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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 77<br />

hommes qui n'ont de patrie que <strong>le</strong>ur comptoir ou <strong>le</strong>ur caisse, qui se feraient de<br />

grand cœur Russes, Prussiens, Anglais pour gagner deux liards sur une pièce de<br />

toi<strong>le</strong> ou un quart pour cent de bénéfice de plus sur un escompte, se rangera<br />

infaillib<strong>le</strong>ment sous <strong>le</strong> drapeau blanc ; <strong>le</strong> seul nom de guerre et de souveraineté du<br />

peup<strong>le</strong> <strong>le</strong>s fait frémir. La minorité de cette classe, formée des professions<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s et du petit nombre de bourgeois qui aiment <strong>le</strong> drapeau tricolore, <strong>le</strong><br />

symbo<strong>le</strong> de l'indépendance et de la liberté de la France, prendra parti pour la<br />

souveraineté du peup<strong>le</strong>.<br />

…………………………………………………………………………………<br />

Au reste, <strong>le</strong> moment de la catastrophe approche rapidement. Vous voyez que la<br />

Chambre des pairs, la magistrature et la plupart des fonctionnaires publics<br />

conspirent ouvertement <strong>le</strong> retour d'Henri V, en se moquant du juste milieu. Les<br />

gazettes légitimistes ne cachent plus ni <strong>le</strong>s espérances, ni <strong>le</strong>s projets de la contrerévolution.<br />

Les royalistes, à Paris et dans <strong>le</strong>s provinces, rassemb<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>urs forces,<br />

organisent la Vendée, <strong>le</strong>ur Bretagne, <strong>le</strong> Midi, et plantent fièrement <strong>le</strong>ur bannière.<br />

Ils disent tout haut que la bourgeoisie est pour eux, et ils ne se trompent pas. Ils<br />

n'attendent qu'un signal de l'étranger pour re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> drapeau blanc. Car, sans<br />

l'étranger, ils seraient é<strong>cras</strong>és par <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, ils <strong>le</strong> savent, et nous comptons bien,<br />

nous, qu'ils seront é<strong>cras</strong>és, même avec l'appui de l'étranger.<br />

Cet appui, soyez-en persuadés, citoyens, ne <strong>le</strong>ur manquera pas. C'est ici <strong>le</strong> lieu<br />

de jeter un coup d'œil sur nos relations avec <strong>le</strong>s puissances de l'Europe. Remarquez<br />

en effet que la situation extérieure s'est développée parallè<strong>le</strong>ment à la marche<br />

politique du gouvernement à l'intérieur. La honte du dehors a grandi dans la même<br />

proportion exactement que <strong>le</strong> despotisme bourgeois et la misère des masses au<br />

dedans.<br />

Au premier bruit de notre révolution, <strong>le</strong>s rois perdirent la tête, et, l'étincel<strong>le</strong><br />

é<strong>le</strong>ctrique de l'insurrection ayant embrasé rapidement la Belgique, la Pologne,<br />

l'Italie, ils se crurent sincèrement à <strong>le</strong>ur dernier jour. Comment imaginer aussi que<br />

la révolution ne serait pas une révolution, que l'expulsion des Bourbons ne serait<br />

pas l'expulsion des Bourbons, que <strong>le</strong> renversement de la Restauration serait une<br />

nouvel<strong>le</strong> édition de la Restauration ? Cela ne pouvait entrer dans la tête la plus<br />

fol<strong>le</strong>. Les Cabinets virent dans <strong>le</strong>s trois journées <strong>le</strong> réveil du peup<strong>le</strong> français, et <strong>le</strong><br />

commencement de sa vengeance contre <strong>le</strong>s oppresseurs des nations. Les nations<br />

jugèrent comme <strong>le</strong>s Cabinets. Mais, pour nos amis comme pour nos ennemis, il fut<br />

bientôt évident que la France était tombée entre <strong>le</strong>s mains de lâches marchands qui<br />

ne demandaient qu'à trafiquer de son indépendance et à vendre sa gloire et sa<br />

liberté au meil<strong>le</strong>ur prix possib<strong>le</strong>. Tandis que <strong>le</strong>s rois attendaient notre déclaration<br />

de guerre, ils reçurent des <strong>le</strong>ttres suppliantes dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> gouvernement<br />

français implorait <strong>le</strong> pardon de sa faute. Le nouveau maître s'excusait d'avoir<br />

participé malgré lui à la révolte, protestait de son innocence et de sa haine contre la<br />

révolution, qu'il promettait de dompter, de châtier, d'é<strong>cras</strong>er, si ses bons amis <strong>le</strong>s

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