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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 94<br />
6. – ADRESSE AU GOUVERNEMENT<br />
(17 MARS 1848) 1<br />
Citoyens, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> se plaint des tendances réactionnaires d'une partie du<br />
gouvernement provisoire.<br />
Son désir est que <strong>le</strong> pouvoir inaugure sur <strong>le</strong>s barricades tienne d'une main<br />
ferme <strong>le</strong>s rênes de l'État et coupe court aux hésitations, aux tirail<strong>le</strong>ments qui<br />
compromettraient l'avenir de la République.<br />
Il réclame comme mesures d'urgence : 1˚ l'éloignement de la capita<strong>le</strong> des<br />
troupes soldées ; 2˚ l'ajournement des é<strong>le</strong>ctions de la garde nationa<strong>le</strong> et de<br />
l'Assemblée Constituante. Paris, tête et cœur de la France, ne doit être gardé que<br />
par la population el<strong>le</strong>-même, par la population tout entière.<br />
Or, par l'effet de certains mauvais vouloirs, la majeure partie des ouvriers n'est<br />
pas inscrite encore sur <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s des légions et ne prendrait aucune part au<br />
choix des officiers. Cela n'est pas juste. Il n'est pas juste non plus que la<br />
représentation nationa<strong>le</strong> soit élue sous l'influence à peu près exclusive des<br />
aristocraties liguées et des fonctionnaires de Louis-Philippe.<br />
C'est ce qui arrivera cependant, si l'ajournement des é<strong>le</strong>ctions ne permet pas au<br />
parti populaire de détruire <strong>le</strong>s préjugés et <strong>le</strong>s calomnies répandues contre lui par <strong>le</strong>s<br />
factions rétrogrades qui se sont vio<strong>le</strong>mment arrogé, depuis cinquante ans, <strong>le</strong><br />
monopo<strong>le</strong> de l'enseignement politique des masses.<br />
Le vote de demain ne serait pas libre. Il serait dicté par des prépondérances<br />
hosti<strong>le</strong>s, dont <strong>le</strong> machiavélisme a de longue main façonné au joug la plus grande<br />
partie des populations.<br />
La présence d'une Assemblée réactionnaire, loin de rétablir la sécurité et la<br />
confiance, précipiterait la ruine du crédit et des transactions, en déchaînant la<br />
guerre civi<strong>le</strong>.<br />
1 Mss <strong>Blanqui</strong>, N. A. F. 9580, liasse Ip, Chemise 2, sous-chemise b, feuil<strong>le</strong>t V, n° 110. Quinze<br />
clubs parisiens avaient élu une commission dont <strong>Blanqui</strong> faisait partie pour discuter avec <strong>le</strong><br />
gouvernement du retrait des troupes de Paris et de l'ajournement des é<strong>le</strong>ctions. Le<br />
gouvernement n'ayant pas voulu recevoir la commission, cel<strong>le</strong>-ci lui envoya une adresse <strong>le</strong> 17<br />
mars. El<strong>le</strong> contenait deux projets : un de Cabet et un de <strong>Blanqui</strong>. Cabet demandait l'ajournement<br />
des é<strong>le</strong>ctions pour la garde nationa<strong>le</strong> jusqu'au 5 avril et pour la Constituante jusqu'au 31 mai.<br />
<strong>Blanqui</strong> renvoyait <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions à une date ultérieure. Ce fut <strong>le</strong> projet de Cabet que l'Assemblée<br />
adopta.