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Auguste Blanqui, Textes choisis - le cras

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<strong>Auguste</strong> <strong>Blanqui</strong>, <strong>Textes</strong> <strong>choisis</strong> (1971) 24<br />

philosophiques généraux, touchaient à l'idéalisme. Les aspirations religieuses<br />

étaient <strong>le</strong> propre de l'une et de l'autre éco<strong>le</strong>, bien que ces aspirations différassent du<br />

christianisme officiel. Certains communistes utopistes, à cette même époque, ne<br />

s'étaient pas libérés, non plus, de ces tendances religieuses. Buonarroti, <strong>le</strong><br />

propagandiste du communisme révolutionnaire, à tradition babouviste, continuait<br />

Rousseau et Robespierre, défendait l'idée d'une religion civique et considérait que<br />

la croyance en l'Être suprême et en l'immortalité de l'âme étaient indispensab<strong>le</strong>s<br />

pour <strong>le</strong> progrès et l'affermissement de la société humaine.<br />

L'idéalisme est étranger à la conception du monde de <strong>Blanqui</strong> ; il reste un<br />

adepte logique des matérialistes français du XVIII e sièc<strong>le</strong>, avec tous <strong>le</strong>urs côtés<br />

faib<strong>le</strong>s et forts. Pour lui <strong>le</strong> spiritualisme n'est pas seu<strong>le</strong>ment « une erreur<br />

philosophique ; il est un crime politique et social ». En effet, <strong>le</strong> spiritualisme est<br />

« <strong>le</strong> père de toutes <strong>le</strong>s religions » et <strong>le</strong>s religions sont « la source de l'ignorance, de<br />

l'exploitation, de la misère... ». « Le spiritualisme est la pierre angulaire « de<br />

l'oppression, l'instrument par excel<strong>le</strong>nce de la tyrannie ». Or la religion est l'alliée<br />

naturel<strong>le</strong> du conservatisme, car son essence est « l'immobilisme », l'immutabilité.<br />

La religion interdit à ses adeptes l'aspiration vers <strong>le</strong> progrès. « Dieu » est un mot<br />

qui sert à masquer notre impuissance et notre ignorance. Ce mot « prétend tout<br />

expliquer, mais il n'explique rien et interdit toute explication ». La religion<br />

condamne l'esprit et la volonté à la stagnation. Sitôt que l'esprit humain cesse de<br />

comprendre, il dit : dieu. » Ce mot a toujours « tenu l'esprit humain à la chaîne et<br />

s'efforce encore de l'y retenir toujours ». Seu<strong>le</strong>, la science, en renversant <strong>le</strong>s<br />

obstac<strong>le</strong>s qu'élève la foi, peut conduire l'humanité par <strong>le</strong>s voies de la connaissance<br />

et de l'action qui assureront sa grandeur et sa liberté. La foi dit à l'homme : « À<br />

genoux ! impie, on ne passe pas. La science lui dit froidement : Lève-toi et passons<br />

et l'homme passe 1 ». La connaissance signifie mouvement et vie.<br />

Les peup<strong>le</strong>s n'ont pas de plus cruel ennemi que la religion. Le christianisme<br />

et l'opium sont deux poisons identiques par <strong>le</strong>urs effets,<br />

écrit <strong>Blanqui</strong>. En détournant la pensée et l'action humaines de problèmes sociaux,<br />

terrestres, en <strong>le</strong>s dirigeant vers <strong>le</strong> ciel, la religion rend l'homme indifférent à tout,<br />

sauf à la vie future ; el<strong>le</strong> affaiblit sa lutte pour la justice. La lutte contre la religion<br />

occupe chez <strong>Blanqui</strong> une place aussi considérab<strong>le</strong> que chez <strong>le</strong>s philosophes des<br />

« lumières » au XVIII e sièc<strong>le</strong>. Il considère que la première tâche de la révolution<br />

doit être de réduire à néant <strong>le</strong> monothéisme.<br />

Si <strong>Blanqui</strong> dénonce <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> social des religions historiques, il n'en est pas moins<br />

sévère à l'égard des faux messies du XIX e sièc<strong>le</strong>.<br />

Leurs tentatives, dit-il, sont rétrogrades par nature, bien qu'el<strong>le</strong>s se<br />

dissimu<strong>le</strong>nt sous une fausse apparence de progrès.<br />

1 Manuscrits de <strong>Blanqui</strong>, B. N. Nouv. acq. 9583-9587. Cf. GARAUDY : op. cit., p. 263-264.

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