauté<br />

internationale. Il est à ce propos<br />

intéressant de constater<br />

aujourd’hui la considération que<br />

ce régime a pour cette « Communauté<br />

Internationale » devenue<br />

subitement indésirable. C’est<br />

d’autant plus surprenant que pendant<br />

une décennie, ce régime<br />

s’est toujours glorifié de bons ou<br />

excellents rapports qu’il entretenait<br />

avec cette même Communauté<br />

Internationale. Les journaux<br />

télévisés nigériens font largement<br />

écho de ces activités où l’on signe<br />

des accords de prêts ou de<br />

dons destinés au Niger. Pour un<br />

pays dont le budget repose pour<br />

une large part sur des ressources<br />

externes, ce régime se déployait<br />

à paraître et même à s’auto-décerner<br />

le titre de « bon<br />

élève » des institutions financières<br />

internationales. Les temps ont<br />

changé et ces « bailleurs de<br />

fonds », comme l’Union Européenne,<br />

à l’époque tant chouchoutés,<br />

sont aujourd’hui traités en adversaires.<br />

Mais si politiquement et dans le<br />

discours, le régime de TANDJA<br />

peut défier la communauté internationale,<br />

il reste que dans la réalité<br />

le combat est tout à fait déséquilibré<br />

et nous savons que la<br />

dépendance structurelle et sur<br />

tous les plans dans laquelle se<br />

trouve le Niger, le place dans une<br />

situation fort peu intéressante.<br />

Si l’on ajoute à cela le combat épique<br />

que mène l’opposition, on<br />

peut se demander honnêtement<br />

jusqu’à quand tiendront-ils le<br />

siège ? L’histoire militaire nous<br />

apprend que les forteresses, quelles<br />

qu’elles soient, lorsqu’elles<br />

sont assiégées, elles ne tiennent<br />

que le temps que durent les réserves<br />

et l’enthousiasme des chefs.<br />

La 6 e République a peu de réserves<br />

et l’enthousiasme des putschistes<br />

s’est émoussé. Malgré les<br />

clameurs de ses thuriféraires, tout<br />

le monde sait que c’est une république<br />

précaire et provisoire. Je<br />

sais que les principaux animateurs,<br />

sûrs et arrogants, ont toujours<br />

les mots et les médias publics<br />

pour vociférer et crier à tuetête,<br />

qu’il n’y a ni crise, ni problème<br />

politique au Niger ; mais<br />

en la matière je fais confiance à<br />

ce personnage émérite qui a dit<br />

qu’il préfère « le doute des intelligents<br />

à la certitude des imbéciles».<br />

Moi aussi.<br />

Pr Bilal Tefridj


Page 8 MESSAGE<br />

Coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR)<br />

Programme des conférences-débats à Niamey<br />

Thèmes Communes et lieux Dates et<br />

heures<br />

Liens entre le Tazartché et le C 5 – Siège ANDP 9-12-9<br />

secteur minier<br />

20 heures<br />

Devoir citoyen face au<br />

C 2 – Siège PNDS Lazaret 11-12-09<br />

Tazartché<br />

20 heures<br />

Liens entre le Tazartché et le C 1 – Siège Loumana 12-12-09<br />

secteur minier<br />

Plateau<br />

20 heures<br />

Les conséquences socio- Siège SNAD 13-12-09<br />

économiques du Tazartché<br />

16 h 30<br />

Devoirs citoyen face au C 4 PNDS Talladjé 16-12-09<br />

Tazartché<br />

20 heures<br />

Quel pouvoir politique après le C 3 Loumana Zabarkan 18-12-09<br />

22-12-09<br />

16 h 30<br />

Les conséquences socio- Siège RODADDH 19-12-09<br />

économiques du Tazartché<br />

20 heures<br />

Message Message gratuit gratuit !<br />

!<br />

<strong>OPINIONS</strong> N° 95 DU 09 DECEMBRE 2009<br />

Animateurs<br />

Massaoudou Hassoumi<br />

NB : La liste des animateurs par thèmes n’est pas close.<br />

Bazoum Mohamed (Haoussa)<br />

Soumana Sanda (Zarma)<br />

Massaoudou Hassoumi<br />

ITN<br />

Bazoum Mohamed (Haoussa)<br />

Soumana Sanda (Zarma)<br />

Marou Amadou<br />

et Mme Bayard<br />

Sidibé

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