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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 78<br />

rois voulaient lui promettre <strong>le</strong>ur protection, une petite place dans la Sainte-<br />

Alliance dont il serait <strong>le</strong> très dévoué serviteur.<br />

Les Cabinets étrangers comprirent que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> n'était pas complice de cette<br />

trahison et qu'il ne tarderait pas à en faire justice. Leur parti fut pris. Exterminer <strong>le</strong>s<br />

insurrections qui avaient éclaté en Europe, et, quand tout serait rentré dans l'ordre,<br />

réunir <strong>le</strong>urs forces contre la France et venir étrang<strong>le</strong>r dans Paris même la<br />

révolution et <strong>le</strong> génie révolutionnaire. Ce plan a été suivi avec une constance et<br />

une habi<strong>le</strong>té admirab<strong>le</strong>s. Il ne fallait pas al<strong>le</strong>r trop vite, parce que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> de<br />

Juil<strong>le</strong>t, tout p<strong>le</strong>in encore de son récent triomphe, aurait pris l'alarme à une menace<br />

trop directe et forcé <strong>le</strong>s mains à son gouvernement. D'ail<strong>le</strong>urs, il était nécessaire<br />

d'accorder un temps au juste milieu pour amortir l'enthousiasme, décourager <strong>le</strong>s<br />

patriotes et jeter la défiance et la discorde dans la nation. Il ne fallait pas non plus<br />

al<strong>le</strong>r trop <strong>le</strong>ntement, car <strong>le</strong>s masses pouvaient se lasser de la servitude et de la<br />

misère qui pesaient sur el<strong>le</strong>s au dedans et briser une seconde fois <strong>le</strong> joug, avant que<br />

l'étranger fût en mesure.<br />

Tous ces écueils ont été évités. Les Autrichiens ont envahi l'Italie ; <strong>le</strong>s<br />

bourgeois qui nous gouvernent ont crié : « Bien ! » et se sont inclinés devant<br />

l'Autriche. Les Russes ont exterminé la Pologne. Notre gouvernement a crié :<br />

« Très bien ! » et s'est prosterné devant la Russie. Pendant ce temps, la conférence<br />

de Londres amusait <strong>le</strong> tapis avec ses protoco<strong>le</strong>s destinés à assurer l'indépendance<br />

de la Belgique. Car une restauration en Belgique aurait fait ouvrir <strong>le</strong>s yeux à la<br />

France et el<strong>le</strong> eût été en mesure de défendre son ouvrage. Maintenant, <strong>le</strong>s rois font<br />

un pas en avant. Ils ne veu<strong>le</strong>nt plus de la Belgique indépendante ; c'est la<br />

restauration hollandaise qu'ils prétendent lui imposer. Les trois cours du Nord,<br />

<strong>le</strong>vant <strong>le</strong> masque, refusent de ratifier <strong>le</strong> fameux traité qui a coûté seize mois de<br />

travail à la conférence.<br />

Eh bien ! <strong>le</strong> juste milieu va-t-il répondre par une déclaration de guerre à cette<br />

inso<strong>le</strong>nte agression ? La guerre Bon Dieu ! Ce mot fait pâlir <strong>le</strong>s bourgeois.<br />

Entendez-<strong>le</strong>s ! La guerre, c'est la banqueroute, la guerre, c'est la République ! On<br />

ne peut soutenir la guerre qu'avec <strong>le</strong> sang du peup<strong>le</strong> ; la bourgeoisie ne s'en mê<strong>le</strong><br />

pas. Il faudrait donc faire appel à ses intérêts, à ses passions, au nom de la liberté<br />

et de l'indépendance de la patrie ! Il faudrait remettre dans ses mains <strong>le</strong> pays que<br />

lui seul pourrait sauver. Plutôt cent fois voir <strong>le</strong>s Russes à Paris, que de déchaîner<br />

<strong>le</strong>s passions de la multitude. Les Russes sont amis de l'ordre au moins ; ils ont<br />

rétabli l'ordre dans Varsovie... Voilà <strong>le</strong> calcul et <strong>le</strong> langage du juste milieu...<br />

……………………………………………………………………………………….<br />

Les royalistes se tiendront prêts et, au printemps prochain, <strong>le</strong>s Russes en<br />

franchissant la frontière trouveront <strong>le</strong>urs logements réparés jusqu'à Paris. Car<br />

soyez persuadés que, dans <strong>le</strong> moment même, la classe bourgeoise ne se résoudra<br />

pas à la guerre. Sa terreur sera augmentée de toute la crainte que lui inspirera la<br />

colère du peup<strong>le</strong> trahi et vendu, et vous verrez <strong>le</strong>s marchands arborer la cocarde

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