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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 99<br />

Les journées d'avril, deux mois à peine après la Révolution ; c'est al<strong>le</strong>r vite,<br />

citoyens du gouvernement provisoire !<br />

Et rien n'y a manqué, à ces nouvel<strong>le</strong>s recrues d'avril ! Ni la mitrail<strong>le</strong>, ni <strong>le</strong>s<br />

bou<strong>le</strong>ts, ni <strong>le</strong>s maisons démolies, ni l'état de siège, ni la férocité de la soldatesque,<br />

ni l'insulte aux morts, l'insulte unanime des journaux, ces lâches adorateurs de la<br />

force ! La rue Transnonain est surpassée ! À lire l'infâme récit de ces exploits de<br />

brigands, on se retrouve au <strong>le</strong>ndemain des jours néfastes qui naguère ont couvert la<br />

France de deuil et de honte.<br />

Ce sont bien <strong>le</strong>s mêmes bourreaux et <strong>le</strong>s mêmes victimes ! D'un côté, des<br />

bourgeois forcenés, poussant par derrière au carnage des soldats imbéci<strong>le</strong>s qu'ils<br />

ont gorgés de vin et de haine ; de l'autre, de malheureux ouvriers sans défense sous<br />

la bal<strong>le</strong> et la baïonnette des assassins !<br />

Pour dernier trait de ressemblance, voici venir la cour roya<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s juges de<br />

Louis-Philippe, se ruant comme des hyènes sur <strong>le</strong>s débris du massacre, et<br />

remplissant <strong>le</strong>s cachots de deux cent cinquante républicains. À la tête de ces<br />

inquisiteurs est Franck Carré, l'exécrab<strong>le</strong> procureur général de la Cour des Pairs, ce<br />

Laubardemont 1 qui demandait avec rage la tête des insurgés de mai 1839. Les<br />

mandats d'amener poursuivent jusqu'à Paris <strong>le</strong>s patriotes, qui fuient la proscription<br />

des royalistes.<br />

Car c'est une terreur royaliste qui règne à Rouen, l'ignorez-vous, citoyens du<br />

gouvernement provisoire ? La garde bourgeoise de Rouen a repoussé avec fureur<br />

la République au mois de février. C'est la République qu'el<strong>le</strong> blasphème et qu'el<strong>le</strong><br />

veut renverser.<br />

Tout ce qu'il y avait de républicains de la veil<strong>le</strong> a été jeté dans <strong>le</strong>s fers. Vos<br />

propres agents sont menacés de mort, destitués, gardés à vue. Les magistrats<br />

municipaux, Lemasson, Durand, ont été traînés par <strong>le</strong>s rues, <strong>le</strong>s baïonnettes sur la<br />

poitrine, <strong>le</strong>urs vêtements en lambeaux. Ils sont au secret de par l'autorité des<br />

rebel<strong>le</strong>s ! C'est une insurrection royaliste qui a triomphé dans la vieil<strong>le</strong> capita<strong>le</strong> de<br />

la Normandie, et c'est vous, gouvernement républicain, qui soutenez ces assassins<br />

révoltés ! Est-ce trahison ou lâcheté ? Êtes-vous des p<strong>le</strong>utres ou des complices ?<br />

On ne s'est pas battu, vous <strong>le</strong> savez bien ! On a égorgé ! Et vous laissez<br />

raconter glorieusement <strong>le</strong>s prouesses des égorgeurs. Serait-ce qu'à vos yeux,<br />

comme à ceux des rois, <strong>le</strong> sang du peup<strong>le</strong> n'est que de l'eau bonne à laver de temps<br />

en temps des rues trop encombrées ? Effacez donc alors, effacez de vos édifices ce<br />

1 LAUBARDEMONT : magistrat français mort en 1653. Un des soutiens <strong>le</strong>s plus actifs et <strong>le</strong>s<br />

plus cruels de Richelieu. On lui attribue ce mot : « Montrez-moi une ligne écrite de la main d'un<br />

homme, je saurai <strong>le</strong> faire pendre. »

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