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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 79<br />
blanche et recevoir l'ennemi en libérateur parce que <strong>le</strong>s cosaques l'effraient moins<br />
que la canail<strong>le</strong> en veste...<br />
Voilà <strong>le</strong> sort qui nous attend, si <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ne retrouve pas son énergie pour<br />
punir <strong>le</strong>s traîtres. Mais, citoyens, un peup<strong>le</strong> ne fait pas une révolution sans un<br />
grand motif. Il faut un puissant <strong>le</strong>vier pour <strong>le</strong> mettre debout ; il n'a recours à<br />
l'insurrection qu'au dernier moment, quand <strong>le</strong> danger est aux portes. Je <strong>le</strong> dis avec<br />
dou<strong>le</strong>ur, la Belgique sera restaurée sans que <strong>le</strong>s masses se mettent en mouvement.<br />
Mais j'en ai la ferme confiance, si l'étranger franchit nos frontières, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ne<br />
tendra pas <strong>le</strong>s mains aux fers et malheur à nos ennemis !...<br />
La France a encore quatorze armées à lancer sur l'Europe des rois, et de plus,<br />
l'Europe des peup<strong>le</strong>s est de notre côté.<br />
3. – QUI FAIT LA SOUPE DOIT LA MANGER ∗<br />
(1834) 1<br />
Retour à la tab<strong>le</strong> des matières<br />
La richesse naît de l'intelligence et du travail, l'âme et la vie de l'humanité.<br />
Mais ces deux forces ne peuvent agir qu'à l'aide d'un élément passif, <strong>le</strong> sol, qu'el<strong>le</strong>s<br />
mettent en œuvre par <strong>le</strong>urs efforts combinés. Il semb<strong>le</strong> donc que cet instrument<br />
indispensab<strong>le</strong> devrait appartenir à tous <strong>le</strong>s hommes. Il n'en est rien.<br />
Des individus se sont emparés par ruse ou par vio<strong>le</strong>nce de la terre commune, et,<br />
s'en déclarant <strong>le</strong>s possesseurs, ils ont établi par des lois qu'el<strong>le</strong> serait à jamais <strong>le</strong>ur<br />
propriété, et que ce droit de propriété deviendrait la base de la constitution socia<strong>le</strong>,<br />
c'est-à-dire qu'il primerait et au besoin pourrait absorber tous <strong>le</strong>s droits humains,<br />
même celui de vivre, s'il avait <strong>le</strong> malheur de se trouver en conflit avec <strong>le</strong> privilège<br />
du petit nombre.<br />
Ce droit de propriété s'est étendu, par déduction logique, du sol à d'autres<br />
instruments, produits accumulés du travail, désignés par <strong>le</strong> nom générique de<br />
capitaux. Or, comme <strong>le</strong>s capitaux, stéri<strong>le</strong>s d'eux-mêmes, ne fructifient que par la<br />
main-d'œuvre, et que, d'un autre côté, ils sont nécessairement la matière première<br />
ouvrée par <strong>le</strong>s forces socia<strong>le</strong>s, la majorité, exclue de <strong>le</strong>ur possession, se trouve<br />
condamnée aux travaux forcés, au profit de la minorité possédante. Les<br />
instruments ni <strong>le</strong>s fruits du travail n'appartiennent pas aux travail<strong>le</strong>urs, mais aux<br />
∗<br />
Artic<strong>le</strong> destiné au numéro du Libérateur de mars 1834, qui n'a pas paru. L'artic<strong>le</strong> est retouché.<br />
(Note de <strong>Blanqui</strong>.)<br />
1<br />
Voir Critique socia<strong>le</strong>, t. II, 118-128.