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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 55<br />
reposer, et la nourriture était très mauvaise. Livré à lui-même, il s'adonnait à la<br />
méditation. Pendant la promenade, il étudiait <strong>le</strong> ciel et la mer, suivait <strong>le</strong><br />
mouvement des planètes. Les conclusions de ses observations se retrouvent dans<br />
L'Éternité par <strong>le</strong>s astres et dans l'exposé sur <strong>le</strong>s causes de la lumière zodiaca<strong>le</strong> qui,<br />
plus tard, <strong>le</strong> 8 janvier 1872, fut lu à l'Académie des Sciences et publié <strong>le</strong> 27 janvier<br />
dans La République française. La même année, L'Éternité par <strong>le</strong>s astres fut éditée<br />
en volume à Paris.<br />
Le 12 novembre 1871, <strong>Blanqui</strong> fut subitement transféré à la prison de<br />
Versail<strong>le</strong>s. Pendant deux jours (<strong>le</strong> 15 et <strong>le</strong> 16 février 1872), après presque un an de<br />
détention préventive, <strong>le</strong> IV e Conseil de guerre de Versail<strong>le</strong>s eut à se prononcer sur<br />
sa participation aux événements du 31 octobre et à d'autres manifestations ainsi<br />
que sur sa responsabilité « mora<strong>le</strong> » dans l'existence de la Commune. <strong>Blanqui</strong>,<br />
alors âgé de soixante-sept ans, était un vieillard pâ<strong>le</strong> et grê<strong>le</strong> d'aspect. Mais aucune<br />
prison n'avait pu <strong>le</strong> briser mora<strong>le</strong>ment. Il réfuta tous <strong>le</strong>s arguments de l'accusation<br />
et termina par cette fière déclaration.<br />
Je ne suis pas ici pour <strong>le</strong> 31 octobre. C'est <strong>le</strong> moindre de mes forfaits. Je<br />
représente ici la République traînée à la barre de votre tribunal par la monarchie.<br />
M. <strong>le</strong> commissaire du gouvernement a condamné tour à tour la révolution de<br />
1789, cel<strong>le</strong> de 1830, cel<strong>le</strong> de 1848, cel<strong>le</strong> du 4 septembre. C'est au nom des idées<br />
monarchiques, c'est au nom du droit ancien en opposition au droit nouveau,<br />
comme il dit, que je suis jugé et que, sous la République, je vais être condamné.<br />
<strong>Blanqui</strong> fut reconnu coupab<strong>le</strong> et condamné à la déportation et à la privation des<br />
droits civiques. La cour de cassation annula <strong>le</strong> jugement. Mais <strong>le</strong> 29 avril, <strong>le</strong> VI e<br />
Conseil de guerre <strong>le</strong> condamna à nouveau. On se proposait de l'exi<strong>le</strong>r en Nouvel<strong>le</strong>-<br />
Calédonie, lieu de déportation des membres de la Commune, mais la commission<br />
médica<strong>le</strong> reconnut qu'il n'était pas en état de supporter un aussi long voyage. Le<br />
condamné à vie fut conduit à la prison centra<strong>le</strong> de Clairvaux (Aube).<br />
Clairvaux, vieil<strong>le</strong> abbaye, avait été convertie en prison en 1789. À son arrivée,<br />
<strong>Blanqui</strong> y trouva 140 détenus politiques, condamnés comme anciens Communards.<br />
Il fut mis dans une cellu<strong>le</strong> isolée, longue de 2m et large de 1m50, avec une fente<br />
étroite qui tenait lieu de fenêtre ; il était séparé des autres détenus et on ne lui<br />
donnait que rarement la permission de recevoir des visites familia<strong>le</strong>s. Dans la<br />
prison humide de Clairvaux, la santé de <strong>Blanqui</strong> fut définitivement compromise ;<br />
pendant de longs mois, il ne quitta pas <strong>le</strong> lit. Plus tard, on lui donna une cellu<strong>le</strong><br />
plus large, mais toujours isolée, où il se sentait « enterré vivant », comme il<br />
l'écrivait à sa sœur.<br />
En janvier 1878, <strong>le</strong> journal socialiste L'Égalité fit campagne pour sa libération.<br />
On présenta sa candidature aux é<strong>le</strong>ctions. En avril 1879, il fut élu député de<br />
Bordeaux au second tour de scrutin par 6 801 voix contre 5 330 au républicain<br />
bourgeois Lavertujon, ami de Gambetta. Mais la Chambre invalida l'é<strong>le</strong>ction de