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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 49<br />

À Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>, <strong>Blanqui</strong> lisait beaucoup, approfondissait ses connaissances en<br />

philosophie, en économie politique, en sciences naturel<strong>le</strong>s et particulièrement en<br />

géographie, pour laquel<strong>le</strong> il avait une prédi<strong>le</strong>ction. Sa mère et ses sœurs lui<br />

faisaient parvenir des livres et des atlas. <strong>Blanqui</strong> écrivait des artic<strong>le</strong>s et des<br />

comptes rendus de livres nouveaux, correspondait avec ses amis. Il était au courant<br />

de ce qui se passait au-delà des murs de la prison. Au mois de novembre 1851,<br />

dans une <strong>le</strong>ttre à Rouget, un ancien prisonnier de Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>, il prédisait un prochain<br />

coup d'État en France et celui-ci se produisit, en effet, <strong>le</strong> 2 décembre 1851. Dès<br />

1853 la guerre de Crimée était, selon lui, inévitab<strong>le</strong>.<br />

<strong>Blanqui</strong>, qui passa la moitié de sa vie en prison, avait une capacité de résistance<br />

extraordinaire. On s'étonne que cet homme, chétif et de santé chancelante, ait pu<br />

supporter tant d'épreuves. Grâce à une force d'âme extraordinaire, il savait se<br />

détacher des détails de la vie quotidienne et se retrancher dans son propre monde<br />

intérieur. Il avait mis au point un mode de vie et une hygiène qu'il observait<br />

scrupu<strong>le</strong>usement. Il faisait de la culture physique, suivait un régime spécial qui<br />

excluait <strong>le</strong> vin, comportait peu de viande et beaucoup de laitages, de légumes et de<br />

fruits. À Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>, il passait beaucoup de temps à cultiver un jardin potager qui se<br />

trouvait sous sa fenêtre et où il faisait pousser des fraises et des légumes.<br />

À la fin de 1852, <strong>Blanqui</strong> pensa à s'évader. C'est alors que la mère et <strong>le</strong> fils de<br />

<strong>Blanqui</strong>, qui avait quinze ans, arrivèrent à Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>. La mère se procura tout ce qui<br />

était nécessaire à l'évasion. Mais <strong>le</strong> ministère en eut connaissance par l'interception<br />

d'une <strong>le</strong>ttre qui se trouvait dans un panier de pêcheur à fond doub<strong>le</strong>. <strong>Blanqui</strong> fut<br />

mis au cachot et sa garde fut renforcée.<br />

Et cependant en 1853 <strong>Blanqui</strong> et Cazavant, son voisin de cellu<strong>le</strong>,<br />

recommencèrent à préparer <strong>le</strong>ur évasion. Ils avaient l'intention de fuir en<br />

Ang<strong>le</strong>terre. Ils imaginèrent un plan audacieux dont l'exécution demandait<br />

beaucoup de temps. <strong>Blanqui</strong> et Cazavant laisseraient dans <strong>le</strong>ur cellu<strong>le</strong> des poupées,<br />

habillées de <strong>le</strong>urs vêtements de prison et assises comme ils avaient coutume de <strong>le</strong><br />

faire. Mais pour que la fuite ne soit pas découverte immédiatement, pendant un<br />

certain temps, <strong>Blanqui</strong> et Cazavant ne répondirent plus aux questions que <strong>le</strong>ur<br />

posaient <strong>le</strong>s gardiens ni à l'appel de <strong>le</strong>ur nom. Et <strong>le</strong>s surveillants cessèrent bientôt<br />

d'y prêter attention. Le 5 avril, <strong>Blanqui</strong> et Cazavant s'évadèrent sous une pluie<br />

torrentiel<strong>le</strong>. Parvenus à un puits, ils descendirent avec des cordes jusqu'au niveau<br />

de l'eau, ne bougèrent pas jusqu'à la fin de la ronde, après quoi ils sortirent et<br />

franchirent la clôture ; ils errèrent toute la nuit à travers l'î<strong>le</strong> et enfin, épuisés,<br />

atteignirent la case d'un pêcheur, point désigné à l'avance où ils se dissimulèrent au<br />

grenier jusqu'au matin. Mais <strong>le</strong> pêcheur, qui avait reçu de <strong>Blanqui</strong> et de Cazavant<br />

une forte somme pour <strong>le</strong>s transporter sur <strong>le</strong> continent, <strong>le</strong>s trahit : il dénonça <strong>le</strong>ur<br />

fuite aux autorités de la prison. <strong>Blanqui</strong> fut jeté au cachot du château Fouquet à<br />

Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>, d'où il fut bientôt transféré de nouveau au département des prisonniers<br />

politiques, mais sous une surveillance plus sévère.

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