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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 50<br />
En automne 1854, Barbès fut libéré et <strong>le</strong>s rapports entre <strong>le</strong>s partis rivaux à<br />
l'intérieur de la prison s'améliorèrent. En 1857, <strong>Blanqui</strong>, avec 31 camarades, fut<br />
transféré en Corse, à Corte, où la population rassemblée <strong>le</strong>s accueillit<br />
cha<strong>le</strong>ureusement.<br />
<strong>Blanqui</strong> resta dans sa prison corse, humide et mal aérée, jusqu'au 2 avril 1859.<br />
Ensuite, en raison de la loi dite de sécurité publique de 1858, il fut transféré en<br />
Afrique, à Mascara. Le 16 août 1859, après l'amnistie généra<strong>le</strong>, <strong>Blanqui</strong> reçut <strong>le</strong><br />
droit de rentrer à Paris. Mais à Toulon, sur <strong>le</strong> chemin du retour, il fut de nouveau<br />
arrêté ; on menaçait de l'exi<strong>le</strong>r à Cayenne. Enfin Mme Antoine, la sœur de<br />
<strong>Blanqui</strong>, réussit à obtenir pour lui la permission de gagner Paris. Il y rencontra son<br />
fils, qui avait alors vingt-quatre ans. Au cours de ses séjours en prison, <strong>Blanqui</strong><br />
n'avait pu voir son fils que cinq ou six fois. C'était un homme borné et superficiel,<br />
n'ayant rien de commun avec son père. Il <strong>le</strong> connaissait si peu et si mal qu'il lui<br />
proposa de renoncer à la vie politique et de partager sa vie bourgeoise. À Paris,<br />
<strong>Blanqui</strong> eut une autre déconvenue ; il apprit que ses manuscrits, fruits d'un long<br />
travail, avaient été brûlés en exécution des dernières volontés de sa mère, morte en<br />
1858. Cette nouvel<strong>le</strong> plongea <strong>Blanqui</strong> dans <strong>le</strong> désespoir.<br />
Peu après son retour à Paris, <strong>Blanqui</strong> se rendit à Londres. De nombreux<br />
émigrés politiques y vivaient, parmi <strong>le</strong>squels ses amis : Lacambre et Barthé<strong>le</strong>my.<br />
À son retour à Paris, <strong>Blanqui</strong> s'adonna de nouveau à l'activité révolutionnaire. Il se<br />
cachait habi<strong>le</strong>ment de la police, mais cel<strong>le</strong>-ci était constamment à ses trousses et<br />
réussit à la longue à l'arrêter. Au mois de juin 1861, il fut accusé d'avoir pris part à<br />
l'organisation d'une société secrète et condamné à quatre ans de prison. Cette<br />
condamnation suscita l'indignation des milieux révolutionnaires. Marx et Engels,<br />
qui avaient beaucoup d'estime pour <strong>Blanqui</strong> en qui ils voyaient <strong>le</strong> représentant du<br />
« parti révolutionnaire de la France », aidèrent son ami Denonvil<strong>le</strong> à publier un<br />
pamph<strong>le</strong>t contre l'ignob<strong>le</strong> procès de <strong>Blanqui</strong>.<br />
De nouveau, <strong>Blanqui</strong> fut conduit à la prison de Sainte-Pélagie qu'il avait déjà<br />
connue en 1832 après son discours au procès des Quinze et en 1835 après <strong>le</strong> procès<br />
de la Société des Famil<strong>le</strong>s. La prison de Sainte-Pélagie avait enfermé entre ses<br />
murs de nombreuses personnalités politiques françaises. En 1793 : M-O Rolland et<br />
certains Girondins ; et par la suite Béranger, Paul-Louis Courier, Marrast,<br />
Godefroy Cavaignac, Daumier, Lamennais, Félix Pyat, <strong>le</strong>s révolutionnaires de<br />
1848.<br />
Si<strong>le</strong>ncieux et peu sociab<strong>le</strong>, méfiant à l'égard des inconnus, <strong>Blanqui</strong> était<br />
cependant un pô<strong>le</strong> d'attraction pour <strong>le</strong>s détenus dont certains devinrent ses amis ou<br />
ses discip<strong>le</strong>s fidè<strong>le</strong>s. Ses connaissances, sa forte personnalité, son sort d'<br />
« enfermé »perpétuel, son dévouement exceptionnel à la cause de la révolution,<br />
son attitude évidemment critique à l'égard du parti républicain par<strong>le</strong>mentaire lui<br />
conféraient une autorité grandissante.