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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 64<br />

de l'ordre avec la liberté, du mouvement avec la stabilité. Eh bien ! il se trouve que<br />

c'est précisément <strong>le</strong> système représentatif, tel que <strong>le</strong>s apologistes l'appliquent, qui<br />

concentre <strong>le</strong>s trois pouvoirs entre <strong>le</strong>s mains d'un petit nombre de privilégiés unis<br />

par <strong>le</strong>s mêmes intérêts. N'est-ce point là une confusion qui constitue la plus<br />

monstrueuse des tyrannies, de l'aveu même des apologistes ?<br />

Aussi qu'arrive-t-il ? Le prolétaire est resté en dehors. Les Chambres, élues par<br />

<strong>le</strong>s accapareurs de pouvoir, poursuivent imperturbab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur fabrication de lois<br />

fisca<strong>le</strong>s, péna<strong>le</strong>s, administratives, dirigées dans <strong>le</strong> même but de spoliation.<br />

Maintenant que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ail<strong>le</strong>, en criant la faim, demander aux privilégiés<br />

d'abdiquer <strong>le</strong>urs privilèges, aux monopo<strong>le</strong>urs de renoncer à <strong>le</strong>ur monopo<strong>le</strong>, à tous<br />

d'abjurer <strong>le</strong>ur oisiveté, ils lui riront au nez. Qu'eussent fait <strong>le</strong>s nob<strong>le</strong>s en 1789, si on<br />

<strong>le</strong>s eût humb<strong>le</strong>ment suppliés de déposer <strong>le</strong>urs droits féodaux ? Ils auraient châtié<br />

l'inso<strong>le</strong>nce... On s'y est pris autrement.<br />

Les plus habi<strong>le</strong>s de cette aristocratie sans entrail<strong>le</strong>s, sentant tout ce qu'il y a de<br />

menaçant pour eux dans <strong>le</strong> désespoir d'une multitude privée de pain, proposent<br />

d'alléger un peu sa misère, non par humanité, à Dieu ne plaise ! mais pour se<br />

sauver du péril. Quant aux droits politiques, il n'en faut pas par<strong>le</strong>r, il ne s'agit que<br />

de jeter aux prolétaires un os à ronger.<br />

D'autres hommes, avec de meil<strong>le</strong>ures intentions, prétendent que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> est<br />

las de liberté et ne demande qu'à vivre. Je ne sais quel<strong>le</strong> velléité de despotisme <strong>le</strong>s<br />

pousse à exalter l'exemp<strong>le</strong> de Napoléon, qui sut rallier <strong>le</strong>s masses en <strong>le</strong>ur donnant<br />

du pain en échange de la liberté. Il est vrai que ce despote nive<strong>le</strong>ur se soutint<br />

quelque temps, et ce fut surtout en flattant la passion de l'égalité, car il faisait<br />

fusil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s fournisseurs vo<strong>le</strong>urs, qui en seraient quittes aujourd'hui pour être<br />

députés. Il n'en périt pas moins pour avoir tué la liberté. Cette <strong>le</strong>çon devrait<br />

profiter à ceux qui veu<strong>le</strong>nt se porter ses héritiers.<br />

Il n'est pas permis d'arguer des cris de détresse d'une population affamée, pour<br />

redire <strong>le</strong> mot inso<strong>le</strong>nt de Rome impéria<strong>le</strong> : Panem et circenses ! Qu'on sache bien<br />

que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ne mendie plus ! Il n'est pas question de laisser tomber d'une tab<strong>le</strong><br />

sp<strong>le</strong>ndide quelques miettes pour l'amuser ; <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> n'a pas besoin d'aumônes ;<br />

c'est de lui-même qu'il entend tenir son bien-être. Il veut faire et il fera <strong>le</strong>s lois qui<br />

doivent <strong>le</strong> régir : alors ces lois ne seront plus faites contre lui ; el<strong>le</strong>s seront faites<br />

pour lui parce qu'el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> seront par lui. Nous ne reconnaissons à personne <strong>le</strong> droit<br />

d'octroyer je ne sais quel<strong>le</strong>s largesses qu'un caprice contraire pourrait révoquer.<br />

Nous demandons que <strong>le</strong>s trente-trois millions de Français <strong>choisis</strong>sent la forme de<br />

<strong>le</strong>ur gouvernement, et nomment, par <strong>le</strong> suffrage universel, <strong>le</strong>s représentants qui<br />

auront mission de faire <strong>le</strong>s lois. Cette réforme accomplie, <strong>le</strong>s impôts qui<br />

dépouil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> pauvre au profit du riche seront promptement supprimés et<br />

remplacés par d'autres établis sur des bases contraires. Au lieu de prendre aux<br />

prolétaires laborieux pour donner aux riches, l'impôt devra s'emparer du superflu<br />

des oisifs pour <strong>le</strong> répartir entre cette masse d'hommes indigents que <strong>le</strong> manque

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