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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 48<br />
Debout sur la brèche pour défendre la cause du peup<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s coups que j'ai<br />
reçus ne m'ont jamais atteint en face... Le temps a trop prouvé que <strong>le</strong>s traits<br />
lancés contre moi, de n'importe quel<strong>le</strong> main, sont tous allés au travers de mon<br />
corps frapper la Révolution. C'est ma justification et mon honneur.<br />
À la dernière séance de la Cour eut lieu une scène pénib<strong>le</strong> : la confrontation de<br />
<strong>Blanqui</strong> et de Barbès qui parla de nouveau du document Taschereau. Dans sa<br />
réponse, <strong>Blanqui</strong> dit :<br />
L'antiquité avait attribué à Hercu<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s faits des temps héroïques : la<br />
réaction personnifie en moi tous <strong>le</strong>s crimes et toutes <strong>le</strong>s atrocités 1 .<br />
On accusa <strong>Blanqui</strong> d'avoir voulu dissoudre de force l'Assemblée constituante.<br />
<strong>Blanqui</strong> répondit malicieusement qu'avec son expérience de conspirateur et<br />
d'organisateur d'insurrections il aurait agi tout autrement que <strong>le</strong>s manifestants du<br />
15 mai. Et il développa avec feu <strong>le</strong> plan possib<strong>le</strong> d'une dissolution de l'Assemblée.<br />
Le 2 avril 1849, <strong>Blanqui</strong> fut condamné à dix ans de prison. Il fut conduit à la<br />
prison de Doul<strong>le</strong>ns (Somme).<br />
<strong>Blanqui</strong> resta dix-neuf mois à Doul<strong>le</strong>ns. À son habitude, il y lut et écrivit<br />
beaucoup. Le 20 octobre 1850, il fut emmené avec d'autres prisonniers politiques à<br />
Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>-en-Mer.<br />
Il y avait alors près de 250 prisonniers politiques à Bel<strong>le</strong>-Î<strong>le</strong>. Le régime<br />
pénitentiaire n'était pas très rigoureux. Les prisonniers pouvaient se rencontrer à<br />
certaines heures de la journée, converser, prendre <strong>le</strong>ur repas ensemb<strong>le</strong>, etc. Les<br />
discussions politiques et philosophiques devenaient faci<strong>le</strong>ment passionnées.<br />
Presque aussitôt deux partis se formèrent, opposant <strong>le</strong>s partisans de <strong>Blanqui</strong> à ceux<br />
de Barbès. Au début, <strong>le</strong>s blanquistes étaient rares. Barbès, par contre, était entouré<br />
de gens qui étaient hosti<strong>le</strong>s à <strong>Blanqui</strong> et <strong>le</strong> persécutaient. Il y eut même un moment<br />
où <strong>Blanqui</strong> craignit pour sa vie. Il proposa à Barbès un arbitrage, mais en vain. Peu<br />
à peu, <strong>Blanqui</strong> s'attacha une grande partie des prisonniers, surtout <strong>le</strong>s ouvriers.<br />
Plusieurs d'entre eux venaient écouter ses cours d'économie politique.<br />
En février 1851, à l'occasion du troisième anniversaire de la révolution de<br />
Février, <strong>Blanqui</strong> écrivit <strong>le</strong> célèbre toast, adressé aux émigrés de Londres sous <strong>le</strong><br />
titre d' « Avis au peup<strong>le</strong> ». <strong>Blanqui</strong> dénonçait la trahison de Louis Blanc, de Ledru-<br />
Rollin et des autres « socialistes » de 48. Marx, qui à cette époque vivait à<br />
Londres, envoya la traduction de ce texte aux communistes al<strong>le</strong>mands. Pour lui, l'<br />
« Avis au peup<strong>le</strong> », faisait <strong>le</strong> bilan de la lutte de classes qui venait de se livrer.<br />
1 Procès des accusés du 15 mai 1848, Haute Cour Nationa<strong>le</strong> de justice séant à Bourges,<br />
Imprimerie des ouvriers associés, Bordeaux 1849.