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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 33<br />
Le mouvement coopératif, c'est, dit-il, un « piège pour <strong>le</strong>s prolétaires », un<br />
moyen de <strong>le</strong>s attirer insensib<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> camp de l'ennemi 1 .<br />
Les organisations coopératives, accessib<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>ment à la couche supérieure<br />
du prolétariat, introduisent une stratification dans la classe ouvrière. El<strong>le</strong>s<br />
détournent des masses <strong>le</strong>s hommes qui seraient <strong>le</strong>s plus aptes à devenir <strong>le</strong>urs<br />
chefs ; el<strong>le</strong>s font de ceux-ci une caste semi-bourgeoise conservatrice. Au<br />
mouvement coopératif, <strong>Blanqui</strong> oppose <strong>le</strong> mouvement gréviste, instrument naturel<br />
et par surcroît instrument de masse dans la lutte du Travail contre <strong>le</strong> Capital 2 .<br />
La grève, malgré <strong>le</strong>s inconvénients, est <strong>le</strong> moyen naturel à la portée de tous,<br />
auquel tous participent... La seu<strong>le</strong> arme vraiment populaire dans la lutte contre <strong>le</strong><br />
Capital.<br />
Mais el<strong>le</strong> n'est qu'un moyen temporaire de défense contre l'oppression.<br />
Appuyés provisoirement sur la grève comme moyen défensif contre<br />
l'oppression du Capital, <strong>le</strong>s masses populaires doivent concentrer tous <strong>le</strong>urs<br />
efforts vers <strong>le</strong>s changements politiques, reconnus seuls capab<strong>le</strong>s d'opérer une<br />
transformation socia<strong>le</strong> 3 ...<br />
L'État, dit <strong>Blanqui</strong>, est <strong>le</strong> gendarme des riches contre <strong>le</strong>s pauvres. Il faut donc<br />
fabriquer un autre État qui soit la gendarmerie des pauvres contre <strong>le</strong>s riches. Ne<br />
vous y trompez pas : <strong>le</strong> socialisme, c'est la Révolution 4 ...<br />
La révolution que prévoit <strong>Blanqui</strong>, et vers laquel<strong>le</strong> il s'oriente, aura pour tâche<br />
immédiate <strong>le</strong> renversement du pouvoir du Capital et, pour but final, l'instauration<br />
du régime communiste, l'élimination complète de toute exploitation. Mais <strong>le</strong>s<br />
conceptions de <strong>Blanqui</strong> sur <strong>le</strong>s forces motrices de la révolution et sur <strong>le</strong>s voies<br />
d'édification du communisme demeurent entièrement utopiques. Son imprécise<br />
compréhension de la structure de classe de la société ne peut pas ne pas se refléter<br />
négativement sur cette partie de ses opinions. En considérant <strong>le</strong> prolétariat comme<br />
dissous dans la masse généra<strong>le</strong> du peup<strong>le</strong>, dans l'ensemb<strong>le</strong> des « pauvres », il n'a<br />
pu déterminer correctement la place historique de la lutte de classe du prolétariat<br />
dans <strong>le</strong> processus qui prépare la révolution socia<strong>le</strong>, et dans <strong>le</strong> mouvement même de<br />
la révolution.<br />
1<br />
Ibidem, t. II, p. 129-130.<br />
2<br />
L'artic<strong>le</strong> déjà cité page 26 et publié dans la revue Questions d'histoire apporte sur ce point la<br />
précision suivante : « Volguine souligne avec juste raison que <strong>Blanqui</strong> ne niait pas l'importance<br />
de la lutte gréviste comme arme des ouvriers contre <strong>le</strong> capital. Mais il n'attire pas l'attention sur<br />
<strong>le</strong> fait que <strong>Blanqui</strong> et <strong>le</strong>s blanquistes ont toujours considéré <strong>le</strong>s grèves comme une affaire<br />
secondaire et n'ont pas du tout lutté pour <strong>le</strong>s besoins quotidiens de la classe ouvrière. » (N. T.)<br />
3<br />
Critique socia<strong>le</strong>, t. II, p. 166-167.<br />
4<br />
Lettre à Maillard, 1852.